Vous l’aurez compris en lisant le titre, nous retrouvons le récent Hearts of iron IV pour un court récit de partie consacré à la Pologne. Quelques améliorations mineures sont sorties depuis mon test, le pays profite d’un arbre de priorités qui lui est propre et je maîtrise mieux les rouages du jeu qu’au début. Fort de ces informations, voyons donc ce que cette partie va donner. Mon but est simplement de montrer à ceux qui ne connaissent pas le jeu ce qu’il peut offrir comme expérience… Et, au-delà, survivre à l’attaque allemande qui ne manquera pas de survenir à l’été 1939 !
La situation stratégique, alors que débute l’année 1936, est la suivante pour la Pologne : un vaste état d’Europe orientale qui est environné de deux ennemis potentiels et puissants : l’URSS et l’Allemagne. Pour des raisons différentes, ils lorgnent sur leur voisin. En effet la seconde s’est vue être dépossédée d’une partie de ses terres en 1919 : dorénavant la Prusse-Orientale est séparée du reste par le corridor de Dantzig. De plus, le régime en place depuis 1933 déteste les Polonais. Les Soviétiques, eux, ont perdu une partie de la Biélorussie au tout début des années 1920, après une guerre perdue, et espèrent la retrouver. Bref, un nouveau partage de la Pologne après ceux des XVIIIe et XIXe siècles semble se dessiner à l’horizon.
Pour maintenir l’intégrité de mon territoire national face à ces encombrants voisins, je dispose de 40 divisions et brigades assez faibles et d’une petite aviation, sans compter un embryon de marine. C’est peu. Toutefois nous parlons de jeu vidéo et l’arbre des priorités permet des alternatives intéressantes à l’alliance franco-britannique historique. Je me dis que les Alliés sont bien loin pour m’aider et je fais le choix de chercher à me rapprocher progressivement de l’URSS durant la partie à venir. Nous verrons bien si Staline saura me protéger de son homologue allemand !
Pour ce faire je dois sélectionner une à une les priorités dans le tableau. On notera qu’il est également possible regarder du côté de l’Allemagne, une perspective qui peut mériter une autre partie. Ce n’est en effet pas là mon idée et j’engage un conseiller communiste pour me faire bien voir du voisin soviétique. A terme cela permettra un coup d’état et de changer d’idéologie.
Le nouveau système de commerce est assez déroutant… Au lieu d’échanger directement des marchandises contre d’autres comme avant, on délègue désormais une partie de ses usines civiles à la tâche.
Cela permet de ne pas manquer de ressources, certes, mais est assez étrange comme procédé et grève les possibilités de construction dans un pays qui en manque déjà comme celui que j’ai choisi.
On notera là la provenance de mes matières premières : en temps de guerre l’ennemi peut détruire les convois qui les transportent ! Cette image est donc surtout illustrative : l’URSS voisin peut tout me fournir par voie de terre.
Or, pour ne pas agir contre elle car je souhaite m’allier avec, je refuse la proposition allemande de rejoindre le pacte anti-Komintern, c’est-à-dire opposé à l’Internationale Communiste. Il est à noter, qu’historiquement, Allemagne et Pologne signèrent un traité de non-agression en 1934, qui fut par la suite dénoncé.
De plus, le pays profita du démembrement de la Tchécoslovaquie par son voisin germanique en annexant le district de Teschen, cédé en 1918. L’épisode est représenté dans le jeu d’ailleurs. Tout cela pour dire que le pays-martyr eut lui aussi une politique expansionniste aux dépens de ses voisins lorsqu’ils se trouvaient affaiblis : j’ai aussi cité auparavant l’est, récupéré sur les soviétiques.
Fin 1936, mon grand dessein d’adhérer au communisme semble porter ses fruits. Grâce au conseiller, aux priorités nationales, j’ai peu à peu orienté le pays dans cette direction. C’est assez bien fait et on s’y retrouve facilement. Néanmoins il faut encore quelques mois pour que l’audience communiste soit assez forte dans le pays pour qu’il bascule. Le joueur en est quitte pour des malus et quelques choix à faire par le biais de boîtes de dialogue.
On est bien conscient du fait que cela n’a rien d’historique : la Pologne de l’époque est très à droite, sort de l’autoritarisme du maréchal Pilsudski, mort en 1935, et d’une guerre contre l’URSS. Cette dernière va historiquement s’entendre avec l’Allemagne avec le fameux pacte germano-soviétique pour dépecer à nouveau son voisin… Toutefois cela permet des possibilités de jeu intéressantes et je laisse à chacun le soin d’être juge de la pertinence ou non du procédé. Ceci reste un choix et pas une obligation. On peut très bien suivre le cheminement historique.
Finalement, le trois juillet 1937 la nouvelle Pologne communiste s’allie avec l’URSS, mais, d’emblée, un problème se pose. Le « grand frère » ne me propose aucune troupe et les laisse dispersées dans son pays. Ainsi, quand l’Allemagne va m’attaquer, j’aurai bien de la peine à tenir en attendant les renforts. Une faiblesse du jeu aurait-elle été pointée du doigt ? En tout cas rien ne bouge dans les années de jeu suivant.
Pour l’heure, j’élargis tout de même ma base industrielle à l’aide de priorités nationales et de construction, et je nomme des conseillers et équipes techniques pour faciliter la production et la recherche.
En trois ans je passe ainsi de 28 à 48 usines, ce qui reste peu. De plus, j’ai désormais 67 divisions et je commence à les replacer le long des frontières.
Or, la Bohème-Moravie est passée sous contrôle allemand et ce qui reste de la Slovaquie est devenue un état fantoche à la solde de Berlin. C’est-à-dire un nouveau front à surveiller à l’ouest.
Étant allié des soviétiques, c’est sur l’autre front que je vais placer, logiquement, le plus gros de mes forces. Toutefois, la Prusse-Orientale étant presque vide de troupes pour le moment, je décide tout de même de distraire une quinzaine de divisions du corps de bataille principal pour m’en emparer rapidement, et liquider ce second front sur mes arrières.
Ensuite il sera temps de redéployer les troupes. Hélas ma flotte est squelettique, tout comme mon aviation, et elles ne pourront s’opposer réellement à des menées ennemies dans les airs et sur les mers. Toutes mes recherches, ma production et les nominations de conseillers militaires sont faites dans un but de favoriser la défense, cela devrait aider à tenir, du moins je l’espère.
Assez étrange, l’allié soviétique s’engage tout de même dans le pacte avec l’Allemagne, malgré ma nouvelle orientation idéologique… Le jeu ne prendrait-il pas tous ces paramètres en compte ?
Néanmoins, à l’été, profitant des dernières semaines de calme, je suis en train de réorganiser mon dispositif. Je dispose de 70 divisions environ et d’une main d’œuvre suffisante pour en entraîner plus. Toutefois, leur matériel est de bien moindre qualité que celles que j’aurai à affronter. De plus, le premier scénario commence en 1936 et pas avant, ce qui laisse finalement peu de temps pour se préparer, ce que je regrettai déjà dans mon test.
En août 1939, je n’ai ainsi que 14 usines militaires et de toute façon pas la possibilité de créer des centaines d’avions et de canons alors que je manque déjà d’armes légères. Peut-être aurait-il été intéressant de développer rapidement la technologie antichar et de changer les modèles de divisions pour leur intégrer ce genre de canons ? En effet, les Allemands disposent d’un certain nombre de blindés. Mais il faut pour cela de l’expérience, à l’obtention difficile hors des combats (même si j’en ai 50, là), et ladite technologie arrive assez tardivement pour espérer une production de masse de pièces antichar, dans un pays comme celui que je joue.
Quand la guerre éclate, l’URSS se joint finalement à moi. Hélas, comme je l’évoquais, les Soviétiques n’ont que 29 divisions à proximité immédiate de mes frontières et aucune sur mon territoire national. Je pressens la catastrophe.
Ainsi, quand débutent les combats, ceux-ci tournent d’entrée à mon désavantage, malgré une bonne défense au centre et sud du front. Mes troupes sont surclassées numériquement et qualitativement.
De plus, je ne dispose que de 566 chasseurs, certes en bonne partie récents, mais c’est bien trop peu. Si je m’étais dispersé avec d’autres types d’avions, le résultat aurait été encore plus préoccupant.
Or, mes frontières à défendre sont longues, mes brigades blindées sont constituées de chars légers, la cavalerie bien trop ancienne et mes alliés loin.
J’espère tenir assez longtemps pour m’emparer de la Prusse-Orientale et voir les Soviétiques se joindre à moi. D’ailleurs, leur pacte avec Berlin a été rompu, ce qui paraît logique.
Je reprends courage : 40 divisions soviétiques sont arrivées en Pologne et d’autres sont sur le chemin. Pour le moment mes frontières ont été peu entamées et je parviens à tenir l’ennemi en respect.
Hélas le ciel est aux mains de la Lutwaffe et je ne peux guère empêcher les raids aériens ennemis. Je ne sais pas où est la chasse soviétique mais je crains ne pas pouvoir faire grand-chose de plus.
La Prusse-Orientale, elle, est presque tombée mais les derniers combats tournent en ma défaveur et s’éternisent. En fait, je comprends rapidement pourquoi.
L’ennemi achemine des renforts par mer sans que je puisse l’en empêcher. Peut-être aurait-il été possible de ma part de programmer un mouvement plus centré sur les côtes pour empêcher cela ? En effet, mes quelques navires, même couplés aux Soviétiques, ne peuvent qu’opposer une résistance limitée à la Kriegsmarine.
De plus, étant donné que je suis passé dans le camp communiste, les alliés de l’ouest ne sont pas en guerre contre l’Allemagne ! Toutes leurs forces sont donc tournées contre moi et c’est évidemment une gageure supplémentaire, et sans doute fatale.
Je dois donc me rendre à l’évidence. Malgré mes 73 divisions et l’aide soviétique, mal gérée et qui arrive au compte-goutte, je suis lentement repoussé vers l’est.
En ce mois de janvier 1940, l’ennemi approche donc de Varsovie. Mes effectifs et l’organisation de mes troupes fondent comme neige au soleil et je n’ai pas pu m’emparer de la Prusse-Orientale.
Quelques jours plus tard, l’inévitable survient : la capitale tombe après un ordre de repli derrière les fleuves. Avec elle prend fin mon héroïque résistance… Et ma partie !
Celle-ci était intéressante tout de même. C’est un beau défi à relever. De plus, j’ai tenu plus longtemps qu’historiquement et ai été bien près de m’emparer de la partie Est de l’Allemagne.
Toutefois cela s’est fait avec l’aide du « grand frère » oriental et non sans frustrations. Celui-ci n’a commencé à déplacer ses troupes vers moi qu’après la déclaration de guerre, et par à-coups alors que l’Allemagne n’avait pas de second front à surveiller. Cela a empêché toute espèce de retranchement et de défense initiale plus ferme. Je ne sais pas si j’aurais ainsi tenu, mais il est évident que l’IA n’est pas parfaite.
En 1939 la Pologne a bien sûr des ressources et possibilités limitées. Il semble difficile de la faire tenir seule ou avec l’aide lointaine de la France et de la Grande-Bretagne. Sans doute ai-je fait des erreurs et il ne tient qu’à vous de faire mieux !
NDLR : la Pologne possède son propre arbre national (voir ce dev diary, ou sa traduction sur Mundus Bellicus) du fait d’un DLC qui finalement a pu être terminé et offert gratuitement à tous les acheteurs de Hearts of Iron IV au moment de sa sortie. Grâce à ce contenu supplémentaire il est ainsi possible de jouer plus finement cette puissance mineure. Il semble que Paradox pourrait développer à l’avenir d’autres mini-extensions de ce type.
Pour plus d’informations sur le jeu voyez notre article Hearts of Iron IV, un nouveau souffle pour la série puis reportez-vous à cette page chez l’éditeur ou à celle-ci sur Steam. Vous trouverez le changelog du patch 1.01 (optimisations diverses du moteur du jeu et du contenu) sorti de la bêta il y a deux jours par ici dans le forum officiel. Une prochaine mise à jour prévue en juillet avant les vacances, devrait entre autre améliorer l’IA, rééquilibrer la guerre aérienne, les débarquements, ou encore corriger différents bugs.
Sympathique AAR!