Même si la gestion de l’Amérique et de la colonisation avaient déjà été grandement améliorées par une précédente extension (Conquest of Paradise), les développeurs du jeu décident de remettre le couvert avec El Dorado. D’emblée, on peut dire que c’est loin d’être un doublon et que les améliorations apportées relancent l’intérêt de l’exploration maritime ainsi que rendent intéressant le jeu côté Aztèque, Maya ou encore Inca. A côté, un patch 1.10 apporte une noria de changements et corrections. Voyons cela.
Jouer les peuples amérindiens
Souvenez-vous, Conquest of Paradise avait donné des ajouts suffisamment fouillés pour rendre les parties avec les Indiens d’Amérique du Nord sympathiques : possibilité de réforme, évènements etc. Si ce n’était pas très historique au final, on réalisait là de belles heures de jeu comme j’avais pu le faire avec les Comanches.
Or, il est maintenant possible de faire de même avec les peuples du centre et du sud du continent américain. On passera sur le fait que des dizaines de pays aient été rajoutés au total (ainsi qu’en Afrique) : les développeurs voient un peu trop d’états organisés au regard des réalités historiques, ce qui rend la conquête du Nouveau-Monde plus fastidieuse qu’avant. Toutefois, on appréciera les nouveaux défis proposés : unifier les provinces incas, réformer les religions et structures traditionnelles des précolombiens (pour bénéficier de colons ou marchands supplémentaires par exemple) puis, pourquoi pas, tenir la dragée haute aux Européens. Rien n’est impossible au joueur aguerri (ou en passe de l’être) que vous êtes !
Pour ce faire on dispose donc de nouvelles idées nationales, de graphismes adaptés (conseillers, etc.), d’un nombre importants d’évènements rendant les parties plus agréables et personnalisées.
A l’aventure compagnons
Les Européens, eux, possèdent aussi leur lot d’ajouts. Par exemple de nouvelles mécaniques d’exploration et de conquête, liées à l’Histoire et franchement sympathiques en termes de jeu. S’il faut toujours un conquistador ou un explorateur pour découvrir des terres et mers inconnues, les deux ont désormais des missions spécifiques à côté des traditionnelles « patrouiller », « chasser les rebelles » etc.
Ainsi, on peut choisir d’envoyer ses flottes (si elles comportent assez de navires et sont dans un port) explorer les mers et leurs côtes. L’idée est que procéder ainsi leur permet de ne pas souffrir d’attrition et qu’elles ne dévient pas de leur course durant la manœuvre. De plus, elles débloquent plusieurs provinces d’un coup. Elles sont même capables de faire le tour du monde via une mission unique, tel Magellan (et, là, pour le coup subissent de l’usure). Or, le premier pays à réussir cette périlleuse tâche remporte 100 de prestige (les suivants, 10). Mis bout à bout depuis le début du jeu, ces ajouts forment désormais un beau catalogue.
Terminons sur les navires en rajoutant que l’or venu des colonies n’arrive plus directement dans les caisses de son état, mais en métropole par des flottes de l’or spécialement affrétées pour l’occasion. Il faudra veiller à bien les protéger car les corsaires adverses voudront prendre leur part de l’or des Amériques ! Cela rappelle évidemment ces longues files de navires espagnols (les « Flottes des Indes ») organisés pour ce faire en convois depuis le début de la conquête jusqu’à la Révolution française… Et qui firent aussi la richesse des britanniques et néerlandais occupés à les piller. Serez-vous l’émule de Francis Drake ?
Côté terrestre, c’est un peu la même chose : les conquistadors ont des missions leur permettant de découvrir les terres de manière un peu plus ludique et réaliste, bref de monter des expéditions. Cela se nomme la « Chasse aux 7 cités de l’or », référence aux mythiques cités de Cibola dont des générations de conquérants cherchèrent les rues pavées du métal précieux… Sans bien sûr les avoir jamais trouvées. L’extension porte décidément bien son nom !
Dessine-moi un pays
Est-ce pour autant tout ? Non. On peut désormais assouvir nos rêves mégalomaniaques les plus fous car le jeu donne la capacité de créer un état de A à Z : provinces, capitale, religion, culture, nom, groupe technologique… Bref, la possibilité de créer des pays plus ou moins puissants où on le veut et de s’amuser dans le secteur. On imagine déjà les joueurs administrer un Japon ou une Italie unifiée, des entités structurées où il n’y en a pas encore à l’époque choisie, et se lancer à la conquête du monde… Tout est permis.
Terminons avec un nouvel aspect lié aux cartes et à la conquête. C’est-à-dire que le jeu modélise désormais le fameux traité de Tordesillas qui partagea, sous l’égide du pape, le monde entre Espagnols et Portugais, premiers arrivés dans la colonisation. Outré, François Ier affirma alors vouloir voir « la clause du testament d’Adam qui l’exclut de ce partage »… Et alla bientôt au Canada avec Jacques Cartier. En termes de jeu, cela signifie qu’une puissance solidement installée dans une région s’en voit octroyer la possession (voir capture d’écran). En cas de colonisation d’une partie de cette zone (Brésil, Caraïbes…) par un autre état, celui-ci souffrira de plusieurs malus. Raison de plus pour ne pas chômer, et l’on notera que cela permet de faire des ensembles territoriaux assez homogènes. Cela structure encore plus ces mécaniques de jeu.
Ajouts du patch 1.10
Enfin, El Dorado s’accompagne d’un patch gratuit aux modifications et ramifications nombreuses (voir le changelog complet par ici chez Paradox). D’une part il complète l’extension, ce qui me laisse toujours l’idée suivante en tête : l’avant-goût fourni est une incitation assez peu déguisée à l’achat de ladite extension. En effet, c’est ce patch qui ajoute des religions en Amérique du Sud et certains évènements.
A côté on note tout de même l’ajout de nouveaux types de terrains, pour toujours plus de détail, des modifications sur les idées, des correctifs, rééquilibrages divers et variés qui touchent aussi bien la religion, le Saint Empire ou la guerre que la diplomatie. La liste est trop longue et montre que le travail accompli est réel et fouillé malgré ma petite pique du dessus.
Au final nous sommes en face d’une extension au contenu de qualité, conséquent, qui augure de nombreuses heures de jeu supplémentaires tant avec les Européens, que les Amérindiens ou même la nation personnalisée que l’on aura créée. Europa Universalis IV a encore des choses à nous dire. Plus anecdotique, notons aussi un DLC El Dorado Content Pack avec des musiques et sprites liés au thème mésoaméricain d’El Dorado.
- Un contenu riche et bien pensé sur l’Amérique centrale et l’exploration.
- Créer une nation de toutes pièces et la jouer.
- L’écueil d’une simple répétition de Conquest of Paradise est évité.
- Trop de micro-états peu réalistes sur la carte.
- Toujours un peu cher.
Date de sortie : 26 février 2015
Éditeur / Studio : Paradox Interactive / Paradox Development Studio
Site officiel : fiche chez Paradox
Prix : 14,99 € en téléchargement (Steam)
A lire en complément nos articles : Test de EU IV – Art of War, EU IV – Wealth of Nations : Sono mercanti !, EU IV – Conquest of Paradise : le Nouveau Monde aléatoire, Conquest of Paradise : jouer les peuples amérindiens, Conquest of Paradise : le nouveau système de gestion des colonies et Europa Universalis IV, la conquête du monde à portée de main.
“…et se lancer à la conquête du monde… Tout est permis.” Lorsque je lis ceci, ainsi que le descriptif concernant les ajouts propres aux découvertes et guerre économique (circumnavigation ; piraterie, etc.), l’idée et l’envie me viennent de la création d’une nation pirate dans les Caraïbes (ou au large de Madagascar ?). Je parle du jeu, bien évidemment et comme je vois que l’on va pouvoir paramétrer sa propre entité territoriale, je me dis que cette idée, soutenue par quelques éléments historiques avérés, pourrait tout aussi bien venir aux développeurs… ;)