Suite de notre aperçu du deuxième scénario proposé en guise de démonstration ce mois-ci pour la prometteuse déclinaison à grande échelle de la série Field of Glory. Et donc de la découverte des intéressants mécanismes de ce prochain jeu de grande stratégie cette fois par le prisme de Carthage.
La première partie de cet article se trouve par ici. A lire également notre précédent aperçu avec Rome.
Attaquer les Numides semble donc un bon moyen d’entraîner son armée initiale tout en mettant la main sur de belles ressources. Mais une guerre avec les Numides va quand même prendre un certain temps, et probablement occasionner quelques pertes. Pendant ce temps-là les autres royaumes ne vont pas rester inactifs. Il faudra inévitablement investir plus, militairement, toujours assez rapidement. Ce qui n’est pas le point fort de Carthage. Si les carthaginois peuvent facilement s’enrichir, leur potentiel humain, donc en troupes, est lui assez limité. Et l’emploi de mercenaires coûte de plus en plus cher au fur et à mesure qu’il faut en recruter de plus en plus pour ses conquêtes.
Comme vous le devinez, ce scénario offre une belle palette de choix, que le système élaboré et riche en nuances de Field of Glory – Empires permet de plus ou moins moduler au fil des événements.
Lors d’un essai, j’ai choisi de ne pas renforcer la belle province carthaginoise d’Eryx en Sicile, en comptant sur l’inaction de Syracuse. Rapidement est arrivé aux portes de ma ville le général Euripides, avec une armée un peu supérieure en nombre face à mes défenseurs, mais nettement supérieure en efficacité au combat… La flotte carthaginoise qui permettait de garantir le ravitaillement du port d’Eryx (donc d’éviter certains malus d’un siège), n’a pu que constater la chute rapide des défenseurs. Ainsi au cinquième tour de jeu, je perdais déjà une province importante. C’était le but de cet essai.
En recommençant la partie, j’ai donc pris soin de renforcer un peu la province d’Eryx, avec quelques bonnes unités supplémentaires. Unités qui vont se retrouver cantonnées en garnison, donc immobilisées. Cette dépense, pas importante mais pas négligeable quand même en début de partie, aura eu pour effet de me permettre deux choses. Primo encaisser l’assaut de Syracuse et ne pas perdre Eryx. Deuxio offrir à la flotte carthaginoise la flotte de Syracuse, qui tenta un mouvement risqué.
Je ne perdais donc pas une de mes riches provinces, mais cette victoire ne me permettait pas pour autant de contre-attaquer, car justement les Numides me donnaient du fil à retordre depuis que j’avais refusé leur proposition d’alliance pour les convaincre, manu militari, que leurs mines de fer seraient mieux utilisées par les forgerons carthaginois.
Si à ce moment je n’avais pas été en guerre avec les Numides, j’aurais pu plus facilement assiéger Syracuse, et probablement mettre la main sur une mine d’argent. Pour vous donner une idée plus précise, lors de cet autre essai je suis parvenu à conquérir l’ensemble du territoire numide au 18ème tour. Il doit être possible de le faire un peu plus vite, selon le type et le nombre de troupes que l’on envoie, selon la rapidité avec laquelle on fera des brèches pendant le siège, mais cela n’influe pas beaucoup sur le fait qu’assiéger non pas une mais trois provinces fortifiées en Sicile nécessiterait encore plus de temps et de troupes.
Si lors du précédent scénario on a pu voir un nombre de choix intéressant mais limités avec Rome, du fait en tout début de partie de la situation géographique de départ de Rome évidemment, on voit nettement mieux dans ce second scénario avec Carthage la diversité des possibilités offertes par le jeu. Le tout dans un cadre historique précis et cohérent, que le joueur et l’IA vont utiliser comme canevas pour broder leur propre version de l’histoire au gré d’une part de hasard et de choix à bien méditer.
Dans cet exemple de début de partie, qui ne montre donc à peine qu’une petite vingtaine de tours, une partie pouvant durer plusieurs centaines de tours, vous voyez comment peut se dérouler une stratégie offensive immédiate sur un voisin allié potentiel mais qui est aussi rapidement un des objectifs prioritaires de votre nation.
Il est tout à fait envisageable d’opter pour une alliance avec les Numides, afin de temporiser avec eux (qui sinon pourraient aussi, potentiellement, attaquer Carthage) et ainsi de s’occuper de la relativement difficile conquête de la Sicile.
Alternativement on peut très bien, sans pénaliser le développement de sa nation opter pour des guerres plus simples avec les nombreux petits royaumes indépendants vers l’est. Mais cela rapportera peu, les provinces prises sont pauvres et très longues à développer, sauf sur un point important, cela fera gagner de l’expérience à vos unités.
Il est aussi possible d’envoyer en longeant la côte par bateau une expédition militaire vers l’ouest, pour s’occuper de l’agaçant voisin Mauritanien qui lui pille fréquemment les petites provinces carthaginoises vers Gibraltar. Mais à nouveau, si l’emporter ne sera pas très compliqué (avec une bonne armée), le gain sera modeste, hormis toutefois certaines ressources utiles après situées dans ces montagnes.
Dans la même logique, on peut très bien débarquer rapidement dans la péninsule ibérique, pour mettre la main sur de précieuses mines, entre autres, qui sinon tomberont tôt ou tard dans l’escarcelle des celtibères. Une telle expédition plus lointaine est un peu plus délicate, entre autre du fait du ravitaillement et des montagnes dans la péninsule. Mais là le gain sera bien plus intéressant, beaucoup de provinces ayant un fort potentiel. Toutefois, si l’on mobilise ses meilleures troupes loin de chez soi, c’est s’exposer en cas d’attaque imprévue vers sa capitale, et il faudra quand même garder une armée en réserve, au cas où.
On peut tout à fait envisager d’autres expéditions ailleurs en Méditerranée, pour tenter de profiter de certaines opportunités pouvant arriver du fait des autres guerres éclatant fréquemment. Cela semble bien plus risqué (du moins en tout début de partie) mais doit pouvoir de ce qu’il m’a semblé s’envisager assez facilement. Typiquement, si l’on voit Rome en difficulté, sachant qu’il s’agit évidemment du voisin le plus dangereux à terme pour Carthage, il peut être utile de débarquer en Italie pour freiner l’expansion romaine.
Alors il faut parvenir à battre les premières légions romaines, donc envoyer ses plus couteuses unités et son meilleur général pour maximiser ses chances. Un choix assez aventureux, car par exemple si votre meilleur général est tué en bataille, ce qui m’est arrivé à quelques reprises, vous perdez un atout majeur, et face aux légions romaines c’est un facteur important, mais un choix qui pourrait garantir à plus long terme une expansion plus sereine de Carthage. Qui aura donc alors à charge d’écrire sa propre Guerre des Gaules.
Comme vous le voyez les possibilités sont vraiment nombreuses. Et je n’ai pas encore parlé ici de nombreux aspects du développement des provinces, tels l’assimilation des populations, les potentielles contestations diverses et variées dans chaque région, l’indispensable rayonnement commercial, le développement économique nécessaire tant pour soutenir l’effort de guerre que pour assurer son rayonnement culturel, et bien d’autres détails que le jeu permet de simuler. Y compris un intrigant aspect semi-aléatoire dans les choix de construction, qui empêche de trop facilement construire tout ce que l’on voudrait où et quand on le voudrait, le joueur devant composer avec une palette de choix spécifiques à chaque province, ou alors investir du temps pour forcer de nouveaux choix. Un mécanisme assez surprenant au début, mais en fait amenant une certaine forme de personnalisation dans chacune de ses provinces. Bref, de nombreux choix donc à faire et ce, globalement de manière très fluide dès lors qu’on a saisi les mécanismes, pour la plupart, pas tous en l’état certes mais c’est ici une bêta, très intuitifs.
Dis autrement, si au début on a l’impression qu’avec une ou deux bonnes armées on peut assez facilement conquérir d’assez vastes territoires, c’est le cas surtout avec les petits royaumes, on voit vite au fil des tours que l’équilibre des populations et des ressources est un réel défi à gérer. Car après tout, à quoi sert de conquérir des provinces qui seront moyennement voire peu ou quasi pas productives, si en plus c’est pour pénaliser les provinces du coeur de son empire. Et pourtant, il faut bien conquérir sous peine sinon de péricliter, fusse lentement.
Selon toute vraisemblance Field of Glory – Empires devrait être une des très bonnes surprises vidéoludiques de cette année. Offrant un riche bac à sable historique plein de finesses dans les choix proposés au joueur pour découvrir facilement l’époque de l’Antiquité tout en s’amusant avec un habile système en tour par tour simultané mêlant à la fois stratégie et tactique.
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Pour plus d’informations sur Field of Glory : Empires, dont la sortie est prévue courant 2019, peut-être cet été, et qui est actuellement en pleine phase bêta, voyez cette fiche chez l’éditeur ou cette page sur Steam.