L’équipe française de Jester Games se lance dans le jeu de société avec pour première création Barbarian Kingdoms, un titre entre jeu de conquête et wargame léger qui traite des Invasions Barbares du 5ème siècle faisant suite au déclin de l’Empire Romain d’Occident. Un jeu accessible, comme vous allez le constater, plutôt rapide à jouer, et prenant autour de la table peu importe le niveau des joueurs. Voici aujourd’hui la reconstitution didactique d’une partie à six joueurs, jeu qui se joue également très bien à deux.
Les joueurs choisissent dans un premier temps leur roi :
- En rouge, Attila, meneur des Huns.
- En violet, Theodoric et les Ostrogoths.
- Clovis et les Francs, en vert.
- Aelle, chef des Saxons, en marron.
- Alaric, souverain des Wisigoths, en jaune.
- Et moi, Geiseric, roi des Vandales, en bleu. (photo 1)
Teintées d’asymétrie, les factions bénéficient chacune de deux pouvoirs qui leurs sont propres et que je présenterai partiellement au fil de cet AAR. Un lié au royaume, l’autre au roi (disparaissant en cas de mort de ce dernier). Puis chacun empoche 10 trémis, la monnaie du jeu.
La boucle de jeu est simplissime. Avec Attila qui commence, chaque joueur, dans le sens des aiguilles d’une montre, effectuera une seule action parmi cinq :
- Recruter une armée.
- Déplacer une ou plusieurs unités, d’une seule case, vers son propre royaume, en respectant l’empilement maximum d’une unité par région.
- Envahir une province neutre ou ennemie (et le cas échéant lancer une bataille), puis la piller.
- Revendiquer une province neutre après l’avoir envahi.
- Taxer son peuple, à hauteur de 1 trémis par région possédée.
Le but étant de contrôler sept provinces, soit quatre de plus qu’au départ, ou d’éliminer deux rois ennemis. Place au récit !
Tous les joueurs recrutent au premier tour. 1 trémis pour le premier soldat, coût indexé au nombre d’armées déployées, que l’on paye en posant les pièces sur la région cible. Le lecteur attentif remarquera Geiseric en mer. Je peux en effet, en tant que vandale, déplacer une unité depuis une région portuaire vers la mer à la fin de mon tour. L’intérêt : exercer une pression sur toutes les régions portuaires du plateau, et ce en toute sécurité du fait de l’absence de batailles navales. (photo 2)
Attila entame son invasion de la Pannonie. S’il réussit, non seulement il pille la région -en prenant la pièce qui s’y trouve- mais son pouvoir de roi Hun lui permet de revendiquer immédiatement la province en l’absence de bataille. Dans Barbarian Kingdoms, chaque invasion ou revendication s’accompagne d’un droit de contestation par les adversaires adjacents à la zone concernée, qui peuvent intervenir avec une ou plusieurs unités pour freiner un ennemi ou lui couper l’herbe sous le pied. Mais l’armée Ostrogoth ne se sent pas d’affronter le terrible Attila et le laisse capturer la zone (moyennant 1 trémis, sur le même principe que le recrutement). (photo 3)
Theodoric fait de même en Bourgogne, sous l’œil d’un Clovis bien prudent. Il ne s’interpose pas, Theodoric valant 8 points de puissance contre 6 pour les autres chefs. Un roi vaincu meurt sur le champ et représente un réel handicap pour le joueur qui le perd. Audace et prudence, deux balles avec lesquelles il faut jongler en permanence. (photo 4)
J’envahi pour ma part la Mauritanie et gagne 3 trémis avec mon pillage. Les trésors disséminés de façon aléatoire en début de partie, les premiers pillages ressemblent à de véritables pochettes surprises qui créent un voile sur les finances de chaque faction. Une mécanique importante puisque les joueurs peuvent influer sur les batailles en donnant autant de pots-de-vin que souhaité. (photo 5)
Alaric taxe son peuple (pour 3 trémis) avant de recruter en Tarraconnaise. Son pouvoir l’autorise à recruter au prix fort (4 trémis) après avoir joué. Une double action économique qui lui permet en outre de déplacer ses fonds vers une région qu’il considère plus sûre. (photo 6)
Le Britannique recrute enfin sur Cimbria pour 1 trémis seulement au lieu de 2. Il bénéficie en effet d’un rabais de 1 sur toutes les actions valant 2 trémis ou plus. Quant à Clovis, il taxe son peuple afin se concocter un pactole en prévision de la tempête qui se profile. (photo 7)
Attila et Theodoric recrutent en Silésie et Cisalpine. L’idée : solidifier leurs positions dans ce secteur par nature contesté. (photo 8)
J’opte pour ma part pour la revendication de la Mauritanie. Mais Alaric s’approche et pille la Bétique. Il peut dorénavant passer par le détroit de Gibraltar pour mettre à mal ma progression. La partie entre barbares frileux continue, avec des Saxons qui envahissent la Maxime Britannique et les Francs qui recrutent. La carte commence à se densifier. (photo 9)
Attila repasse à l’attaque ! Cette fois avec une armée conventionnelle, qui ne bénéficie pas du bonus de revendication en l’absence de bataille. Mais Clovis reste prudent car une armée guette en Slavie et peut prêter renfort en cas de combat. L’armée rouge pille Thuringe, prête à l’annexer au tour suivant.
Theodoric profite des tensions environnantes pour revendiquer la Bourgogne, appuyé par l’armée en Cisalpine. Le rapport de puissance avec les Francs s’équilibre, les armées de Clovis valant 5 points au lieu de 3 si le roi combat à leur côté, pourtant le joueur vert reste en retrait. Il peut probablement prendre l’avantage via les pots-de-vin, mais a-t-il réellement plus d’argent que Theodoric ? Et s’il dilapide ses fonds pour combattre, il prend le risque supplémentaire, bien que faible, d’offrir à ses dépens un boulevard aux Huns. Les premiers dilemmes apparaissent. (photo 10)
De mon côté, j’hésite à recruter ou taxer. Le recrutement en Numidie, au coût de 2 trémis, permet de défendre la Mauritanie et ma capitale avec 3 points de force. Mais la taxe me rapporte 4, que je peux aussi dépenser en défense. J’opte pour cette dernière, en prenant soin de vider la Mauritanie pour ne rien laisser en cas de défaite ou abandon des lieux.
Après l’annexion de la Bétique par Alaric, puis celle de la Maxime Britannique par Aelle, Clovis prend d’assaut l’Armorique. Je suis le seul à pouvoir contester -depuis la mer avec Geiseric- mais je m’abstiens afin de consolider mon empire bien trop fragile. Je me rends compte ici de mes mauvaises décisions, espérant pouvoir rattraper mon retard de développement. (photo 11)
Le vent en poupe, Attila continue sa conquête avec l’invasion puis la revendication de la Bavière. Les trois joueurs centraux jouent aux équilibristes et la prudence des deux favorise la croissance du troisième. L’Ostrogoth préfère se préparer davantage, avec une taxation supplémentaire de son peuple. (photo 12)
Je recrute en Numidie, assurant ainsi la défense des deux provinces adjacentes, pendant que les Wisigoths s’attaquent à la Galice, province portuaire. Je n’ai pas assez de fonds pour tenter une contestation folle et sûre avec mon roi. Alors je laisse faire… C’est, semble-t-il, à la mode sur cette partie. (photo 13)
Le futur Britannique, peinard dans son coin, profite de son statut d’ignoré pour progresser vers le nord de son île. Quant à Clovis, il scelle le sort de l’Armorique, passée sous son joug. Voilà une partie bien calme, terre à terre à son maximum si l’on omet mon roi en mer. (photo 14)
A suivre…
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