Après 26 ans de silence, Crisis in the Kremlin refait une apparition. La nouvelle mouture est signée KremlinGames, un studio nouvellement créé. Le contexte est aussi simple qu’hétérodoxe : fraichement élu secrétaire général du parti communiste de l’Union Soviétique au milieu des années 80, vous voici en devoir de réformer l’état et empêcher l’écroulement du bloc communiste. Une rude tâche qui vous demandera de tirer tous les registres.
Perestroïka et calculs en cascades
Sans trop de surprise, c’est l’économie moribonde qui constitue le cœur du problème. La situation de départ se dégrade rapidement, les réserves de devises fondent à vue d’œil, de nombreux secteurs incapables d’alimenter correctement l’économie soviétique gangrènent l’Union des républiques socialistes soviétique.
Il faudra donc allouer avec parcimonie le budget national, imposer des coupes draconiennes sur certains postes pour gagner de la marge sur d’autres. Le choix est toujours difficile, est-il vraiment de bon aloi de sacrifier les recherches militaires pour raviver un secteur agraire au bord l’infarctus ?
Le jonglage de chiffres était caractéristique de Crisis in the Kremlin premier du nom, et l’essentiel du jeu actuel se passe à contempler votre calculette en se creusant les méninges. Les mécanismes du jeu sont opaques, un tutoriel explique les bases, sans plus.
L’interface est rédhibitoire, on ne comprend pas grand-chose de prime abord, même en ayant joué au prédécesseur – qui n’était pas très accessible non plus, mais avait l’excuse d’être né dans une phase précoce des jeux vidéo, en 1991.
Le jeu est punitif, il n’est pas rare de perdre le pouvoir au bout d’une à deux années, vous laissant à peine quelques tours de manœuvre pour éviter le pire, et c’est là tout l’intérêt du jeu.
Jusque-là donc, les points positifs ne sont pas légion. Pourtant, il y a quand même un certain potentiel sous le capot. Le volet de politique étrangère par exemple a été largement élargi, offrant des évènements et possibilités taillés sur mesure.
Par exemple la possibilité de ramener la Chine dans le giron du Pacte de Varsovie y est tout autant que la dangereuse interférence dans le duel indo-pakistanais, la gestion de la guerre d’Afghanistan ainsi que des magouilles dans les pays du Tiers monde.
Avoir une armée faible peut être fatal, un corps de l’Armée Rouge bien équipé et au moral solide peut retourner plus d’une situation. Aussi, la politique intérieure est relativement bien représentée, avec un combat permanent entre les différentes idéologies au sein du PCUS, qui déterminent les possibilités de réponse en cas d’événements. Ainsi, une aile néoconservatrice forte va empêcher d’élargir les libertés civiles ou une réforme de la constitution visant à plus de libéralité.
Côté ambiance, le jeu manque trop de saveur et de dynamisme. Tout se fait au tour par tour, fini les téléfax impromptus qui livrent des nouvelles souvent catastrophiques, le téléphone rouge du Kremlin est un simple élément d’interface redirigeant vers les différents panneaux d’information.
Il y a aussi le choix très discutable d’une police d’écriture typée « humour », alors que le reste du design penche vers la sobriété caractéristique de la bureaucratie socialiste. Vous imaginez un Europa Universalis IV avec la police Comic sans MS ? C’est un simple détail qui casse l’ambiance, et c’est dommage.