Vous cherchez quelque chose à même de faire impression sur vos voisins de cabine, lors de votre prochain vol court-courrier ou lors d’un long trajet en TGV ? En matière de simulation de trajectoires, un logiciel comme Angry Birds vous semble dorénavant très surfait, alors HPS et John Tiller ont probablement trouvé la perle rare à même de vous contenter, avec Touch Modern Air Power.
Comment expliquer quelle mouche a bien pu piquer John Tiller, pour l’inciter à porter sur Android l’un de ses derniers titres ? Peut-être est-ce lié à une tablette ou à un smartphone reçu en cadeau récemment ou encore, soyons fous, suite à des requêtes formulées par certains fans progressistes ? Quoi qu’il en soit, ce Touch Modern Air Power fait une apparition remarquée sur la boutique en ligne d’Amazon réservée aux jeux sur Android. L’occasion était belle d’y jeter un œil inquisiteur, histoire de constater ce qui caractérise un véritable wargame jouable sur tablette.
La récupération dudit logiciel se fait assez rapidement, si la connexion est correcte, et l’installation des onze mégaoctets paraît anachronique lorsqu’on la compare à celle des giga qui représentent désormais la norme pour la plupart des jeux sur PC. La seconde surprise survient à la découverte des graphismes du jeu, tant ils sont conformes à ce que l’on connaît de la version PC. L’unique véritable différence consiste en la taille du bandeau inférieur consacré aux menus et informations de gameplay. Si cette partie semble de prime abord flatteuse pour les yeux, permettant d’apprécier l’aspect correct des profils définissant chaque appareil sélectionné, notre appréciation change du tout au tout quand on comprend, après de multiples tentatives et recherches dans les menus de configuration, qu’il sera impossible de s’en affranchir, tout au long des parties. On s’y habituera mais autant le dire, la taille démesurée de ce bandeau et l’espace ainsi rogné sur la carte de jeu principale seront perpétuellement une tache dans ce joli tableau.
L’interface n’est finalement guère différente de celle de la version PC et en dépit d’une taille d’affichage sensiblement réduite (écran de 7 pouces utilisé ici), force est de reconnaître que le portage ne nuit en rien à l’agrément de jeu. Il convient toutefois de garder à l’esprit que la version PC pâtissait d’une clarté peu évidente à gérer, sur certaines batailles particulièrement foisonnantes (ici, opportunément omises). Malgré le vilain bandeau inférieur d’information, les trois niveaux de zoom, bien choisis et associés à une définition native flatteuse propre au Kindle, suffisent pour garantir une clarté d’affichage satisfaisante, dans la majorité des cas. La conversion en vue de l’utilisation d’un stylet capacitif, quant à elle, ne pose aucun problème notable ; même si l’usage de ce médium n’est guère instinctif pour vous, il semble ici s’imposer tout naturellement.
Reste un problème résiduel, qui consiste à jongler en permanence entre les niveaux de zoom. Autre souci, lorsque concentré sur une situation ou une zone de la carte précise, on doit retrouver un point éloigné de l’action situé à l’autre bout de la carte. Dans une telle situation, l’absence de mini carte permettant ce genre de zapping ultra rapide manque cruellement. Heureusement, ces cas sont relativement peu fréquents, ne représentant pas une gêne incontournable. Globalement on peut dire que l’adaptation sur écran de taille réduite a été très correctement gérée (j’insiste !) par le développeur et, c’est pour moi une agréable surprise, le jeu semble presque mieux adapté aux tablettes, dans son ensemble.
Le gameplay n’a subit que quelques simplifications, essentiellement liées à la réduction de l’échelle d’affichage et donc à l’absence de certains menus, par rapport à sa version PC. Dans l’ensemble, on peut dire que tout cela s’accommode fort bien au minimalisme d’une tablette, essentiellement grâce à la simplification ergonomique réalisée au niveau de l’interface. Le système d’affichage alternatif des menus sur un espace commun, dans le bandeau inférieur, permet de retrouver l’essentiel des commandes du jeu, avec une facilité qui faisait souvent défaut à son grand frère. Voilà qui tend à démontrer que certaines contraintes matérielles sont bénéfiques au processus de création, contrairement à d’autres facilités (espace mémoire ou puissance de calcul) qui semblent plutôt pénaliser le développement, faisant naître une sorte de paresse chez les codeurs. Abondance de biens nuit, comme nous le rappelle si justement le dicton…
Avec une multitude de scénarios de découverte progressive, au nombre de dix, judicieusement intitulés Flight school, complétés de sept missions de combat variées (dont une consacrée purement à un didacticiel), on peut dire que le jeu offre une durée de vie conséquente, bien dans la tradition des ludiciels de l’éditeur. Le choix de les situer dans la zone Pacifique (Japon et Corée, essentiellement) paraît judicieux, dans la mesure où il permet d’intégrer fort à propos des scénarios Search & Rescue plausibles ; sans parler, évidemment, du contexte géopolitique troublé.
Les briefings de mission, courts et concis, sont adaptés aux missions proposées ; même s’il manque tout le background habituel aux wargames et que l’accès au manuel, uniquement disponible en ligne via une connexion au site principal, peut ennuyer, on comptera néanmoins sur une aide en ligne sommaire mais utile. À noter, le manuel de didacticiel séparé au format .PDF demeure confortablement accessible pendant la partie, il suffit d’utiliser pour cela la flèche de retour du menu natif Kindle.
Si finalement le défaut majeur de ce titre réside cependant bel et bien dans une réduction de la taille, avec ce bandeau d’information omniprésent, d’un format disproportionné, force est de reconnaître ici ce qui pourrait bien représenter l’émergence d’un nouveau courant dans la politique éditoriale de John Tiller et qui sait, de H.P.S.. Difficile en effet, de ne pas rêver à l’adaptation de séries comme celle des Squad Battles, voire même des Panzer Campaigns. La première semblant évidemment être la cible parfaite pour ce genre de portage.
Peut-on pour autant parler ici de réussite complète ? Ce serait un peu trop flatteur pour ce titre qui bénéficie surtout indéniablement de l’absence véritable de concurrents à même de permettre une comparaison à son désavantage, tant ce qui est proposé par ailleurs sur ce type de plate-forme, tout genres confondus, fait pâle figure avec, au mieux, une impression de jeux conçus pour le développement psychomoteur des tout-petits.
Pour conclure il faut ajouter que le seul secteur sous-développé de ce Touch Modern Air Power réside dans une bande sonore faiblarde, voire inexistante dans le domaine musical. Seuls subsistent les sons associés aux vols eux-mêmes mais composés uniquement d’une boucle brève (cependant de bonne qualité), répétitive au point de devenir rapidement agaçante et ceux relatifs aux combats, d’un niveau en tout points équivalents. Ceci dit, rien ne vous empêchera d’associer vos propres illustrations sonores à vos parties ! Ce sera d’ailleurs votre unique possibilité puisque, évidemment, format du jeu oblige, aucun éditeur n’est ici disponible.
- Nombre de missions et zone géographique choisie.
- Présentation agréable et très professionnelle.
- Jeu fluide et bien adapté au support, dont il tire judicieusement parti.
- Nombreux scénarios relativement courts et variés.
- Version gratuite !
- Ergonomie perfectible ; le bandeau d’information est un ratage majeur, par sa taille.
- Bande son, parent pauvre du jeu.
- Manuel très complet mais en ligne.
- Options de personnalisation un peu trop limitées.
Sortie : 3 juillet 2013.
Studio – Éditeur : John Tiller Software.
Site officiel : www.johntillersoftware.com
Prix éditeur : version gratuite.
Version testée : v1.02 sur Kindle Fire HD 32Go. Version française prévue ? Non. Disponible sur Amazon pour Kindle (Android), sur iPad et aussi sur Google Play.