Revenons un peu à SimCity, la référence dans le monde des city-builders. Qu’en est-il huit mois après sa sortie ? Beaucoup de mises à jour, la huitième vient d’arriver, et différents petits DLC. Puis une première vraie extension, Villes de Demain, qui sort ce 14 novembre (le 12 aux USA).
On a donc eu droit ces derniers mois à deux DLC payants, le Kit de parc d’attractions et le Kit de dirigeables, puis à des bonus gratuits. Soit via des patchs, soit via des mini-DLC optionnels. Vous pouvez ainsi maintenant ajouter à votre ville un très grand et joli parc de loisirs, qui se décline en trois variantes avec de nombreuses attractions (grande roue, montagnes russes, etc.). Voilà qui permet de mieux varier les possibilités, qui contrairement à ce qu’on aurait pu croire sont moins nombreuses qu’on était en droit de l’espérer.
La faute à un gameplay simplifiant un peu trop l’idée d’une simulation, admettons c’est un choix de conception, et à un saucissonnage du jeu en micro-extensions. En fait ce n’est pas tant que le jeu soit vendu en kit qui pose problème, car SimCity s’inscrit ici dans une tendance de fond et ne fait donc pas exception à ce qui est devenu la règle dans le monde du jeu vidéo. Que cette règle soit regrettable par la confusion et les abus auxquels elle donne lieu est un autre sujet.
Non, ici le problème des DLC de SimCity est tout simplement qu’il n’en sort pas assez ! On en entend parler, on voit des screenshots apparaitre de temps à autre, mais concrètement, on a pas grand chose à se mettre sous la dent (sauf aux USA, si je puis dire, j’y reviens plus loin).
SimCity est sorti en mars dernier. Les premiers pas du nouveau moteur de jeu de Maxis, le Glass Engine, ont donné lieu à une gamelle mémorable qui aura défrayé la chronique jusque dans la presse grand public. Depuis, qu’a-t-il été ajouté au jeu ? Pas tant que ça.
Une minuscule station pour recharger des voitures électriques Nissan, et deux parcs : l’un, le Parc prisme dans la version Deluxe du jeu pour promouvoir discrètement le symbole des Sims, l’autre, qui n’a pas vraiment de nom, pour remercier les joueurs ayant acheté le jeu dès la sortie (et ceux sur Mac, pour le retard). Deux mini-DLC sont aussi venus ajouter chacun un bâtiment avec une enseigne commerciale unique.
En bonus via les mises à jour il y a quand même de nouveaux modèles de bâtiments pour les hôtels, qui se construiront d’ailleurs avec l’update 8 plus autour des sites touristiques (les monuments), au lieu d’apparaitre n’importe où dans la ville. On gagne un peu en cohérence. On a aussi depuis quelques semaines la possibilité de planter des arbres (trois types différents) le long des routes, ce qui peut sembler être un détail, mais brise un peu la monotonie, en plus d’apporter un bonus pour endiguer la pollution.
Heureusement il y a donc un sympathique DLC Parc d’attractions pour ajouter un peu de diversité à un jeu qui en manque cruellement. Kit permettant de construire et « gérer » des parcs d’attractions variés. Voilà qui change des grands stades dont on devait se contenter jusqu’à présent. Et fonctionne sur le principe modulaires des autres grands bâtiments, casinos ou usines (vous posez une base dans un coin, et vous ajoutez au fur et à mesure le reste où bon vous semble, dans un certain rayon). En plus ces parcs sont neutres, pas de Mickey ou d’Astérix en perspective (pour l’instant).
Du fait de la vaste place occupée par un parc d’attractions, ce DLC ne se contente pas de pimenter l’apparence de votre ville. Il s’agit bien ici de pouvoir se spécialiser dans une autre branche du tourisme. Et sur certaines cartes vallonnées, il y a un réel défi à bâtir un grand parc de loisirs tout en équilibrant le reste des besoins de votre population (ce qui automatiquement renvoi au jeu régional / multijoueur, pour subvenir à d’autres besoins).
Les screnshots ci-contre et la vidéo ci-après résument très bien ce DLC. Le contenu est simple et efficace. Ce kit offre une spécialisation supplémentaire à vos villes. Et de beaux graphismes. Tout au plus peut-on trouver qu’il y a des thèmes plus excitants, ou que l’absence d’une gestion fine d’un parc d’attractions en fait juste un habillage original donnant plus de couleurs à vos villes. Après tout SimCity n’est pas une simulation de parcs de loisirs. Et si l’on a pas envie d’un parc tentaculaire, il suffit de ne pas s’encombrer de ce DLC.
Mais alors, mis à part ces parcs d’attractions et le contenu de base dans le jeu, dont on fait vite le tour, que peut-on construire de nouveau ? Et bien pour l’instant toujours pas grand chose. Certes il y avait déjà dès la sortie un DLC Héros et Vilains, plutôt amusant mais vite répétitif et anecdotique, puis trois kits de ville pour représenter le style architectural typique des capitales française, allemande et anglaise. Ces trois kits sont plutôt réussis, car même si ils n’ajoutaient rien au gameplay, ce n’était pas le but, ils changent radicalement l’apparence de vos cités. Par contre ils étaient un peu chers (10 €). Bonne nouvelle, si vous aviez juste l’édition standard de SimCity, on peut par période acquérir ces DLC à moitié prix (soit 5 euros au lieu de 10).
Un DLC Montgolfières et Dirigeables, lui aussi payant (4,99 €) est venu il y a quelques temps égayer le ciel de nos cités. Il ajoute un hangar pour les dirigeables et deux parcs pour les ballons aériens, puis offre une possibilité supplémentaire à vos sims pour se rendre dans les villes voisines. Pas de quoi révolutionner le jeu mais la dimension aérienne de SimCity étant quand même assez amusante (on voit passer des avions et des hélicoptères très fréquemment), voilà encore un peu de quoi varier et ajouter plus d’interactions (ex : si vous n’avez pas ce DLC mais qu’un autre joueur dans une ville voisine le possède, vous verrez passer ses dirigeables au-dessus de vos monuments touristiques).
On a aussi vu arriver en septembre un kit Croix-Rouge, une idée qui part d’un bon principe, reverser une partie des recettes (80%) de ce DLC à une association humanitaire. Sauf que pour les 10 euros demandés, on obtient en échange un petit centre de secours, des tentes, et quelques ambulances. Le tout ne servant qu’à limiter l’impact des catastrophes (tremblements de terre, etc.), qui arrivent assez fréquemment mais dont les conséquences en jeu s’effacent en quelques clics. Vu le taux actuel du clic de souris, assez proche de zéro, mieux vaut cliquer quelques dizaines de fois …
Autrement dit l’intérêt en terme de gameplay est vraiment minime, et quitte à faire un don à la Croix-Rouge autant le faire directement. Sinon on a plutôt la fausse impression de faire un don à Electronic Arts (qui ne conserve pourtant que 20 % des gains) … Autre bizarrerie, ce DLC ne sera disponible que pendant un an (à moins que l’opération soit reconduite fin 2014). Passons.
Autre bonus gratuit, des lieux de culte ont été ajouté via une mise à jour. On obtient ici quatre grandes églises de style différent, dont l’effet est d’augmenter le bonheur de vos sims. Une alternative pratique à l’utilisation des parcs naturels.
Un nouveau grand casino de style romain (avec une salle de baccara et une salle de concert) vient aussi d’être patché gratis. Au total cela fait donc cinq types de casinos différents, pas de quoi encore bâtir une réplique de Las Vegas, hélas.
Aperçu des quatre bâtiments servant de lieux de culte. Le quatrième temple est dédié au culte des Sims.
Screenshots du DLC Dirigeables et montgolfières. Il n’y a pas encore d’embouteillages dans le ciel au-dessus de nos villes.
Les cinq « monuments » (Dolly the Dinosaur, MaxisMan Statue, Giant Garden Gnome, Llarry the Llama, et the World’s Largest Ball of Twine) offerts exclusivement aux USA. Vivement un DLC Jurassic Park avec pleins de gentils dinosaures !
Pour préparer le terrain de l’extension Villes de Demain, 4 régions supplémentaires ont été ajoutées. Elles ont pour thème la jungle et le désert, et seront donc jouables que l’on ait ou pas cet add-on. Voyez cet article sur le site officiel pour plus de précisions sur ces cartes.
Malgré ces premiers DLC, à l’usage il apparait que les possibilités de constructions dans SimCity s’avèrent relativement restreintes. Plus on joue, plus on fait finalement toujours la même chose. C’est souvent le cas dans les jeux vidéo, et ce n’est pas forcément gênant, du moins au début, car le subtil équilibre à maintenir entre les trois composantes principales du jeu (la population, le commerce et l’industrie) offre beaucoup de variations, chacune se déclinant en plusieurs branches qui interagissent assez subtilement entre elles.
Ce qui gêne surtout, c’est que plus on joue plus on voit toujours la même chose. Un défaut inévitablement lié à la taille réduite des villes (que Maxis a définitivement exclu d’agrandir), taille limitée qui force à entasser tout vos sims et à faire des choix de spécialisation de vos villes (ainsi qu’à créer dans votre région plusieurs villes se soutenant les unes les autres). Mais surtout un défaut incontestablement lié à l’absence de nouveaux bâtiments.
EA et Maxis ont réalisé un superbe jeu en kit, or pour on ne sait quelle raison défiant la logique, plus de 6 mois après la sortie d’un des titres les plus connus sur PC, les kits supplémentaires dignes de ce nom sont quasiment aux abonnés absents. Le jeu en devient à force lassant. Et comme de plus les bugs sont loin d’être tous éradiqués … pas besoin de vous faire un dessin. Voilà qui démontre une fois de plus combien trop souvent les grands éditeurs, et pas uniquement EA, ne comprennent pas leur public, ne comprennent pas les joueurs.
Pour le joueur l’avantage des DLC est de permettre de jouer à la carte. De composer son menu fonction de ses moyens ou de ses envies. On peut s’accommoder des bugs, voire les contourner parfois, le temps que les développeurs résolvent le problème. On peut s’accommoder des prix, ou attendre les promos assez régulières permettant à qui n’a pas un gros budget de pouvoir suivre, quitte à juste devoir patienter un peu. Ce qui soyons clair, est mieux que de voir une bonne partie des gens chercher et réussir tôt ou tard à pirater les jeux.
Par contre, plus encore qu’avant, en 2013, on ne peut plus s’accommoder d’un manque de contenu. D’autant plus pour un city-builder, censé simuler la diversité des pays et des métropoles modernes, jeu où une bonne partie des ajouts ne sont donc que changements de façade. Les bases du moteur étant largement posées, et celui-ci fusse-t-il encore en rodage, admettons, combien de temps va-t-il encore falloir attendre pour avoir plus qu’une ou deux dizaine de nouveaux modèles de bâtiments ? Mis à part avec le prochain add-on Villes de Demain, et son look futuriste, mystère !
Du contenu supplémentaire existe pourtant bel et bien. Des curieux avaient trouvé cet été dans les fichiers du jeu des références à de futurs DLC. Certains ont été connu rapidement, des screenshots ayant été diffusés par « erreur » sur le Web. D’autres DLC sont encore à l’état de suppositions, reposant sur des bouts de code (cf. cette ancienne discussion sur reddit). Et d’autres enfin dépendent de votre pays, car c’est là une des innovations encore très discutable de ce nouveau SimCity, certains contenus ne vous seront pas proposés selon votre pays de résidence … On croît rêver.
En effet, EA a donc offert gratuitement cinq modèles de bâtiments commerciaux représentant des enseignes existantes. Les joueurs français peuvent donc bénéficier de magasins Micromania et de bureaux du journal Métro. Les joueurs suédois ont eux un magasin Telia. Pour les anglais (ou les polonais ?) ce serait l’enseigne Play. Et Mediamarket pour les allemands. Or semble-t-il, si j’ai le DLC kit de ville anglaise, je n’ai pas pour autant le magasin exclusif aux joueurs domiciliés en Angleterre. C’est assez probable vu que ce sont deux DLC différents, mais c’est difficile à vérifier. Car en outre, cerise sur la simulation, ces nouveaux bâtiments apparaissent uniquement quand ils en ont envie (selon l’activité commerciale). Impossible donc de bien personnaliser votre ville. De plus, si vous ne faites pas attention à votre zonage, un bâtiment de taille supérieure peut apparaitre subitement et remplacer celui qui s’y trouvait avant (pour éviter cela il faut dézoner autour du bâtiment concerné, ou ne pas agrandir les routes). Ces changements difficiles à contrôler améliorent certes les ressources de votre ville, qui s’agrandit plus ou moins toute seule, mais peuvent gâcher le tableau que vous essayez de créer.
Est-ce grave docteur ? Non, évidemment. Sauf à essayer de gérer chaque pâté de maison, ce que le jeu ne permet quasi pas (pour les bâtiments génériques on influe tout au plus sur la densité des constructions), on ne s’en rend pas compte. Vais-je obligatoirement voir apparaitre contre mon gré des enseignes publicitaires dans ma ville ? Non, vu que ces DLC sont gratuits et optionnels. Alors à quoi cela sert-il ? Bonne question… Pas à rien, mais presque. Ou du moins tant qu’il n’y aura pas plus de choix au niveau des enseignes commerciales. Et que celles-ci resteront verrouillées géographiquement. Si j’ai envie de construire une ville anglaise, avec une gare routière et des bus londoniens, qu’on me laisse avoir des enseignes commerciales anglaises. Et non françaises parce que je joue en France… C’est MA ville ! Passons.
Que puis-je donc ajouter à ma ville pour qu’elle ne ressemble pas à mes autres villes, voire aux millions d’autres villes créées par les joueurs ? Et bien si vous êtes aux USA, vous serez heureux d’avoir pu trouver quasi gratuitement cinq monumentales statues dont l’utilité est de doper le tourisme dans votre cité. Il existe en effet un DLC Attraction Set qui a vu le jour grâce à un accord entre EA et le fabriquant de dentifrice Crest. On n’ose imaginer les plus jeunes joueurs américains allant dire à leurs parents qu’il faut changer de marque de dentifrice pour gagner une statue virtuelle. Trêve de plaisanterie. A nouveau, à quoi me sert-il d’avoir le DLC Heroes & Vilains si la statue de MaxisMan, ce super-héros qui protège mes simtadins, n’est accessible que si je peux acheter un tube de dentifrice de l’autre coté de l’Atlantique … Rendez-moi la statue de mon héros ! Certes cette offre limitée devrait être temporaire, et ce DLC plutôt dispensable finira peut-être par devenir accessible à tous (et pas uniquement à l’Amérique du nord). Passons sur ces monuments de plus très caricaturaux.
Qu’y a-t-il d’autre d’amusant et d’utile ? Rien de mieux depuis huit mois ? Oui et non. Oui car il y a eu différentes rumeurs. Non car EA a préfèré communiquer sur la version Mac de SimCity, sortie à la fin de l’été. Et récemment sur l’extension Villes de Demain, qui devrait probablement valoir le détour en changeant radicalement le style architectural de vos villes. Mais pour le reste on ne sait toujours presque rien sur les futurs DLC. Dommage, surtout que la rumeur semblait intéressante.
Point de fermes et exploitations agricoles, point de stations balnéaires ou de ports de pêches (ce n’est pourtant pas la mer qui manque dans les cartes régionales), point de lignes de métro. Non, on retiendra par contre un grand chantier régional, consistant en une mine de charbon à ciel ouvert ou pêle-mêle de nouveaux bâtiments, tels des bases militaires (aériennes, navales et terrestres), un symphony hall et un planetarium, ou encore un hypothétique Crime Lord pack qui verrait la pègre venir s’implanter un peu partout dans vos quartiers au travers de bâtiments spéciaux, le tout étant contrebalancé par une grande prison avec assez de cellules pour accueillir les nombreux criminels. Voilà qui pourrait être fun.
Enfin, ultime espoir actuellement pour avoir un jour plus de diversité dans le contenu, Maxis étudie la possibilité qu’une partie du jeu puisse être modifiée par les joueurs. Modifications qui ne devront pas avoir d’impact sur le gameplay, et se limiteront très probablement à des changements d’ordres cosmétiques (apparence des bâtiments, des voitures, etc.). Voyez cette annonce dans le forum d’EA pour les derniers développements à ce sujet. De nombreux DLC donc, mais de qualité vraiment très inégale, à peine un ou deux sortant du lot, le reste ressemblant beaucoup à des tâtonnements enrobés de fausses excuses, comme si quelqu’un chez EA avait décidé de faire régulièrement un pas en avant, deux pas en arrière. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? D’autant plus en ayant de solides moyens, beaucoup d’expérience, et sur un créneau avec peu de gros concurrents. Le cru 2013 de SimCity n’est pas définitivement une catastrophe vidéoludique, mais il faudra néanmoins plus d’une bonne extension, ou une série de bons petits DLC, pour redorer le blason désormais terni de SimCity.
Moué, que dire…
Bientôt vos sims boiront du couca laco et du sepsi, iront chez leroi castou pour aménager et achèteront des télé pilips…
Franchement cette intégration des marques déjà nuisible sur nôtre société est déplorable et fait franchement pitié…
Enfin, bon merci pour l’article, ça m’a motivé à ne pas acheter cette énième jeux en kit, je me réconforterais avec le 4 :)