Alors que nous reparlons de la période révolutionnaire et impériale avec le Nation in Arms de Compass Games, l’idée me vient de vous présenter au fur et à mesure des livres que je considère comme très importants. Il s’agit des différentes synthèses scientifiques ayant rendu l’histoire militaire de la France bien plus accessible qu’il y a quelques décennies. Je commencerai aujourd’hui avec un ouvrage justement consacré à la période contemporaine, la Nouvelle histoire militaire de la France de William Serman et Jean-Paul Bertaud qui va de 1789 à 1918.
Les deux auteurs, chercheurs confirmés, nous livrent un ouvrage qui traite le sujet de manière globale. On a non seulement le récit des grandes campagnes et batailles, mais aussi tout ce que la recherche a défriché depuis les livres d’histoire-bataille. C’est-à-dire qu’on ne s’arrête pas à l’unique récit des combats. Les historiens s’intéressent aux origines sociales des soldats et des cadres, à leurs convictions politiques et religieuses, à leur cadre de vie, leur armement. Les auteurs parlent aussi de la relation entre l’armée et l’État, que ce soit pour le défendre ou renverser les régimes. Le haut commandement, les écoles militaires et le fait colonial ne sont pas non plus oubliés dans ces 855 pages qui se lisent facilement… Que ce soit en entier ou les passages qu’on aura sélectionnés. C’est en fait toute l’histoire de France qui est vue avec le filtre militaire, et cela permet de mieux appréhender tout le reste : l’économie, la religion, les sciences et techniques, la société…
Le centrage sur une chronologie restreinte, qui correspond bien à la spécialité des auteurs, permet d’ailleurs de plus fouiller que dans une synthèse plus générale dont l’intérêt est un peu différent. On se désolera juste du prix : une quarantaine d’euros, comme toujours avec les grands formats de chez Fayard.
Une excellente synthèse de deux de mes anciens profs, tous deux décédés, et qui était passée inaperçue en 1998. Même pour le prix, une bonne initiative de le laisser au catalogue Fayard, d’autant que des synthèses plus récentes mais « trop larges » sont décevantes.