Nous avions laissé les parachutistes de la compagnie Evans après qu’ils aient balayé les maigres défenses d’une ferme se trouvant dans leur zone de regroupement. Grâce au système de narration semi-linéaire de CMx2, nous avons pu choisir d’orienter la suite de cette campagne vers un assaut improvisé sur un petit village.
Les briefings précédents nous ont donnés quelques indications précieuses. En premier lieu, l’église et son clocher constitueront une menace sur les environs, une fois l’aube levée. Ce qui signifie que la nuit nous protège encore. Puis les éclaireurs ont indiqué que si les défenseurs ont été surpris et ont perdu une position de mitrailleuse, ils nous attendent dorénavant. Il est donc plus qu’improbable que l’on puisse à nouveau les cueillir par surprise ou dans un déploiement inadapté à une défense en règle.
Une autre contingence à prendre en compte avant d’élaborer un plan, qui rappelons-le est nécessaire si l’on veut maintenir un C2 un peu cohérent, le temps disponible : 1 heure. C’est donc largement suffisant pour manœuvrer.
Dernière contrainte faible mais non négligeable : les pertes actuelles. Comme nous l’avons vu dans la première partie de ce récit des blessés légers sont parfois plus handicapants que des blessés définitifs. Ils marchent moins vite et tout en gardant leur arme de départ ne s’en serviront pas aussi efficacement. Je ne pousserais pas le cynisme jusqu’à souhaiter leur mort car ils contribuent à maintenir le moral et la motivation de l’unité à un niveau normal mais il faut les prendre en compte.
Il faut donc éviter sous peine de voir ces trainards se détacher peu à peu du groupe sur une longue marche, leur confier l’avance la plus direct vers les objectifs. L’autre section intacte constituera donc l’aile marchante.
Avant de finaliser le plan, il faut observer attentivement le terrain. Cherchons les ouvertures dans le réseau de haie (qui ne sont d’ailleurs pas facilement repérable), les zones exposées et celles à couvert.
Les bâtiments ne sont pas à CMBN des positions défensives très puissantes. Il est souvent préférable de s’éparpiller dans un bois et plus encore se fondre dans une haie de bocage que de réunir un groupe dans un bâtiment fusse-t-il un grosse longère normande. En effet, à moins de s’y cacher, les ouvertures et la configuration des pièces constituent souvent des pièges à grenades ! Dans un combat de nuit, la courte distance d’engagement augmente encore cet effet.
L’artillerie étant très probablement absente de ce scénario, il n’est pas question de traiter ici des dégâts aux bâtiments. L’église prouvant dans ce cas une résistance supérieure. Les deux mortiers seront probablement peu utiles contre les défenseurs « à l’abri » mais ils pourraient être très utiles si d’autres positions de mitrailleuse se révélaient.
Le plan
Phase un : approche et premiers contacts
L’avance (ordre ‘traquer’ pour la seconde section et ‘mouvement’ pour la première) se fait sans encombre… En trois minutes les troupes sont en position à l’entrée nord du village. Les sacs de sables de la position de MG détruites quelques minutes avant le scénario ne nous serons pas d’une grande utilité. Dommage. Les assaillants n’ont pas non plus à s’inquiéter d’éventuel sniper dans le clocher. A cette distance de nuit en terrain découvert, la ligne de vue tombe à moins de 100 mètres avec un peu de discrétion.
Il est intéressant de remarquer qu’une fois de plus CMx2 abandonne certaines aides que l’on pouvait juger irréalistes. Ainsi l’outil ‘ligne de vue’ à disparu. Non seulement, il est difficile de la vérifier à partir d’un point non occupé mais l’utilisation éventuelle de la ligne de tir pour l’évaluer est trompeuse. Cela donne tout son sens à la dénomination « repérage relatif » qui caractérise l’une des principales innovations du jeu. De la même manière, les estimations de temps de déplacement ne sont que les résultats de l’expérience acquise par le joueur. Faut-il s’en plaindre ? Personnellement, j’apprécie les jeux qui gratifient une pratique soutenu et dévoile progressivement toute leur profondeur.
Je peux ainsi me féliciter de mes ordres qui maintiennent toutes les forces sous contrôle à l’exception de la 1ère section qui poursuit son crochet par la droite et ne pourra rétablir le contact avec Evans qu’en allumant sa radio à la fin de son mouvement. Celui-ci prend encore de nombreuses minutes. Inutile de l’accélérer ce qui ferait perdre l’excellent état physique de ce début de scénario (‘reposé’).
Je mets néanmoins ce temps à contribution à gauche pour avancer le binôme de reconnaissance vers les premières maisons. Mais alors que je relance, deux coups de feu retentissent au centre. Réflexe immédiat. Pause. Clic-droit. C’est l’une des limites du jeu en temps réel en solo. Il faut une bonne dose d’autodiscipline pour ne pas céder à la tentation !
Chacun joue bien selon ses envies du moment mais ici, je réprime celle de donner un ordre de tir et laisse cette équipe bien commandé profiter de l’effet de surprise. Quelques secondes plus tard, le pion allemand est remplacé par un point d’interrogation alors que les mitrailleurs se sont plaqués à terre. Et quand ils relèvent la tête, ils reçoivent un nouveau tir de suppression. Ceci continuera en fait durant toute la partie et en définitive, ce seul binôme sera crédité des 6 hommes de la position de mitrailleur. Du beau travail sans la moindre intervention !
A gauche, une autre position est repérée par l’équipe de reconnaissance dans l’alignement de la route.
La sanction est immédiate ! Les mitrailleurs allemands s’emparent de leurs armes individuelles et mitraillent la façade. Un homme s’écroule, l’autre se plaque au sol.
On peut analyser cette séquence en détail. Le binôme a probablement commis une double erreur. En s’avançant dans la maison, il perd le contact visuel avec Ford et comme ce dernier ne semble pas avoir voulu l’interpeller oralement (la distance entre les deux n’a effectivement pas changé entre les captures ci-dessus), le binôme s’expose de plus à un grand nombre de lignes de vue et de tirs ennemis depuis l’autre côté de la rue. En cas de contact à courte distance (comme cela s’est déroulé), il manque de puissance de feu pour être efficace. Il a néanmoins rempli sa mission d’observation. Si j’avais envoyé un groupe entier les pertes auraient sans doute été plus lourdes !
Même s’il serait logique de lui donner l’ordre de reculer, je ne lui donne pas l’ordre spécifique pour observer l’évolution de son moral (il est passé à -2) et de sa motivation (il est désormais ‘nerveux’) mais surtout pour voir ce que l’IA fera. Et bien après quelques secondes de frayeur, il se ressaisit et tire ! Au tour des mitrailleurs allemands, à découvert, d’hésiter pour un moment.
Alors que moi aussi j’hésite sur la décision à prendre : intervenir ou pas ? Avec quoi ? Et que j’envisage un tir de mortier afin de mettre hors de combat cette position, le groupe Jenkins (le 1er de la section de Ford) repère quelques allemands dans une maison du carrefour. L’un d’eux s’écroule dans l’ouverture d’une fenêtre !
C’en est trop pour mon flegme très peu britannique ! Je reprends les commandes ! Je confirme d’abord la bonne initiative de Jenkins par un ordre de tir. Puis, sous cette couverture, je demande à Evans en personne de ramper de telle manière de repérer un point proche de la position de mitrailleurs de gauche (tout en évitant d’être directement à vue). Et une fois, cela fait je lui demande un tir de mortier sur ce point. Etant l’officier en chef, il a sans doute plus de chance d’avoir la meilleure coordination du tir. J’ordonne également à Mc Nutt de ne pas abuser de sa chance et de se retirer vers ses lignes en lui promettant que l’on viendra récupérer son camarade blessé. On peut ici rêver d’une nouvelle fonctionnalité permettant de déplacer les blessés pour les soigner à couvert mais c’est peu probable car cela diminuerait à nouveau cette tendance qui caractérise CMx2 de confier les ordres automatiques à l’IA.
Il est intéressant de noter que même sans ordre, ni repérage personnel, le reste du groupe a lui aussi tiré sur les allemands. C’est l’autre niveau du repérage relatif : le C2 permet également de transmettre des ordres de tir sur des cibles repérées par une partie d’une unité à la totalité de cette unité !
Entre temps, la section de Jonhson a atteint les haies qui constituent l’extrémité sud-ouest du village et un échange de tir éclate avec quelques allemands situés au deuxième étage d’un grand bâtiment, ceux-là qui avaient pris à partie l’équipe bazooka. J’accélère donc le déploiement de sa section.
Phase deux : l’assaut
Moins de dix minutes se sont écoulées. La validité du plan choisi s’est confirmée. La phase d’approche s’est déroulée sans encombre contre un ennemi statique en position dans le village. Les premiers accrochages ont tourné à l’avantage des parachutistes en grande partie car le C2 a optimisé leurs qualités propres d’entrainement et de moral. La seule erreur de positionnement a été immédiatement sanctionnée.
Le dispositif ennemi est certainement loin d’être révélé mais il est temps de donner une nouvelle phase d’ordre pour éliminer les éléments repérés et s’emparer des bâtiments qui serviront de base pour la dernière phase.
Encore une fois, les choses se passent plutôt bien. Et déjà les premiers signes de fragilité se manifestent parmi les défenseurs. Juste devant la section Johnson, des allemands tentent de reculer en désordre. Panique ou ordre de redéploiement pour éviter d’être déborder ? Impossible de le savoir ! Dans la fusillade, l’officier en second de la section sera cependant sera blessé.
Quelques minutes plus tard, ces déploiements sont réalisés. L’officier blessé est soigné. Et toute la compagnie est prête pour l’assaut. Le déclenchement du tir de mortier donnera le signal.
Malheureusement les premiers tirs sont décevants, le réglage ou la visibilité sont sans doute insuffisants ! Une dizaine d’obus tombent trop loin pour avoir un effet sur la position de mitrailleur. Evans demande immédiatement de cesser le feu et réitère ses ordres avec quelques jurons bien sentis. Grâce aux tirs précédents, ceux-ci gagnent en rapidité et en précision !
A l’ouest, Johnson doit ouvrir une brèche dans les haies pour avancer. Il en confie la tâche au 2ème groupe, dont est extrait une équipe d’assaut. L’autre groupe est divisé et l’une des équipes est envoyée pour soutenir la prise du bâtiment. Tant que les deux mitrailleuses allemandes ne sont pas neutralisées, il serait suicidaire de tenter de traverser immédiatement la rue principale.
Entre temps, la deuxième salve de mortier s’avère plus précise. Il est temps de reprendre l’action de ce côté. La pression d’Evans doit galvaniser la progression sur cette aile stoppée depuis plusieurs minutes.
La rue principale étant nettoyée, il est temps de la franchir et notamment de s’emparer de l’église. La section Johnson est en position et les deux tiers du 2ème groupe sont à nouveau chargé de cette action héroïque.
Alors qu’il atteint le petit presbytère au pied de l’enclos paroissial, le soldat Moustakis découvre des allemands effrayés à quelques mètres et s’apprête à leur faire un sort quand des tirs partent du porche de l’église…
En quelques fractions de secondes, un déluge de feu s’abat sur ce bien théorique asile ! Les allemands partent en déroute. L’église est à portée.
Mais à l’autre bout du village, une petite tragédie se noue. Malgré, une protection équivalente et une progression du même ordre, Antey tombe à la tête de ces hommes alors qu’il prenait une maison d’assaut.
Phase trois : nettoyer le village et prendre l’entrée sud
D’abord, il faut se regrouper à partir des bâtiments capturés et réorganiser les troupes en fonction de leur état : pertes, équipement, fatigue. La section Johnson se regroupera autour de l’église. Un groupe autour d’un sniper est envoyé au sommet du clocher. L’autre groupe divisé, en trois équipes, nettoiera d’abord les environs. Le mortier est ramené près du cimetière au cas où. Johnson lui-même se positionnera dans la nef avec une bonne vue sur le village. La section Ford devra d’abord retrouver des positions évitant les ruptures de C2 et couvrant les axes d’approches.
Les troupes effectuent donc quelques mouvements et … BINGO ! Avant même que je puisse lancer la dernière phase, la victoire totale m’est offerte sur un plateau. Mission accomplie !
A nouveau, une avance bien commandée a permit d’éliminer facilement des défenseurs éparpillés et peu réactifs. De plus, mes effectifs étaient largement plus nombreux et mieux équipés. Attendre aurait peut être modifié ce rapport de force. Mes pertes commencent cependant à devenir sensibles. Aucun groupe n’est maintenant intact mais aucun n’est vraiment pénalisé. A l’exception du mortier de la seconde section, auquel il ne reste que 8 obus, les munitions ont été dépensées avec parcimonie. Ici le temps réel a parfois permit d’interrompre des ordres de tir mais pour l’essentiel c’est la rapidité des engagements qui est responsable de ce résultat. Sur des troupes plus solides (au niveau moral et de part leur position défensive), il faudra certainement gérer cela de plus prêt.
Et maintenant chef, qu’est-ce qu’on fait ? On continue la mission !
Curieusement, le briefing suivant colle assez bien à la situation. C’est une coïncidence ! Ils ne sont évidemment pas encore rédigés dynamiquement !!! Par contre, une petite incohérence doit être relevée : le clocher a été utilisé par mes hommes à la fin de la partie. Et rien n’aurait empêché que les allemands en fassent autant, si ce n’est probablement les plans programmés par le concepteur du scénario. Il faut d’ailleurs remarquer que les défenseurs on été très passifs et leur positionnement finalement peu adapté à une défense même hâtive contre un ennemi dont on connaissait l’axe d’approche…
La compagnie est maintenant au complet et il faut choisir si elle doit le rester en faisant confiance à la signalisation française et au repérage approximatif des DZ théoriques ou la diviser à nouveau en jouant la sécurité. La suite au prochain épisode…
NDLR : Vous trouverez aussi d’autres conseils et récits de partie pour CM Normandy et Fortress Italy sur le nouveau blog de Carlos (du forum Esprits.net). La campagne Devils’ Descent se télécharge en VF sur Appui-feu et en anglais chez Battlefront.
Sympa ce compte rendu. Je m’y suis remis mais je triche lamentablement en abusant des sauvegardes… Sifflote.