Voici un court récit de partie destiné à vous présenter une des nombreuses batailles jouables dans le nouveau Pike and Shot, ici en multijoueur. Il s’agit de la bataille de Gravelines, qui a eu lieu en juillet 1558 et qui historiquement vit les espagnols infliger une sérieuse défaite à l’armée française. Les troupes françaises sont attaquées par surprise alors qu’elles franchissent la rivière Aa. Pour ce premier essai, Arnaud et moi-même pensions qu’il s’agissait d’une partie facile, le sort de l’armée française prise au piège semblant scellé d’avance. Que nenni !
Historiquement : article sur Wikipédia (voir aussi l’article en anglais)
Wikipédia : La bataille de Gravelines (13 juillet 1558) est une victoire de l’armée espagnole commandée par le comte d’Egmont sur l’armée française du maréchal de Thermes.
Suite à la prise de Calais par le duc de Guise, une expédition française placée sous les ordres du maréchal de Thermes franchit l’Aa à Gravelines mais sans parvenir à s’emparer de la ville. Après avoir pillé la ville de Dunkerque, l’armée française chargée de butin, bat en retraite vers la frontière mais est rattrapée par l’armée espagnole.
Les Espagnols étaient appuyés par la marine anglaise et les populations flamandes autochtones.
Coté français (Bertrand)
Cette bataille est assez déséquilibrée, les espagnols ayant l’avantage du nombre, une meilleure position de départ et le soutien de navires bombardant la côte par laquelle les français s’en allaient. Le joueur coté français n’aura donc que très peu de choix, et devra faire au mieux pour encaisser les coups. Si vous n’aimez pas les défis ce scénario multijoueur ne vous plaira probablement pas. En effet dès que les deux armées sont enchevêtrées au corps à corps c’est « l’IA tactique » qui prendra ou influera nettement sur une bonne partie des actions possibles.
Sans détailler ici le système de règles, pour résumer sachez que les unités ne peuvent rompre une mêlée (sauf en perdant le combat et fuyant ; la cavalerie peut toutefois s’échapper plus facilement face à l’infanterie) et ont des limites quant aux cibles qu’elles peuvent attaquer prioritairement, spécialement pour les unités légères qui ne peuvent pas forcément charger certaines unités lourdes.
A cela s’ajoute aussi les contraintes des tirs de réaction, des zones de contrôle et des types de mouvement (e.g. une grosse unité de piquiers se déplace et tourne lentement). Sachant que bien sûr l’idéal est d’attaquer l’adversaire de flanc ou par l’arrière pour maximiser les dégâts et surtout, c’est le point capital, faire flancher le moral des soldats ennemis. Il faut donc choisir avec le plus grand soin qui engager au contact, et après avoir un peu de chance lors des jets d’attaque et de moral.
Dans cette bataille le but est coté français plutôt de « gagner » en minimisant les pertes subies par rapport à celles infligées à l’ennemi. Une défaite complète espagnole est théoriquement possible mais concrètement très difficilement envisageable. Ici, sans avoir vraiment gagné (mon armée est en déroute), et malgré l’importante difficulté de contrôler les troupes une fois qu’elles sont en plein combat, je n’ai finalement pas complétement perdu.
Au delà du défi tactique si vous souhaitez voir comment ont pu se dérouler les événements à l’époque, cette petite reconstitution vidéoludique offre un bel aperçu.
Coté espagnols (Arnaud)
Avec près de 5 000 hommes de plus que les forces françaises (soit 50% de leurs effectifs), les troupes espagnoles soutenues par des navires anglais sont en position très favorables pour pièger toute l’armée du Maréchal de Thermes.
Deux grosses unités de cavalerie barrent la route côtière et sont en position pour charger l’avant-garde adverse. Juste à leur droite, trois unités équivalentes sont à portée. Huit formations de piquiers des Pays-Bas précédées d’autant d’unités d’arquebusiers forment ma ligne principale de bataille. Enfin, tout à droite, le long de l’Aa, un demi-millier de cavaliers pourront intervenir sur les forces françaises en train de traverser le cours d’eau.
Mon plan est simple : semer immédiatement le désordre dans l’avant-garde et avancer toute ma ligne de combat au contact rapide avec l’ennemi afin de l’empêcher de se déployer ou de profiter de sa propre cavalerie. J’espère aussi pouvoir harceler ses unités par les tirs des canons embarqués sur les navires anglais.
La phase initiale se passe plutôt bien pour ma cavalerie. Mais très vite, mes arquebusiers sont pris à partie par les mercenaires adverses lansquenets qui tiennent très bien le choc et les pertes.
Au bout de quelques tours, l’avant-garde française est complètement en désordre mais mon centre craque devant les piquiers qui avancent imperturbablement. A ma droite (NDLR : donc pour Arnaud sur la gauche dans les images ci-contre, prises coté français), je réussis à engager l’arrière-garde française mais en ne parvenant qu’à la mettre partiellement en déroute.
Très vite, les démoralisations s’accumulent dans mes rangs et en particulier sur mes grosses unités de piquiers, ce qui me rapproche inexorablement du pourcentage décisif de déroute de l’armée.
Malgré une supériorité numérique encore évidente et une bataille qui s’est transformée en engagements isolés les uns des autres, je ne réussis pas à faire remonter les déroutes adverses plus haut que 38%, alors que les miennes dépassent finalement les 60% qui mettent fin à la bataille.
Surprise et perplexité dans les deux camps. Mon artillerie n’a pas eu d’effet significatif, l’absence de règles de formations a permit au français de bousculer ma ligne principale sans se préoccuper trop de ses flancs qui s’effondraient, les combats ont paru parfois très peu létaux mais très rapidement déstabilisants.
Après réflexion, quelques conclusions s’imposent. Mon plan basé sur ma seule supériorité numérique a totalement négligé la supériorité qualitative des lansquenets. J’ai engagé bien trop vite mes piquiers et sacrifié mes arquebusiers au contact. J’aurais du harceler la ligne française avec le tir et maintenir un écart entre les tireurs et les unités de choc afin d’amortir l’assaut français. De même, j’ai sacrifié trop de cavaliers dans des assauts sans réelle supériorité numérique en voulant attaquer partout où ils le pouvaient.
Belle leçon. Ne jamais vendre la peau de l’ours pris au piège avant de l’avoir tué mais surtout ne jamais négliger tous les facteurs tactiques.
Pike and Shot est un jeu exigeant. Mais sa relative rapidité (le PBEM est parfaitement adapté aux tours de jeu et aux effectifs) permet d’enchainer les parties pour grimper doucement la longue courbe d’apprentissage.
Arnaud et Bertrand
A lire aussi en complément ce billet sur le blog Au fil des mots et de l’histoire : Le 13 juillet 1558 – La bataille de Gravelines
merci pour ce récit de bataille bien intéressant
Je recommande ce jeu fort sympathique, sur une periode assez negligee qui plus est. Le rendu entre les differentes- disons les deux- epoques principales est bien fait, on sent l evolution des armees entre la renaissance et la guerre de trente ans. Assez varie, les escarmouches sont bienvenues pour le multi, apres il y a encore qq defauts mais on en est qu au debut d un jeu qui aura un certains nombres d extentions au vu de son potentiel/ qu il s agit autant d un moteur que d un jeu en soi.