L’héritage
Sorti en 2012, le vénérable Crusader Kings II aura connu beaucoup de succès et une longue vie, marquée par rien de moins que 16 extensions majeures et bon nombre de DLC mineurs. Ces contenus supplémentaires auront couvert bon nombre d’aspects d’un Moyen-Age très étendu. Apprécié des joueurs, dont je fais partie, il a su nous tenir en haleine pendant de longues années, et son suivi par Paradox a été remarquable. Plutôt joli à regarder, il s’était fait plus profond et complet que le premier opus, mais restait marqué par des approximations et erreurs que j’ai pu détailler dans de nombreux articles ici même. Reste qu’il semblait difficile de le maintenir en vie encore très longtemps et le studio a annoncé le troisième volet pour l’année 2020, sans trop de précisions supplémentaires pour le moment. Gageons que Paradox laissera suffisamment de temps à ses développeurs pour boucler leur œuvre.
Les nouveautés annoncées
Parcourant les diverses vidéos, sites internet, pages de sites marchands comme Steam pour ne pas le citer, j’ai essayé de me faire une idée des nouveautés de Crusader Kings III. Le moins que l’on puisse dire est que les informations à notre disposition sont pour le moment maigres. Néanmoins les quelques premières captures d’écran disponibles font penser à une refonte graphique totale, et notamment de la carte. En gardant à l’esprit qu’elles sont peu nombreuses et le reflet d’un jeu encore en développement, je suis assez enthousiaste. Le moteur de jeu utilisé donne un résultat très joli qui semble suivre les réussites graphiques que sont Europa Universalis IV, Hearts of iron IV, et dernièrement Imperator. Toutefois, même en croisant avec les journaux des développeurs et les vidéos mensuelles expliquant les avancées du jeu, on ne voit encore que très peu d’images, qui restent souvent fixes, et il convient de rester prudent.
D’ailleurs, je trouve beaucoup de ces vidéos assez creuses finalement, et les journaux de développement nous en apprennent plus à mon sens. On comprend en les lisant que le jeu va encore plus accentuer l’aspect dynastique de la série, en complétant les rapports entre les personnages, en permettant de créer des branches cadettes d’une famille. C’est très appréciable car reflète bien la réalité de certaines familles réelles comme les Habsbourg ou la maison de Saxe, aux multiples ramifications. Reste à voir en jeu si cela ne sera pas trop compliqué.
Autour du chef graviteront donc des conseillers au rôle approfondi par rapport au passé, des membres de la famille, des intrigues et complots. Des choses auxquelles le joueur de la série est habitué, et qui seront souvent semblables au précédent opus (voir la 8e partie du journal des développeurs par exemple). Espérons que les nouveautés seront suffisantes. Toutefois on sait déjà que bon nombre de choses ont été précisées et retravaillées, pour donner plus de détails qu’avant. Ainsi, on distinguera entre puissants vassaux, à ménager, et autres. On aura des traits de personnalité bien plus nombreux et ayant une plus grande incidence qu’avant. Le tout accompagné d’une refonte graphique totale et attendue et d’interactions multiples avec les provinces de la carte pour un développement qui apparaît de bon augure.
Côté militaire, le jeu fait le pari de diviser les troupes en quelques grandes catégories : des levées, des hommes d’armes et des chevaliers. Les premiers sont conscrits au moment des guerres, les autres des meilleurs soldats entretenus de manière permanente avec différentes capacités, et les troisièmes gravitent autour du seigneur. J’ai encore du mal à voir comment tout cela tournera en jeu et j’espère que cela évoluera au fil du jeu. En effet, ce qu’on nomme « le Moyen-Age » dure de nombreux siècles et n’est pas du tout identique entre la fin de l’Antiquité, qui n’en finit pas de mourir, et le début de l’époque moderne.
Pour être honnête, j’ai l’impression que le nouveau système est un peu trop simple, et quand je lis dans le troisième journal des développeurs que la guerre médiévale est surtout faite de sièges… J’ai peur qu’on passe à côté d’autre chose. Je pense à tous les raids, escarmouches et chevauchées de la guerre de cent ans ou de la frontière entre Byzance et les puissances arabes. Mais aussi aux combats très limités en nombre du début du Moyen-Age que raconte bien Georges Duby. Au début de son livre sur la bataille de Bouvines, il explique que de tels affrontements restaient rares et revient sur la guerre au XIIIe siècle et avant, qui n’est pas la même entre Europe occidentale et rois croisés, qui est quand même le titre du jeu. On verra si celui-ci impose dans toutes les régions un modèle de combat stéréotypé qui correspond au Moyen-Age occidental central, ou s’il parvient à préciser un peu les choses. Le précédent opus ne manquait pas d’approximations à ce sujet et les armées étaient beaucoup trop nombreuses en effectifs.
Qu’en penser ?
Il est beaucoup trop tôt pour se faire un avis ferme. Les annonces donnent envie, mais le jeu qui sortira en 2020 ne sera évidemment pas aussi profond d’entrée qu’un deuxième volet avec sept ans de mises à jour et de DLC. Je pense qu’il peut renouveler la série, en gardant du bon des premiers volets et en important des concepts intéressants et applicables à la période des autres jeux du studio. Les nouveautés semblent là mais n’apparaissent peut-être pas de manière flagrante. Après quelques mois supplémentaires de jeu et des vidéos de plusieurs dizaines de minutes d’une version en cours de développement, il sera plus aisé de se forger une opinion.
Pour plus d’informations sur Crusader Kings III, voyez cette page sur Steam ou le site www.crusaderkings.com. Les différents dev diaries se retrouvent dans cette partie du site officiel.
NDLR : pour l’anecdote, sur Twitter Johann Andersson donnait il y a quelques semaines une idée du chemin parcouru, pour Crusader Kings .
– The first game had a team of, iirc, 5 people, and our entire publishing team was @TheWesterFront . The design was written in 3 days, and total development time was about 8-9 months.
– In CK2 we had an actual proper design document. We had QA on the team, and what we thought was a huge team of about 15 people inhouse working on it in total. We also spent about 18 months on the project, and our publishing department was more than 1 person.
– For CK3. There is an enormous amount of documentation and design. Regular User-Research sessions of the game. Team is very large, with multiple discipline-leaders, and I don’t even know how big the publishing wing is :)
Au dernier recensement annoncé, Paradox aurait actuellement 500 personnes travaillant sur ses différents projets :
In the past decade (2009-2019), Paradox Interactive has grown from 25 to 500 people; we have produced our first million seller, our first five million seller and have seen new records in active players every year. The average production budget for our games in 2009 was $500k
— Fredrik Wester (@TheWesterFront) December 31, 2019
Communiqué
December Update
Join us for our second monthly update in which we discuss the development of Crusader Kings 3! In this video, Rod sits down with our developers to discuss schemes, councillors, personality traits, courts and much more! This video is coming in a little bit early as we are all about to leave on holidays. The next developer diary will be published on January 14!
Don’t forget to join our Official Discord to discuss the game with fans and devs!
Dev Diary #5: Schemes, Secrets and Hooks
Dev Diary #6: Council, Powerful Vassals and Spouse Councillor
Dev Diary #7: Characters and Portraits
Dev Diary #8: Courts, Guests, and Wanderers