C’est peu dire que l’on attendait cette campagne depuis longtemps : je me souviens avoir demandé à John Tiller s’il était prévu de la faire rapidement… en 2001, juste après la sortie de Smolensk ’41, le premier jeu de la série !
Il est enfin là, et comme à l’accoutumée chez HPS le menu est copieux : la carte est immense, couvrant une partie de la Hollande, la Belgique, tout le nord de la France, allant au sud-est jusqu’à la Ligne Maginot, et à l’ouest jusqu’à Boulogne !
Le jeu se focalise sur les quelques semaines qui virent la débâcle alliée, depuis l’attaque allemande du 10 mai jusqu’à l’évacuation de Dunkerque le 30.
Outre la « grande campagne » en 140 tours, comme d’habitude réservée aux mordus (des centaines d’unités à manoeuvrer), la vingtaine de scénarios livrés permet de revivre les grands moments de la campagne dans un format nettement plus jouable. La plupart des situations voient naturellement l’Allemand à l’attaque, et terrain excepté, peuvent rappeler la Russie en 41 : une Wehrmacht à son zénith bénéficiant d’une totale supériorité aérienne, mais avec des matériels blindés encore fragile, face à des Alliés nombreux mais à la combativité vacillante.
Côté allié, il n’est pas difficile de faire mieux qu’historiquement, en formant des réserves mobiles blindées et mécanisées, qui seront employées à contrer les percées allemandes. Et comme le jeu ne simule pas les déficiences tactiques des chars français et anglais, cela en fait des adversaires plus qu’à la hauteur des Panzers !
Les contre-attaques seront quand même difficiles, dans les scénarios les nombreuses unités « fixées » gênent la concentration des forces, et le moral médiocre des unités françaises (C au mieux, D-E souvent) amène souvent leur désorganisation sous le feu ennemi. Rien de nouveau dans les mécanismes du jeu : rôle du commandement très simplifié, pas grand-chose pour simuler les difficultés de coopération entre armées alliées, seulement un malus d’armes combinées en cas d’assaut, mauvais rendu des grands encerclement (défaut déjà bien visible sur le front de l’Est) : les unités ont tendance à se faire massacrer sur place. Le système montre ses limites dans la campagne : il est possible de réformer complètement l’armée française et de jeter aux orties les doctrines de l’époque, mais pas de réorganiser plus intelligemment la défense des frontières, le théâtre de la Ligne Maginot étant hors carte.
On peut donc faire à France ’40 le même reproche qu’aux autres jeux de cette série : à vouloir tout simuler avec un système générique, on perd la saveur de chaque campagne… Mais il offre quand même de bien belles batailles, où il est possible d’arrêter les Panzers !
Deux anciennes captures d’écrans dans cet article montrent la version HPS du jeu (2005), les autres images, en en-tête et ci-après, illustrent la dernière version Gold du jeu (voir aussi cette brève), par WDS. Le jeu est actuellement en version 4.0, ayant nettement évolué sur la forme et bénéficié au fil des patchs de diverses améliorations des règles.
NDLR : cet article, anciennement publié dans la rubrique Cyberstratège du numéro 62 de VaeVictis (mai – juin 2005), est ouvert à tous, ne nécessitant pas d’abonnement pour être lu. Vos abonnements sont importants pour que la Gazette du wargamer puisse continuer d’évoluer tout en proposant aussi des articles en accès libre. Pour soutenir le site et son équipe, abonnez-vous.
Attention, l’ensemble des anciens jeux HPS après avoir été depuis 2010 chez John Tiller Software, se trouve désormais chez Wargame Design Studio (voir cet interview). Les jeux ont bénéficié ces dernières années de mises à jour techniques et surtout graphiques importantes les rendant plus agréables à jouer. Pour plus d’informations sur Panzer Campaigns – France ’40 voyez cette page chez WDS. B.L.
Les scénarios
Les scénarios se regroupent en quatre phases.
10-13 mai – Maastricht (fort d’Eben Emael), Chabrehez (tutorial), Gembloux (Hannut), et Orp : l’armée française se précipite à la rencontre des Allemands en Belgique. Scénarios intéressants et souvent équilibrés, les Français ayant des troupes de qualité.
13-15 mai – Dinant, Meuse, Sedan : la percée dans les Ardennes, et le passage de la Meuse. La défense est relativement nombreuse, mais de piètre qualité, et ayant peu de soutien.
15-17 mai – Stonne et Montcornet : les contre-attaques françaises sur les flancs des Panzers. Stonne fut une bataille importante, la ville changeant de mains plusieurs fois. Un scénario palpitant ! Montcornet voit la fameuse attaque de De Gaulle à l’assaut des positions allemandes, sans soutien d’infanterie et presque sans essence… un échec prévisible.
20-21 mai – Arras : contre-attaque franco-anglaise qui s’enlisa vite. La variante « Amiens » met en scène une attaque de plus grande ampleur, supposant que Gamelin soit resté en poste pour l’exécuter.
24-30 mai – Dunkerque, Commines et Abbeville : la course à la mer des Panzers se termine, Dunkerque doit tenir pour permettre à la BEF de rembarquer, de violents combats font rage sur le périmètre. Les Allemands passent aussi la Somme, et la contre-attaque alliée sur Abbeville est brisée.
NDLR : une info pratique en passant. Wargame Design Studio a confirmé il y a peu que les soldes d’été 2022 auront lieu du 17 juin au 4 juillet prochain. L’ensemble des titres JTS / WDS, sauf deux récents (Civil War Battles – Forgotten Campaigns and Naval Campaigns – Kriegsmarine) seront alors à -25%.
Captures d’écrans de la version Gold (fin 2018)
Vous trouverez d’autres captures d’écrans de la version Gold du jeu dans nos archives par ici et par là.