Après Eckmuhl, Wagram et la campagne de Prusse, John Tiller, le créateur et développeur des simulations militaires HPS ne pouvait pas passer à coté de la campagne de Prusse de 1806.
Bien que les effectifs militaires prussiens soient impressionnants, nous sommes à l’apogée de l’empire français. Moins d’un an après Austerlitz, jamais l’armée de Napoléon n’a été aussi forte. Malgré cela, les Prussiens et les Russes ont tout de même décidé d’affronter une nouvelle fois l’empereur.
Le théâtre des opérations a pour cadre la Prusse et la Saxe, à travers 35 cartes, une quarantaine de scénarios historiques avec quelques options alternatives et trois campagnes qui offrent aux joueurs une vision complète voire exhaustive de cette campagne. « Action on 14 october 1806 » couvre la progression prussienne vers Naumburg que Napoléon s’apprête à intercepter ; « The Russians are coming » porte sur l’arrivée des renforts russes de Beningsen sur une énorme carte de 6000 km 2 ; et enfin « von Scharnhorst’s Campaign Paln » s’avère la campagne al plus imposante du jeu en permettant au joueur prussien d’appliquer le plan du général von Scharnhorst. La carte s’étend de Halle à l’ouest à la rivière Oder à l’est et de Berlin au sud à Dresde au nord.
Le jeu se joue toujours en solo contre l’intelligence artificielle (correcte sans plus mais toujours supérieure à celles d’autres jeux), à deux sur le même PC, en multijoueurs sur le réseau ou par le Net. Mais la meilleure des façons de jouer reste par email (PBEM).
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Le jeu reste classique. Je dirais même trop classique ! Les mécanismes sont bien huilés, l’interface reste identique, les règles ne varient que très peu (sur les mêlées, les charges de cavalerie, la gestion du passage des rivières, etc.) Par contre, la Jump map view s’avère indispensable tant les cartes sont énormes. Cette vue est très pratique pour avoir une vision complète du champ de bataille et pour se déplacer d’un point à un autre rapidement et avec précision.
Le jeu demeure vraiment limite pour ce qui est du mode 3D. La finition est grossière, les couleurs de mauvais goût et l’ensemble reste très confus. Je préfère largement, et sans aucun hésitation, rester en deux dimensions avec les symboles OTAN. La bande-son et les effets sonores n’ont rien d’exceptionnels, la musique devient même rapidement horripilante. Heureusement il est possible de la couper.
Deux modifications par contre ont leur importance. La première concerne la durée du tour de jeu. Auparavant un tour de jeu de la série équivalait à 15 mn, désormais cette durée tombe à 10mn. Cela donne plus de tonus au jeu tout en permettant au défenseur de mieux s’organiser. Ainsi lors d’une charge de cavalerie ennemie, nous aurons le temps de mettre nos infanteries en carré. Ensuite, la fin des éliminations lors de la mêlée permet de réduire les blitz sur les zones de contrôle.
Ceux qui avaient été troublés par la faiblesse des coalisés à Waterloo peuvent se rassurer. Les Prussiens ont ici un moral bien supérieur, ce qui équilibre davantage les camps et complique la tâche du maréchal Davout à Auerstadt où il combat à 3 contre 1, démontrant tout son génie.
Le jeu peut paraître complexe pour un néophyte, mais il se prend en fait facilement en main, et quelques parties sur des scénarios courts (d’une dizaine à une vingtaine de tours) permettent d’approfondir la subtilité de la plupart des règles. La dernière étape pour bien comprendre le jeu est de se confronter à des joueurs humains plus expérimentés à travers des PBEM où ils se feront une joie de renseigner et aider les nouveaux venus. Un site de référence francophone existe : www.campaigns-france.org (NDLR : ce site Web est désormais fermé). Par ailleurs, vous pourrez trouver sur ce site al traduction en français des règles de base des campagnes Napoleonic Battles.
De l’utilité des tirailleurs
Je ne vais pas revenir sur l’ensemble des mécanismes du jeu qui ont déjà été plusieurs fois abordés mais je vous propose d’étudier plus en avant les tirailleurs. Ces derniers provoquent souvent l’exaspération des joueurs en multipliant le nombre de pions et rendant les manœuvres un peu plus confuses. Pourtant c’était une tactique courante à l’époque avec des nuées de tirailleurs qui harcelaient, trompaient et épuisaient les troupes adverses avant que l’infanterie ne remporte la décision.
Rappelons que les tirailleurs sont soit des éléments détachés des unités d’infanterie d’une manière limitée à raison d’une compagnie par bataillon, soit constituées par des unités d’infanterie légère qui peuvent se déployer entièrement en tirailleurs. C’est durant la phase de mouvement que nous pouvons les déployer ou à l’inverse les regrouper. Attentions toutefois ! Souvenons-nous aussi que si une compagnie d’infanterie légère a totalement été déployée en tirailleur, il n’est plus possible de regrouper les bataillons (puisque par définition il n’y a plus de compagnie constituée). Pour ne pas subir un désordre de l’unité, veillons donc à les laisser à moins de 5 hexagones de l’unité mère, sauf pour ceux provenant de l’infanterie légère ou de la garde, qui peuvent s’éloigner.
Les tirailleurs présentent quelques particularités : ils ne possèdent pas de zone de contrôle et son donc très sensibles à la cavalerie ; ils permettent le feu ami à travers l’hexagone qu’ils occupent, avec toutefois un malus de 20% pour les tirs ; ils peuvent tirer dans toutes les directions à 75% de leur valeur sans avoir à effectuer une rotation ; enfin, ils bénéficient d’un fort bonus défensif dans les terrains procurant un couvert comme les habitations ou les terrains difficiles.
Au vu de leurs caractéristiques, l’utilisation optimale est donc essentiellement défensive pour fournir un écran devant les lignes de défenses, ou freiner la progression de l’ennemi en terrain accidenté.
Article initialement publié en février 2007 dans PC4War. Le jeu se trouve désormais chez John Tiller Software et depuis sa sortie il a bénéficié de plusieurs mises à jour, dont de meilleurs graphismes (voir cette brève et les différents changelogs sur cette page). Pour plus d’informations sur Napoleonic Battles – Campaign Jena-Auerstedt, voyez cette page chez HPS, pour l’ancienne version, ou celle-ci chez JTS, pour la version récente.
Points positifs et négatifs
- Campagnes et scénarios très riches
- La durée des tours
- Trop peu d’innovations
- Pions 3D toujours aussi laids
- Interface austère