Sorti en juillet 2022, Strategic Command – American Civil War a bénéficié de différentes évolutions, surtout une extension. Il nous semblait à nouveau intéressant de se replonger dans ce titre qui est une belle déclinaison de la série Strategic Command. Pour cela, une partie en multijoueur me semblait le mieux. Vous aurez ainsi la vision des deux camps et serez témoins des aléas qui n’y seront pas vus de la même manière. Voici ici le déroulé de la guerre vu du coté des Sudistes.
Lynx et moi nous sommes déjà rencontrés dans cette configuration. C’était l’époque où on pensait le Sud invulnérable et notre rencontre l’avait encore confirmé. Depuis, la tendance s’est complètement inversée, on se demande comment le Nord peut perdre. Ayant perdu mes deux dernières parties avec chacun des camps, je pense que la qualité du joueur reste un facteur à prendre en compte.
Je joue donc ici les Sudistes. Au début, je me contente d’investir dans la recherche pour l’équipement de l’infanterie. La toute première décision concerne la vente du coton. Le vendre rapporte 175 PPM pendant dix tours, ce qui n’est pas négligeable pour le Sudiste. Les inconvénients sont la baisse de l’Esprit Combatif (EC ou Moral National dans les autres titres) et le désengagement des puissances européennes. Ces désagréments sont peu importants en pratique. L’EC remontera chaque tour où Richmond n’est pas capturé et si l’intervention étrangère arrive, la partie est déjà gagnée. Alors je ne vais pas le vendre ! Tout d’abord, c’est historique, au point que celui-ci a fini par se perdre ou être détruit par les Nordistes, mais surtout je veux garder cette épée de Damoclès sur la tête de mon adversaire et envisageant un conflit long, la possibilité de le vendre plus tard, tout en chouchoutant le seul point fort sudiste, son EC.
Les premiers tours sont calmes, montée en puissance générale. Compte-tenu de nos précédentes rencontres, je suis dubitatif sur ma stratégie générale. Je vais essayer de gagner sur la chute de l’EC du Nord et me moquer des pertes géographiques qui diminueront le mien, en espérant qu’il craque le premier. Pour cela, il faut maximiser ses pertes, aussi vais-je prioriser l’infanterie, abandonner le naval et construire de l’artillerie de siège, dépense outrancière, pour m’emparer de Fort Monroe. Sa chute a le double avantage de nuire à son EC et de lui enlever un port à partir duquel il peut menacer mes arrières pour un coût modique. Je vais me battre à l’Ouest, même si les troupes qui y sont envoyées n’ont aucun moyen de revenir, contrairement au Nord. Pour le reste, on gérera au cas par cas, stratégie généralement perdante…
Juillet 1861, le Nord a proclamé l’émancipation des noirs, ce qui à mon niveau signifie qu’il a accepté la proposition d’engager Garibaldi. En décembre, il aura donc un nouveau général, plutôt costaud, et les nations européennes s’éloignent de la Confédération. L’inconvénient est une baisse de son EC, qui « chute » à 85 %, et que les nations européennes ont tout le temps de revenir. Une nouvelle assez neutre finalement. Une nouvelle décision doit être prise : transformer le Merrimack en Virginia, un des premiers navires cuirassés. Le coût de 200 PPM est économique, mais il doit arriver à Norfolk, mon adversaire le sait et à peine sera-t-il lancé qu’il subira assauts sur assauts, de plus, cela ne fait pas partie de ma stratégie générale, donc pas de Virginia…
Dans l’ensemble, le front va rester assez statique jusqu’à la fin de 1861. La situation en décembre 1861 est la suivante : au Far West, une brigade de cavalerie a découvert les troupes adverses, elle va certainement y laisser la vie. La dernière fois, mon adversaire avait abandonné ce théâtre, cela ne semble pas le cas aujourd’hui. A l’Ouest, les indiens, pour un coût élevé, sont tous là. Comme cette situation ne lui avait guère plus précédemment, je remarque déjà l’arrivée de deux unités de cavalerie nordistes, pas de quoi s’affoler, de toute façon, c’est un secteur pauvre en objectifs. Au centre, le Kentucky est toujours neutre, mais depuis quelques tours il penche vers le Nord. J’essaierais de capturer le plus de villes avant de me replier doucement en essayant de faire payer sanguinairement l’avance nordiste. A l’Est, la capture d’écran, un violent assaut nordiste a tout enfoncé, venant menacer deux de mes QG. La situation a été rétablie, mais j’ai été obligé de laisser sans troupe Staunton, ville objectif. La couteuse artillerie de siège a commencé le bombardement de Fort Monroe. On notera que l’EC nordiste est reparti à la hausse, effet Garibaldi. Côté recherches, je me cantonne au minimum, il faut encore que je lance la recherche sur les corps d’armées et l’amélioration de la cavalerie, très couteuse. Je vais essayer chaque tour de construire au moins une division et si possible lancer une recherche.
Nous sommes maintenant en avril 1862 et ce qui devait arriver arriva : le Kentucky a été attaqué par les Confédérés juste avant son rattachement à l’Union. On manque de troupes face au rouleau compresseur yankee, mais on essaie de tenir. A l’Ouest et au Far West, la situation est stable, mais cela ne devrait pas durer. Fort de l’arrivée de son super général Garibaldi, que je n’ai pas vu, mais qui semble derrière tout cela, en Virginie, les nordistes attaquent à fond sans réel succès, le retour de bâton étant meurtrier. Ainsi ils se sont emparés de Fredericksburg qu’ils ont immédiatement perdus pendant que le Fort Monroe capitulait avec la destruction de la division présente. L’EC nordiste est aux environs des 78% alors que le Sud dépasse allègrement les 100%. J’ai pu apercevoir la présence d’artillerie, cible de choix. On notera que cette stratégie offensive de mon adversaire rentre tout à fait dans la mienne, qui est du Falkenhayn anticipé (général allemand qui disait vouloir saigner l’armée française à Verdun avec le résultat que l’on sait ce qui n’est pas de bon augure).
Juin 1862, le tonnerre se déclenche sur mes troupes avec moult débarquements et des offensives partout sauf dans l’Ouest lointain. Le problème est que dans l’ensemble, c’est réussi. A l’Ouest, mes indiens tiennent le coup même si une manœuvre hasardeuse va me couter une unité, mais on gagnera du temps. Au centre, on recule en désordre et là aussi la cavalerie va en payer le prix fort, une division est isolée. Du côté de Richmond, la situation aurait pu être stabilisée si je n’avais pas envoyé deux divisions et une brigade à la mort. Il faut dire que le manque de cavalerie m’empêche d’éclaircir le champ de bataille. La décision stratégique qui suit, voit s’envoler les minimes espoirs d’une intervention européenne. Toutefois, il faut garder le moral, l’EC du Sud est toujours au-dessus des 100% alors qu’il est de 70% au Nord.
Les deux mois qui suivent sont plutôt à mon avantage, le débarquement est repoussé, partout les sudistes tiennent. Le seul mystère qui reste est de savoir où se trouve Garibaldi, je ne l’ai pas identifié. La cerise sur le gâteau, l’EC nordiste est à 60% quand le mien est à 106%. Crier victoire est prématuré mais il faut attendre mi-1863 pour que la puissance du Nord se fasse vraiment sentir. De plus, le Nord pourra investir des PPM, dont il ne sait quoi faire, pour remonter son EC. La route est encore longue, mais pour l’instant tout se passe « comme prévu ».
Bien entendu, mon adversaire a rembarqué son unité de Marines et a voulu se venger du côté du Tennessee en attaquant le QG de Polks. De même des unités viennent menacer des villes stratégiques, mais j’ai réussi à y envoyer des troupes. Vivement que Jackson arrive pour rétablir la situation. Il est amusant de constater de nombreuses similitudes avec notre autre partie. Il avait aussi débarqué du côté de Richmond et je lui avais dit que si je le repoussais à la mer, j’avais gagné. Comme j’avais beaucoup plus souffert que ce que je croyais pour cela, je ne m’avance pas aujourd’hui, mais on comprend bien, à ma lecture, que je suis très optimiste sur la suite de la partie. Son moral continue à s’éroder (58%) alors que le mien monte (107%). Je signale que de mon côté, ce n’est pas un « After Action Report » mais un « Real Time Report », ce qui fait que je peux très vite déchanter.
Garibaldi a été repéré au Nord de Chancellorsville. J’ai bien essayé de l’engager, mais ma petite brigade s’est retrouvée nez à nez avec une division adverse. On a aussi été engagé par un corps d’armée. On devrait bientôt accéder à cette recherche, il faudra ensuite le temps de les créer. Pour l’instant Lee et les autres divisions engagées pour repousser le débarquement remontent sans attendre.
Un point sur la recherche. Je croyais gagner la course de vitesse pour l’équipement de l’infanterie, ce n’est pas le cas, l’Union l’a développé un ou deux tours avant moi. Pour les corps d’armées, c’est pire, en octobre 1862, je viens à peine de les développer et encore faut-il le temps et les moyens de les recruter alors que les siens sont déjà sur le terrain. Par contre au même moment, « Tirailleur » et « équipement d’infanterie 2 » sont arrivés et je n’ai vu aucune troupe yankee avec ces améliorations, vais-je bénéficier d’un avantage technologique ?
L’année 1862 se termine, année noire pour mon adversaire. Son EC est très bas, entre 45-48 %, alors que le mien est encore à 105 %. J’ai tendance à penser que quand l’EC d’un camp est supérieur au double de l’autre, la messe est dite.
La suite des évènements va être la suivante, il va se lancer à corps perdu dans la capture de Richmond et peut-être y effectuer un nouveau débarquement. Je vais devoir résister en attendant l’arrivée des corps sudistes. Toutefois, cela ne va pas se faire sans pertes pour lui qui baisseront son EC. De plus, sa situation sur les autres fronts n’est pas terrible : au Far West, les sudistes progressent doucement, mais surement ; à l’Ouest, les indiens font plus que résister et au centre l’arrivée de nombreux renforts et de Jackson sans oublier le général que je vais transférer de Virginie auront les moyens de repousser les yankees.
Bien entendu, j’ai été trop confiant et en deux tours se sont six divisions sudistes qui ont péries et toutes devant Richmond. Ce rythme est intenable et j’en suis en grande partie responsable, j’ai envoyé mes divisions à l’assaut de corps d’armées qui m’attendaient, quelle boucherie. Enfin, je reste optimiste, car mon moral est toujours à 105 % quand celui de l’Union n’est plus qu’à 38 %. Je n’ai reçu qu’un renfort, mon premier corps d’armée à Richmond bien entendu. Je suis revenu sérieux et n’ai pas essayé de venger mes camarades, je me contente de frapper à coup sûr et de combler les trous. A ma grande surprise, il semble reculer ou du moins être à la peine sur TOUS les autres fronts.
Même avec la perte de mes corps d’armées, le moral sudiste grimpe. Il faut dire que l’évènement brésilien est sympathique : vous recevez une brigade brésilienne, le moral monte et la France et l’Espagne s’intéressent à notre cause. Seul bémol, les anglais font la tête. L’autre option était de refuser l’aide du Brésil et les anglais étaient content. Le résultat a été que l’engagement des anglais a baissé de 8% pour tomber à 22%, alors que celui de l’Espagne est monté à 31% et la France à 56%. De toute façon, le conflit sera fini bien avant, l’EC nordiste étant à 28%.
Rebondissement : les nordistes avancent sur Richmond et mieux que cela ils débarquent en Nouvelle-Orléans et s’emparent de la ville éliminant les deux brigades en défense. N’ayant rien à leur opposer, ils remontent vers le Nord et capturent la capitale. Grace à cette action, ils récupèrent 6000 points d’EC et font chuter le mien, ainsi que l’envie des européens d’intervenir. Enfin, pas de quoi s’affoler, c’était prévu, je relis le début et j’avais précisé me moquer des pertes géographiques. De toute façon, son EC est à 24% quand le mien est toujours au-dessus de 100%. Pour les renforts, j’ai tout mobilisé, je ne peux pas avoir plus. La recherche dans les corps d’armée supplémentaires suit son cours.
La suite ne présente pas grand intérêt, les Nordistes refluent partout et perdent toujours plus d’unités, la partie sera menée jusqu’au bout avec la victoire le 19 octobre 1863.
C’est le deuxième AAR que nous vous présentons, j’espère qu’il va vous donner envie de rejoindre notre groupe sur Discord (aussi via ce lien). On est vraiment dans « la guerre sans haine ».
A suivre…
Pour plus d’informations sur Strategic Command: American Civil War, voyez cette fiche sur Steam ou cette page chez l’éditeur. Ainsi que notre test. A lire également nos articles Strategic Command – Wars in the Americas : 1863, l’Empire contre-attaque !, Strategic Command – Wars in the Americas, aperçu de l’extension.
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Merci pour cet AAR. On a du mal à distinguer ce qui cause la chute du moral nordiste
Salut Olivier,
La capture de certaines villes font baisser le moral, varie suivant le camp, mais aussi les pertes. Ainsi la perte d’un corps d’armée fait bien baisser le moral national et ici ils ont été broyé. Avec la chute de Richmond, le sudiste se trouve dans la même situation que le nordiste, fini le bonus de moral que procure la capitale sudiste, et les pertes s’en ressentiront. Tant que le sudiste a Richmond, il peut jouer la carte de la chute du moral et la guerre d’usure.