La guerre de Sept Ans

Rarement évoqué sur nos écrans, ce terrible conflit que fut la guerre de Sept Ans (1756-1763) revient grâce à Musket and Pike- The Seven Years War. L’occasion de citer une somme fondamentale sur le sujet : l’ouvrage d’Edmond Dziembowski, paru chez Perrin et réédité en poche dans la collection Tempus, pour le prix de douze euros. En 718 pages tout de même, l’historien revient longuement sur une guerre qui vit la France perdre la quasi totalité de sa flotte, de son empire colonial, et qui constitue à bien des égards une guerre « mondiale ».

Il décrit précisément la situation géopolitique des années 1750, où couvent les oppositions entre des États européens qui se sont déjà fait la guerre à l’occasion de la succession mouvementée de l’Autriche quelques années auparavant. Il brosse ensuite un portrait détaillé des classes dirigeantes françaises de l’époque, le choix de leur alliance contre-nature avec cette même Autriche, jusque-là ennemie mais dont les positions diplomatiques se retrouvent proches de Versailles, face à une Prusse et une Grande-Bretagne aux intérêts eux aussi concordants.

D’ailleurs rien de la duplicité du roi de Prusse Frédéric II n’est oublié, ni des appétits coloniaux britanniques et des méthodes illégales de la Grande-Bretagne pour s’assurer la mainmise en Amérique. C’est même là que débute le conflit, à la suite de séries d’incidents entre colons franco-canadiens et anglo-saxons. On suit ensuite l’extension de ces rivalités qui débouchent sur une guerre européenne générale, des combats sur les mers, jusqu’en Inde, des pays qui s’invectivent à grand renfort de propagande. Celle-ci n’est pas la seule à être expliquée car les opérations sont aussi décrites, ainsi que l’évolution des mentalités et notamment de celle des élites françaises, qui amorcent un tournant qui prépare déjà la fin du siècle.

Les raisons de la défaite de la France sont clairement mises « sur le tapis » et décortiquées, ainsi que celles de la victoire britannique… Qui porte en elle les germes de l’indépendance américaine, les 13 colonies se sentant peu remerciées de leur contribution décisive à la guerre. Bref, une contribution majeure à l’histoire du XVIIIe siècle, le tout dans un style clair et plaisant à lire. N’hésitez pas.

 

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