Disponible depuis le 10 octobre dernier, Arms Against Tyranny est la sixième extension majeure de Hearts of Iron IV. Sorti en 2016, le jeu atteint désormais une durée de vie respectable, avec un rythme d’extension que je qualifierai de mesuré. Les contenus précédents ont permis, depuis qu’il existe, à la fois de revoir bon nombre d’aspects transversaux du jeu (la production, la marine, le commandement…), mais aussi de revisiter successivement beaucoup de pays. Cette fois, la focale est projetée sur la Scandinavie, partie du monde qui était restée un peu à l’écart jusque-là et pourtant riche de potentialités.
Ainsi, tous les pays qui la composent (Suède, Danemark, Norvège et Finlande) ont été revus, à la fois de manière historique et uchronique.
Danemark et Norvège : des mineurs à redécouvrir
Je commencerai par détailler le Danemark et la Norvège, pays marqués par l’invasion allemande en 1940. Les nouveaux arbres de priorités nationales permettent d’essayer de s’y préparer au mieux et de faire face à cette attaque brutale, en renforçant les capacités industrielles et militaires de ces deux États, tout en tentant de sortir du marasme politique et de la crise de 1929. L’immersion est au rendez-vous et on grappille à l’occasion des informations intéressantes sur le contexte de cette partie du monde. Le défi est beau à relever et j’ai apprécié repousser en partie les troupes de l’Axe avec ces deux pays. Les choix proposés sont nombreux, et parmi eux la tentative de créer une alliance nordique avec le Danemark m’a beaucoup plu, quand bien même elle serait totalement inventée. À côté de cela, J’ai plutôt fait le choix de rejoindre les Alliés avec la Norvège, et de repousser avec leur aide les divisions allemandes.
Or, sans soutien extérieur, il est très difficile de pouvoir réussir dans les deux cas. Malgré les refontes bienvenues, les moyens restent très disproportionnés entre les deux camps en puissance. Ainsi, l’aide de mes alliés a été très modique en jouant le Danemark et, avec la Norvège, si j’ai pu repousser quelques tentatives de débarquement ennemi, l’absence totale de soutien britannique et/ou français ne m’a pas permis de résister, d’autant que le pro-allemand Quisling tente un coup d’État dans la région d’Oslo, difficile à juguler et qui permet à l’Axe de débarquer en force sans être arrêté…
Bref, ces deux protagonistes sont, à mon sens, difficiles à jouer. Peut-être certaines parties peuvent-elles se dérouler autrement et d’autres branches a-historiques permettre de connaître un destin différent (basculer dans le camp de Berlin ou celui de Moscou ?). Il ne m’a pas été possible de tout tester, mais j’ai vu avec intérêt un Danemark vassalisé secouer le joug allemand en 1944 et rejoindre les Alliés. Peut-être tenterai-je cela également. On appréciera donc le travail accompli, qui rend intéressantes des parties avec de petites puissances, dont on a envie de découvrir l’histoire. Je conseillerai par exemple La guerre du fer de François Kersaudy, superbe livre sur Narvik et les combats en Norvège.
Suède et Finlande, le cœur de l’extension
Les deux autres pays concernés sont la Finlande et la Suède. La première a un vécu des événements extrêmement complexe et intéressant. Neutre, attaquée par l’URSS fin 1939, continuant la guerre avec les Allemands, mais sans réellement faire partie de l’Axe, puis chassant de son territoire ces mêmes Allemands en 1944-45… Un vrai roman à découvrir grâce aux écrits de Louis Clerc, comme La guerre finno-soviétique (voir cet article) ou La Finlande dans la Seconde Guerre mondiale (voir cette fiche). Or, si, dans le jeu, l’on suit le déroulé historique des faits, Arms Against Tyranny permet réellement de se plonger dans cette histoire tragique et pleine de rebondissements. La plongée est réelle et les actions à réaliser nombreuses. Néanmoins, la très grande faiblesse numérique de la population de la Finlande rend, selon moi, difficile de l’emporter. Ainsi, j’ai pu ternir quelques mois face aux Soviétiques en 1939, mais pas assez. Dans la guerre de continuation, les troupes allemandes ne sont jamais venues me renforcer depuis la Norvège et j’ai préféré arrêter face à la ruée de l’Armée rouge… Plusieurs parties me paraissent nécessaires pour découvrir le plein potentiel de ce pays, qu’on peut aussi imaginer devenir communiste et se lancer à la conquête de ses voisins.
Finalement, contrairement à certains coups de maître dans le passé (tenir tête à l’Italie avec l’Éthiopie), j’ai été plutôt malheureux dans mes sessions de jeu de l’extension testée aujourd’hui. Je dis cela, car test ou pas, il reste lié à mon expérience propre et ne saurait constituer la seule réponse valable au contenu en question. N’hésitez pas à commenter cet article avec vos réussites ! En ce qui me concerne, j’ai éprouvé plus de plaisir de jeu avec le dernier pays dont il sera question cette fois, la Suède. Après un ratage total et une chute de stabilité énorme, j’ai repris une partie et fait le choix de la neutralité armée : renforcer mes capacités industrielles et militaires et attendre l’attaque allemande de la Norvège pour lui venir en aide. Si je réserve le fin mot de l’histoire pour un récit de partie, disons dès à présent que la monarchie des Bernadotte est le pays le plus complet des quatre. Son potentiel de développement est réel, tant militaire qu’industriel, et les interactions avec les autres parties prenantes d’Arms Against Tyranny permettent de beaux moments de jeu. Hearts of Iron IV, m’étonne encore après 213 heures de jeu au compteur !
L’industrie et la recherches revues
Hormis une Scandinavie passée à la moulinette de la refonte, les ajouts plus généraux concernent certains aspects industriels et de la recherche. En ce qui regarde cette dernière, on retrouve ainsi la possibilité d’avoir des équipes lors de la conception de nouvelles technologies ainsi que pendant le développement des matériels. C’est en partie un retour à ce qui pouvait exister dans le deuxième volet de la série, non sans bonheur. Ainsi, si vous confiez la conception et la construction aéronautique à, disons Saab ou Messerschmitt, ces équipes vont progresser dans ce domaine et débloquer différents bonus au fil du temps, ce qui est appréciable et rend ces aspects moins génériques que par le passé. Les arbres ont été complétés en fonction de cela d’ailleurs.
De plus, la vente et l’achat de matériels passent désormais par un onglet dédié, ce qui facilite la lisibilité de ce qui est disponible ou non et de ce que vous pouvez vendre. Cela complète bien le système de production sous licence déjà existant et dialogue utilement avec des actions contextuelles de l’extension, comme la vente de roulements à bille par la Suède à certains pays. Ces ajouts, qui se couplent à des rajouts mineurs (plus de spécialisation dans l’organisation des divisions, modèles d’unités pour les pays revus par l’extension…) permettent d’essayer de nouvelles stratégies et de toujours plus spécialiser ses forces armées, pour notre plus grand plaisir.
Pour plus d’informations sur Hearts of Iron IV: Arms Against Tyranny, voyez cette page sur Steam ou celle-ci chez l’éditeur. Ainsi que par exemple ces récentes présentations vidéos, et bien sûr les notes de développement sur le wiki officiel (ou par ici dans le forum officiel).




























