C’est par un petit matin maussade que je parviens au 27 place Saint Georges, au pied de la Bibliothèque Thiers, les yeux encore embués de s’être ouverts bien trop tôt, mais prêts également à s’ouvrir en grands dès que le seuil sera franchi. Entrons découvrir la cinquième édition de l’OPJH.

Le 28 septembre 2019, les étoiles étaient afin alignés. Depuis la veille pour être précis, et cet événement se poursuivrait encore le lendemain.

Comme tous les ans, les initiés se retrouvaient en la place par les deux grands maitres de cérémonie choisie et, allaient s’adonner, dans des langues parfois lointaines, s’adonner à l’orgie ludique attendue depuis des semaines.

Plaisir d’offrir, joie de recevoir. L’Open de Paris des Jeux d’Histoire c’est deux hommes : Guillaume Bouilleux, alias monsieur Guillaume, le bel éphèbe aux commandes d’Ajax Games et donc producteur d’Opération Commando, et Pascal Toupy, alias Bonzillou, co-concepteur de Great War Commander (voir cet article)  et de Saigon 75 (voir cette présentation). Vue l’organisation de l’événement, qui a rassemblé pas moins de 657 curieux cette année, on se demande si ces deux là ne sont pas doués de pouvoirs miraculeux. Il paraitrait que Disney aurait tenté de les débaucher pour le prochain Marvel !

Vouloir tout explorer en une seule journée est rêve chimérique. Il convient donc de faire des choix. Cet article n’est pas exhaustif, malheureusement, mais saura vous donner quelques regrets si vous étiez resté chez vous à cause de l’anniversaire de votre conjoint, pauvre fou que vous êtes (mais Gloire à Vous !).

Après avoir révélé le contenu de nos sacs à deux costauds chargés de notre sécurité, nous arrivons au comptoir où l’on nous affuble d’un très joli bracelet rose, sous le regard bienveillant de nos hôtes. Et à partir de cet instant on commence à serrer des mains, on reconnaît des copains, on est reconnu par des inconnus.

Par où commencer, le plus simple pour moi sera de revivre cette belle journée à travers pêle-mêle une sélection de photos.

Après être passé devant le sympathique libraire, que l’on tente d’éviter pour ne pas succomber à l’appel de tous ces titres alléchants qui ne demandent qu’à venir emplir nos étagères, nos yeux sont immédiatement attirés par un roll up arborant fièrement le logo de Serious Games Network – France.

1 – On retrouve ici la fonction première du Kriegsspiel : la formation. L’idée est de proposer des outils de réflexion et / ou d’entrainement. On retrouvera par exemple Resilience, par l’excellent Patrick Ruetschmann (gestion de crise au niveau politique), qui vient tout juste de sortir. Il m’a également été présenté KRISE qui, destiné aux forces de gendarmerie, permet de vivre ou revivre des situations réelles de maintien de l’ordre, avec introduction de casseurs, de blessés, ou de magasin à préserver. Le point fort est qu’il peut se pratiquer sur une carte IGN, rendant l’exercice encore plus réaliste et utile. Je n’ai pas testé, mais j’ai adoré le concept !

Si le concept des Serious games vous intéresse, voyez le site Serious games network – France.

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2 – Juste à gauche, dans la salle réservée aux éditeurs, se trouvait le stand de Nuts ! Étaient étalés des jeux sortis cette années comme La Grande Guerre (voir cet article – le Mémoire 44 version Première guerre mondiale) ou 1066 (le jeu de carte permettant de revivre l’arrivée au pouvoir de Guillaume de Normandie), et d’autres plus ou moins prêts à rejoindre les étals, comme Saigon 75 (le nouveau jeu de Pascal Toupy), ou …

3 – This War Without an Enemy, qui traite de la guerre civile anglaise. Les graphismes sont d’un Français, Nicolas Roblin. A croire que les Nicolas sont tous des graphistes hors-pairs : son travail est magnifique. Le concepteur Scott Moore, nous expliquera, in english of course, les mécanismes de ce jeu à blocs qui ravira les amateurs des œuvres du catalogue Columbia Games.

4 – Petit jeu qui m’a totalement séduit par son plumage, qui devrait malheureusement se voir modifié, 300 permet de revivre les Guerre Médiques. Issu du cerveau fécond d’un japonais, il oppose deux armées complètement asymétriques (Perses nombreux contre Grecs puissants). Il s’agit d’un jeu piloté par les cartes qui offre aux joueurs des choix parfois terribles : acheter plus d’unités ou de cartes ? Jouer chaque carte pour son événement ou pour activer une armée ? Celui-ci va rejoindre ma ludothèque dès sa sortie ! (d’autres théâtres d’opération seraient d’ores et déjà prévus…)

5 – L’incontournable Nicolas Stratigos, le rédacteur en chef de VaeVictis, était bien évidemment présent, avec ses jeux les plus récents. J’ai même vu un petit garçon d’une huitaine d’année accourir vers le stand d’un œil connaisseur (avant d’expliquer à sa mère médusée les tenants et aboutissants des batailles de Louis XIV. Incroyable !). Nicolas se fait présenter Les Conquêtes de Bonaparte, une simulation autant militaire que sociétale. C’est l’un des jeux qui utilise des figurines pour représenter les troupes, un engouement qui tend à se développer.

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6 et 7 – Sur l’emplacement dédié aux productions Wisdom Owl (Invasions), nous retrouvons Christophe Barot (auteur de Grand Siècle, paru chez Azure Wish en 1993). Surfant sur la mode des jeux pilotés par cartes, le jeu, prévu pour quatre joueurs couvre les seize années précédant le début de la Première guerre mondiale. J’ai beaucoup aimé le plateau de jeu.

Était également présenté Corsica, qui s’inspire du mythique Britannia, et qui propose de faire revivre à quatre joueurs l’histoire de l’Ile de Beauté. Un futur Kickstarter en vue ! Le jeu a en tout cas été très bien accueilli.

Mais ce qui a surtout retenue mon attention c’est La Guerre des Tranchées, un jeu de cartes qui a pour vocation de nous faire revivre les combats pour occuper la tranchée ennemie à la fin de la guerre. Quelques libertés mineures ont été prises quant à l’historicité (là c’est le spécialiste qui parle), mais cela permet surtout de rendre le jeu très accessible.

Cela m’a fait penser au jeu vidéo en flash, Warfare 1917 (voir cet article), le côté répétitif en moins. Ce jeu me plait : j’ai gagné la partie face à un adversaire coriace !

 

 

Corsica
La Guerre des Tranchées
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Verdun 1916

 

Verdun 1916 – La Première Guerre mondiale a décidément le vent en poupe puisque sur un stand voisin était présenté Verdun 1916 : Steel Inferno, qui sera publié l’année prochaine.

Le plateau représente la région de Verdun. Pourtant, le jeu prend en compte les autres événements ayant eu lieu en cette année 1916 et qui peuvent avoir eu des effets sur la bataille en elle-même. Le système est relativement simple puisque des néophytes ont été rapidement initiés par un intervenant très dynamique.

Des cartes à jouer, illustrées par Jacques Tardi, pour activer ses unités et des cubes en bois pour symboliser celles-ci, on ne peut pas faire davantage dans l’air du temps !

 

Pour de plus amples informations sur l’Open de Paris des Jeux d’Histoire et les nombreuses activités proposées, voyez le site officiel.

 

14 et 15 – Les plus jeunes se retrouvaient également avec plaisir aux commandes de coucous (Wings of Glory, et ses superbes nappes). L’avenir semble bel et bien appartenir aux figurines !

16 à 19 – Chez Asyncron, l’Antiquité était mise en avant, avec Hannibal & Hamilcar (meilleur wargame 2018 pour BoardGameGeek et qui gagne le Tric Trac d’or 2019 par la même occasion) et Successors, sa suite (en réalité une réédition du jeu de Avalon Hill, de 1997).

Il n’y a pas à dire : les figurines ajoutent vraiment du relief aux tables de jeu !

20 – Chez Asyncron toujours, Arnaud de Peretti nous faire revivre la Guerre de Cents Ans à travers un jeu piloté par cartes. Cela semble excellent. Les Grognards auront remarqué la ressemblance avec la série des Birth of (voir cet article). Cela tombe bien, c’est le même éditeur qui est aux commandes !

21 – Un peu plus loin, Defcon1 rassemblait quatre gaillards autour d’une atmosphère aux parfums de Twilight Struggle (voir cet article).

22 à 25 – Chez les Shakos Boys, on prépare le futur ! Et tout le monde s’y met, y compris le sémillant graphiste Nicolas Treil.

Étaient organisées des parties de Napoléon 1806, des démos du prochain Napoléon 1807, sa suite, d’Arsouf, sur un système proche de celui de W1815 (qui s’exempte de toutes manœuvres et confie aux cartes d’activation le soin de déterminer les pertes à infliger aux différents corps), et enfin d’un jeu simulant les premiers mois de 1914, en France.

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A suivre…

  1. Très cool, ce côté intimiste ! On voit bien que l’activité demeure encore quelque peu confidentielle et en un sens, c’est presque mieux ainsi. On reste bien loin des grand-messes du jeu vidéo, avec tout le bling bling qui tourne autour. On se sent encore bien dans nôtre niche… ! ;)

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