Suite et fin de notre récit d’une partie à six joueurs avec ce jeu au gameplay se situant entre jeu de conquête et wargame léger qui traite des fameuses Invasions barbares du 5ème siècle faisant suite au déclin de l’Empire Romain d’Occident. Jeu très accessible, plutôt rapide à jouer, et prenant autour de la table peu importe le niveau des joueurs.
Attila temporise donc et taxe sa population. 5 trémis empochés. Fuyant le danger, Theodoric visite sans crainte le Narbonnais et pille la région. Je fais de même en Sicile avant de retourner en mer, alors que Alaric annexe la Galice et les Saxons la Calédonie sous le regard des Francs qui se contentent de taxer. Décidément, tout le monde a peur de lancer les hostilités. Même Attila, qui vide une nouvelle fois les caisses de sa population. (photo 15)
Theodoric se renforce avec un recrutement en Bourgogne et je fais de même en Afrique, avant d’envoyer cette nouvelle armée en mer. Suspicieux, le joueur jaune récolte 5 trémis d’impôts et le Saxon l’imite. (photo 16)
Malgré l’absence de batailles, pourtant cœur du jeu, la partie progresse sur le plan des conquêtes. C’est ainsi que Clovis se décide à sortir de ses terres afin d’envahir la Frise, incontestable. Thuringe le devient par conséquent, laissant l’opportunité à Attila de revendiquer la province. Il se situe désormais à une seule revendication de la victoire, qu’il est capable de réaliser en un seul tour avec son roi. (photo 17)
Et justement, une province neutre se situe entre les trois factions : l’Alémanie. Theodoric va-t-il tenter de l’envahir ? Non, il préfère assurer l’annexation de Narbonne. Il faut dire que le secteur est bien gardé, avec un Clovis, seul, qui veille, mais surtout Attila accompagné d’une armée qui fait de même. Les joueurs sont littéralement paralysés et la première bataille se fait désirer. (photo 18)
Et alors que je me reconstitue un capital, Alaric se sent menacé par Theodoric et manœuvre vers la Tarraconaise. (photo 19)
Le discret Aelle renforce son armée en Flavie, préparant l’assaut pacifique sur le reste du « Royaume-Uni », quand Clovis manœuvre vers l’Est afin de renforcer sa ligne défensive et la pression qu’il exerce sur la région neutre au nord. (photo 20)
Coup surprenant de Attila, qui se rapproche de la Dalmatie et force le joueur violet au rapatriement. Une bonne nouvelle pour Alaric, qui perce en Aquitaine, moins pour moi qui envahis tout de même la Sicile. Je pars du postulat que le joueur violet préfère garder ses fonds afin d’assurer sa défense lors d’un assaut probable de Attila. Pourquoi se risquerait-il à ouvrir un deuxième front ? (photo 21)
On sent l’étau général se resserrer, et alors que Aelle envahit la seconde Britannia, Clovis ne revendique pas la Frise mais envahit la Saxonie ! Joli coup du Franc, qui se démarque ici par son pouvoir de faction octroyant aux armées 5 points de puissance au lieu de 3 si le roi combat. Soit un rapport de force de 11 pour le Franc contre 6 pour Attila s’il envoie ses deux armées. Le Hun ne prend pas de risque et se défile, il n’est pas certain de posséder le montant suffisant pour prendre l’ascendant. D’ailleurs, il taxe sa population, conscient que le calme ambiant a trop duré, suivi par le joueur violet qui l’imite. (photo 22)
S’en suit une phase générale de revendications. Moi avec la Sicile, Alaric l’Aquitaine et Aelle la seconde Britannie. Les deux joueurs rejoignent Attila, tous trois à une revendication de la victoire, quand Clovis prend le risque d’annexer la Saxonie. À ma grande surprise, ni Attila ni Aelle ne conteste l’action. La guerre psychologique devient intense et il ne reste que 2 provinces neutres : l’Irlande et l’Alémanie. Tic… tac… (photo 23)
Attila se lance et pénètre en Alémanie. Si personne ne conteste, la partie se termine par une victoire du joueur rouge. Et si Théodore, prioritaire, passe la contestation, Clovis sera obligé de combattre mais il est trop faible. Les deux joueurs s’entendent pour que le violet se « sacrifie », avec à la clé un pacte de non-agression entre les deux joueurs. 11 points de force pour Theodoric, 9 pour Attila. (photo 24)
À l’abri des regards, les deux joueurs choisissent le montant de leur pot-de-vin éventuel, au ratio de 1 point de puissance par trémis, qu’ils insèrent chacun dans leur sac avant de se les échanger puis dévoiler les mises. Attila mise 18 trémis, passant à 27 points de puissance. Theodoric n’aura donné que 13 trémis. Faute de moyens ou mauvais calcul, le montant élève sa puissance totale à 24 points, nombre insuffisant qui lui fait perdre la bataille. Theodoric est mort et le joueur violet sans souverain. Il perd de plus une armée, qu’il pourra cependant recruter de nouveau car les joueurs gagnent la mise de leur adversaire. Attila pille ensuite la région, sans pouvoir la revendiquer ce tour car une bataille a eu lieu. (photo 25)
Le joueur violet assure une défense rudimentaire en recrutant dans sa capitale, quand j’opte pour un retour en mer depuis la Sicile. La raison est toute simple, Alaric et Aelle sont sur le point de gagner la partie. Surtout Aelle, qui va certainement envahir l’Irlande à son tour. Avec deux unités en mer, j’espère l’en dissuader. (photo 26)
Le vicieux Alaric, en fin observateur, se souvient que Theodoric possède à minima 15 trémis et s’abstient d’envahir Narbonne. Il choisit à la place de prendre le large avec une seule armée. (photo 27)
Le Saxon tente malgré tout son invasion de L’Irlande. Premier joueur éligible à la contestation, il me revient la décision de l’en empêcher ou de compter sur le Wisigoth pour le faire. N’ayant pas confiance en ce dernier, qui précise d’ailleurs ne pouvoir rien faire avec sa seule unité en mer, je préfère m’en charger tout en sachant que je mettrai à mal ma situation. 9 points de force contre 3, auxquels j’ajoute 11 trémis. Le vil Saxon n’a en revanche versé aucun pot-de-vin, me laissant ainsi appauvri quand lui roule dorénavant sur l’or. Et s’il perd son armée, moi également, faute de secteur adjacent sous mon contrôle. Cette mécanique ingrate rend les invasions coûteuses et j’ai probablement scellé mon sort avec ce sauvetage. (photo 28)
La partie continue autour de l’Alémanie, avec un Clovis qui rapproche ses forces de Attila, quand lui préférera recruter en Bavarie. (photo 29)
L’Ostrogoth profite de mon absence pour attaquer une Sicile sans défense, qui retrouve son statut de province neutre, puis pille la région. Sans le sou, je me trouve contraint de taxer et Alaric fait de même. Le saxon recrute puis Clovis taxe et Attila aussi. (photo 30)
Quand soudain, le fier Ostrogoth entame l’annexation de la Sicile, en paye le coût puis… Alaric débarque ! Le malin avait prévu son coup, son unité en mer prête à sauter sur l’occasion de gagner la partie. 3 points chacun, tous les joueurs retiennent leur souffle. Le joueur violet mise 14 trémis. Le joueur jaune… 18 ! Il possédait le seul jeton de 5 trémis et a su le conserver jusqu’au moment fatidique. L’Ostrogoth, bien que riche, perd la Sicile et aucun joueur ne semble pouvoir arrêter le Wisigoth. (photo 31)
Je recrute bien un soldat, que j’envoie en mer, rejoint par le roi Geiseric, mais Alaric me devine pauvre et tente malgré mes menaces l’annexation de la Sicile. À 3 contre 9, il ne lui faut que 6 trémis de plus que moi pour égaliser. Il vide sa réserve, 14 jetons. Et moi 8…. Très exactement 6 points d’écart. Malheureusement, en cas d’égalité le joueur actif finit victorieux. Je perds mon roi, quand Alaric capture la Sicile et remporte immédiatement la partie. (photo 32)
Derniers mots
Ce fut une belle partie, pauvre en batailles faute de joueurs audacieux, qui compense cependant par une belle tension permanente. Ce fil du rasoir généralisé nous force au bout d’un moment à prendre des décisions terribles, comme nous l’avons vécu, Theodoric et moi, obligés de choisir entre la probable fin de partie ou l’affaiblissement de notre empire.
J’ai pour ma part très mal joué, notamment en début de partie où la prise de la Mauritanie a dispersé puis paralysé mon jeu. Je craignais le roi Alaric, trop proche de mes terres, qui en cas de victoire lors d’une bataille élimine définitivement les armées vaincues. Mauvais coup également à la fin, où j’aurais dû laisser Alaric affronter le Saxon à ma place. S’il se voyait gagnant, il aurait agi. Une pensée enfin pour ce dernier, qui n’a pas vécu la guerre la plus palpitante. Son roi pourtant puissant, considérant toutes les régions côtières comme portuaires, n’a daigné se lever de son trône.
Fin de cet AAR sur Barbarian Kingdoms. Un jeu de conquête simplissime mais non dénué de profondeur, facile à sortir quels que soient le nombre et le niveau des joueurs autour de la table. Testé et approuvé avec des groupes de différents horizons lors de parties à 2 et à 6 joueurs, avec qui nous avons partagé de grands moments de rire lors des dévoilements de pots-de-vin ou d’établissement d’alliances éphémères.
Je le considère comme un excellent titre pour initier nos proches au wargame. Bien que ce jeu n’en soit pas un, et qu’il reste limité sur le plan stratégique, il offre des sensations proches et donne envie de découvrir le genre, par exemple en enchaînant avec un We Are Coming Nineveh ou un volet de la série ICS (Irregular Conflict Series), plus velus tout en restant accessibles.
Pour plus d’informations sur Barbarian Kingdoms, paru vers la fin de l’été dernier et disponible entre autres dans notre boutique, voyez cette page sur le site de l’éditeur et cette page sur GameFound. Ainsi que mon test dans les pages du Carnet d’un stratège.
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