Le travail de l’historien est aussi de faire la chasse aux idées reçues, en essayant d’approcher au plus près de la vérité historique, ce qui est le cas ici. L’auteur, chercheur au CNRS, revient donc longuement sur la civilisation gauloise, finalement très mal connue et souvent réduite à ce qu’en disaient les Romains ou à des formules bien connues comme le « Nos ancêtres les Gaulois » de la IIIe République, d’ailleurs titre du livre. On a souvent en tête l’image de guerriers braillards et querelleurs, volontiers popularisée par l’excellente bande dessinée Astérix. Or, on découvre là des gens certes très divisés politiquement, mais capable de construire de bonnes routes, de s’inspirer des Grecs et des Romains dans le domaine de la monnaie ou de l’écriture… Mais aussi d’innover: ils inventent le tonneau, de bons outils, le couteau rétractable. Si la France n’existait pas lorsqu’ils vécurent et que l’importance de l’origine celtique de celle-ci a été soulignée surtout depuis la Révolution de 1789, leur souvenir demeure, notamment dans des noms de lieux (Verdun, Paris…) et peut-être plus profondément d’après d’autres historiens comme Fernand Braudel. La fameuse expression doit donc être mise en lumière et ce livre aide à le faire.
Or, cette vision ne tient pas face à une analyse scientifique sérieuse, comme le livre dont il est question aujourd’hui. Écrit par le chercheur au CNRS Jean-Louis Brunaux, il reprend la « question gauloise » et explique au lecteur qui ils furent, ce qui n’en est pas moins passionnant car ils existèrent bel et bien ! Leur société est passée au crible, et l’on pourra compléter cette lecture par les ouvrages de Christian Goudineau, autre grand spécialiste des Celtes de l’Antiquité.
On en ressort grandi intellectuellement, même s’il n’est pas toujours facile de revenir sur ce que l’on croyait vrai. Enfin, le tout se lit facilement, dans un format poche à moins de dix euros aux éditions du Seuil. Parfait pour accompagner vos parties de Field of Glory – Empires !
Je vais le lire.
Il y a une chose qui m’amuse quand j’entends dire que nos ancêtres les gaulois, c’est une erreur, c’est de prendre le contrepied et de penser que, de la même façon, dire que les gaulois ne sont pas nos ancêtres en est une encore plus grosse^^
Disons qu’ils ne sont pas les uniques ancêtres de ce qui allait devenir la France, j’ai oublié un mot. Braudel résume bien la question, parlant de dualité celte et romaine, mais de batailles importantes perdues par les Celtes: celles de la langue et de la religion.
J’ajoute un lien utile envoyé par Jean-Baptiste, vers un article très dense sur le sujet, pour ceux intéressés :
L’historiographie des origines de la France https://www.cairn.info/revue-annales-2003-1-page-41.htm