Heureusement que la taille des villes a été limitée. Afin de ne pas pénaliser la majorité des joueurs, dont, en théorie, le PC n’aurait pas pu supporter la charge. Ce qui est très probablement vrai, le moteur de SimCity gérant et affichant de nombreuses choses. Cette limitation de la taille des villes, qui ressemblent de facto plus à une grande bourgade qu’à une métropole, a été compensée par un ingénieux système de régions. Système segmentant le terrain en seize parcelles dans lesquelles un ou plusieurs joueurs peuvent créer et faire interagir plusieurs « villes » ensembles.
Donc faute de pouvoir bâtir une « vraie » métropole, moderne, simulant les cités du début du 21ème siècle, les joueurs devaient pouvoir s’amuser à créer une sorte de conurbation virtuelle sans toutefois que les différentes zones se touchent, mis à part avec des routes et voies ferrées. Mais peu importe, de toutes façons Electronic Arts a dit à plusieurs reprises quoique toujours à demi-mots qu’à l’avenir SimCity pourrait voir augmenter la taille des villes. Ainsi que bénéficier de fonctionnalités supplémentaires, tels probablement la terraformation, les mods, etc. Nul doute que Maxis a l’expérience et les idées nécessaires pour développer le jeu.
Nul doute non plus que l’éditeur n’a pas mis les moyens nécessaires pour assurer son bon fonctionnement. En plus d’avoir exclu la possibilité de précharger SimCity, pour éviter un embouteillage prévisible lors du lancement du jeu, Electronic Arts a complètement exclu de pouvoir y jouer vraiment en solo, donc sans être obligé d’avoir en permanence une connexion à Internet, une option qui aurait pourtant pu dépanner justement en cas de problème technique. Qui comme chacun sait en informatique sont fréquents et nombreux, surtout pour un nouveau programme.
Il y a certainement beaucoup de raisons valables pour vouloir contraindre à l’utilisation permanente d’une connexion à Internet. La limitation du piratage en est une. La collecte de données pour simuler un environnement multijoueur, particulièrement un marché interurbain, en est une autre. La préparation du passage au tout free to play avec de futurs systèmes de micro-transactions rapides et transparents en est une troisième.
La limite de la taille des villes a surement un impact au niveau des échanges de données entre le PC des joueurs et les serveurs d’EA. Selon EA / Maxis ce serait 700 000 villes qui aurait été créé dès que les joueurs ont eu le feu vert pour s’amuser avec leur jeu, ce qui représenterait aussi 7,5 millions de bâtiments, 500 000 km de routes, 18 millions d’incendies et 40 millions de tuyauterie pour les déchets. Le tout durant les premières 24 heures, en Amérique du Nord. Si les villes dans SimCity avaient été d’une superficie potentielle deux fois supérieure, cela n’en aurait toujours pas fait des métropoles, mais on peut librement imaginer que cela aurait doublé le stress des serveurs.
Or toujours selon EA / Maxis, beaucoup plus de gens que prévu se sont connectés et ont joué de manières qui n’avaient pas été vues dans la bêta. Autrement dit, les joueurs s’amusaient tellement qu’ils n’ont pas arrêté de jouer. Soit dans un jeu de construction dont fondamentalement le but est de construire tout ce que l’imagination permet de rêver, c’est à dire d’essayer, de casser, de reconstruire, de déplacer, de redémolir, de tout changer, pour ensuite recommencer … Les premiers joueurs ont en un sens trop joués, au point donc sans s’en rendre compte d’empêcher les autres joueurs de pouvoir jouer.
« Server capacity is our biggest obstacle. We launched in North America on Tuesday and our servers filled up within a matter of hours. What we saw was that players were having such a good time they didn’t want to leave the game, which kept our servers packed and made it difficult for new players to join. »
Que des joueurs qui s’amusent bien avec un jeu flambant neuf et à la base réussi veuillent continuer d’y jouer le plus possible, cela n’aurait dû surprendre personne. Croire le contraire c’est très mal connaître les joueurs. Surtout ceux sur PC souvent très passionnés. En 48 heures les serveurs de SimCity ont augmenté leur capacité de 120 %. Et EA continue actuellement d’ajouter des serveurs pour répondre à la demande. Ces dernières heures en Angleterre le jeu semble fonctionner à peu près mais des joueurs subissent toujours des coupures d’accès. EA promet de continuer d’ajouter des serveurs, néanmoins c’est le début du week-end et le résultat parait toujours aléatoire, sans aucune garantie. Si vous avez de la chance, il ne pleuvra pas, ce sera l’occasion de faire une sortie.
En plus de rajouter des serveurs, pour enrayer l’incendie EA a décidé ces jours-ci de suspendre la promotion de SimCity. Pour des millions de fans après des années d’attente d’une suite de la référence des city-builders, des mois de présentations alléchantes, un ultime report en février dernier pour justement optimiser le jeu, c’est la douche froide. Peu avant cette annonce d’EA, aux USA Amazon avait décidé de retirer temporairement de la vente la version digitale de SimCity. Le jeu a toutefois été remis en vente sur Amazon depuis peu, mais avec un avertissement auprès des clients.
L’Origin du problème
Electronic Arts n’est pourtant pas né de la dernière pluie. L’éditeur américain est le leader mondial du jeu vidéo (plus de 4 milliards de dollars de chiffres d’affaire en 2012) et même si EA a de plus en plus mauvaise réputation, ayant été élu outre-Atlantique pire entreprise de 2012 du fait de sa politique commerciale relativement abusive, ce ne sont pas les moyens qui lui manquent. D’ailleurs les premiers tests de SimCity étaient élogieux. Car à l’évidence, dans de bonnes conditions, le jeu tourne quasi parfaitement. Mais la réalité pour la presse spécialisée et les bêta-testeurs s’est avérée une fiction pour de nombreux joueurs. En conséquence de nombreuses notes de tests sont révisées et chutent dramatiquement. Quant à l’image d’Electronic Arts … L’été dernier EA ambitionnait d’être meilleur que Steam. On entend régulièrement ce genre d’échos et on peut trouver des défauts à la plateforme de Valve, mais ici la plateforme concurrente Origin atteint des sommets.
« Nous sommes en constante progression, en constante amélioration. Je ne m’attends pas à ce que nous soyons capable de proposer plus que Steam dans les douze prochains mois. Je suis toutefois optimiste et nous nous distinguerons bientôt. Nous avons construit les fondations et sommes maintenant prêts à profiter de ces fondations pour proposer un service toujours plus intéressant. »
« Lorsque vous regardez les faits : plus de 12 millions de personnes ont téléchargé Origin, nous avons plus de 50 partenaires qui ont rejoint notre service en moins de douze mois et nous avons réalisé plus de 150 millions de dollars de revenus, soit une augmentation de 400% sur un an : ces chiffres montrent que avons énormément progressé. »
Avec un minimum de chance vous pouvez d’ores et déjà profiter du jeu normalement, sinon SimCity sera certainement remis sur pied au plus tard dans quelques jours. Mais le blason d’EA et surtout de sa plateforme de téléchargement, déjà peu attrayante mais qui il faut reconnaitre s’était améliorée au fil du temps, ce blason va mettre des mois si ce n’est quelques années avant d’être redoré. Blizzard traine toujours un boulet nommé Erreur 37 (du nom du code d’erreur qui empêcha nombre de joueurs de Diablo III de se connecter à la sortie du jeu, en mai dernier). Rater le lancement du reboot de SimCity c’est autre chose que rater l’expérience que fut le reboot de Syndicate en un FPS multijoueurs (pour lequel malgré quelques bonnes idées les trailers suffisaient à avoir un doute, d’autant plus sur un créneau aussi concurrentiel que celui des FPS). A l’ère d’Internet, cinq jours après la sortie d’un jeu phare, force est de reconnaître que Electronic Arts n’est pas encore à la hauteur de Steam. Ou se refuse à investir les moyens nécessaires. Un comble, vu le prix des jeux d’EA.
Hi everybody, sorry that Origin is preventing you from playing #SimCity. It’s extremely vexing.
— Ocean Quigley (@oceanquigley) 5 mars 2013
Pour éteindre l’incendie il n’y aura pas eu que l’ajout de machines supplémentaires. Un patch a aussi désactivé la vitesse rapide (Cheetah) du jeu. Ainsi que plusieurs fonctionnalités non essentielles, comme les classements (leaderboards), les récompenses (achievements) et les filtres de régions, fonctionnalités qui seront réactivées ultérieurement. Tout cela contribuant à réduire la charge globale tandis que de nouveaux serveurs sont en cours d’installation et d’autres patchs en chantier. De plus en guise de remerciement pour leur patience EA offrira à compter du 18 mars prochain un jeu gratuit à tous ceux ayant activé leur exemplaire de SimCity (si vous êtes concerné vous recevrez un email).
Patch 1.2 (03-07-2013 10:50 AM)
Fix for crash caused most commonly occurring on servers experiencing lag. This crash would happen most often when claiming a new city when playing in a region.
Fix for server select dialog not appearing on start-up if the server the player was last on is not available.
Disabled Cheetah speed. Cheetah speed is is now the same as llama speed.
Crash fix for finding closest points.
Crash fixes in transport and pedestrian code.
A fix cities having processing problems associated with helicopters.
En face une pétition pour demander la suppression du mode « Always Online » approche maintenant les 50 000 signatures. Les réseaux sociaux s’insurgent. Une grande partie de la presse sabre désormais le jeu. Et le problème ne s’arrête pas qu’à l’impossibilité de lancer une partie (ou encore d’être bloqué dans le didacticiel). Certains clients ont souhaité être remboursés de leur achat. Or si il est possible de retourner une boîte de jeu (non ouverte … donc d’un jeu non installé), EA refuse de rembourser une version digitale si celle-ci a été téléchargée ! Essayez de faire fonctionner un jeu en téléchargement sans l’avoir téléchargé … C’est possible. Il suffit de le télécharger ailleurs illégalement… Si le jeu fonctionne, vous pouvez alors le télécharger légalement. Au moins vous serez sur de votre achat. Le raisonnement est absurde, évidemment. Mais la frustration déchaine les colères et les réactions qui ne se limiteront pas qu’à une pétition.
On voit donc apparaître des rumeurs, plus ou moins fondées. Certains voudraient se tourner vers leur banque pour faire valoir leur droit d’être remboursé, en imputant à l’éditeur une « escroquerie », une tromperie sur la marchandise. Il semble que le support d’EA aient évoqué qu’alors le compte Origin du client puisse être victime de « représailles ». C’est à dire suspendu temporairement pour non respect des conditions de service d’EA ! Voyez cet article sur Eurogamer pour le détail de ce petit scandale à retardement. Que EA a été obligé de désamorcer, confirmant sur Twitter que vous ne serez donc pas banni d’Origin si jamais vous demandez un remboursement de votre jeu. Par contre, vous ne serez pas remboursé non plus …
Quant à l’avenir, on ne sait pas encore si ou plutôt quand il y aura une extension comme Rush Hour pour SimCity 4, mais le moment venu, en plus de pouvoir surveiller le trafic routier de nos sims, espérons qu’elle permette d’éviter aussi les gros embouteillages en heure de pointe sur Internet. Sinon, et bien EA aura confirmé cette semaine que malheureusement il n’y aura pas de versions consoles de SimCity. Ah, ne soyez pas déçu, ce sera toujours ça de moins en surcharge pour les serveurs …
Pour lire les derniers développement quant à la situation de SimCity, voyez cet interview sur Polygon Maxis explains what went wrong with SimCity and what the developer is doing to fix it. Au-delà de ses défauts de jeunesse, SimCity aura ici été victime de son succès.
« What we underestimated was a huge surge in pre-orders within the last week and the power of the great word-of-mouth created by the media and our community, »
Lucy Bradshaw, Maxis
Le jeu a évidemment déjà été hacké, permettant de s’affranchir d’une connexion permanente… Il n’en demeure pas moins que cette forme ridicule de DRM ne va pas faire remonter E.A. dans l’opinion des joueurs.
Personnellement, j’ai acheté ce jeu à sa sortie mais ca sera la dernière fois que je mets 50 euros dans un jeu marketing. Je me suis encore fait avoir par les fantastiques promesses dont je me disais que même si seulement 50% étaient réalisées, ca serait formidable. Mais nada, j’ai l’impression de m’être fait enflé dans les grandes largeurs. D’autant que j’ai forcé ma copine à y jouer avec moi en multi. On y a joué intensement à sa sortie, jusqu’à êtrer dégouté par toutes les mauvaises surprises qui s’accumulaient (et rappelées dans cet article: pb de sauvegarde, multi mal synchronisées, chiffres et données fantaisistes, pb d’embouteillages, au bout d’un moment, tout devient incohérent dans la ville) et je n’y suis pas retourné depuis (sauf pour vérifier si les patchs corrigeaient les pbs, ce qui n’est pas le cas; clairement, il y a des problèmes plus profonds de conception, non le jeu n’est pas victime de son succés, les pbs de serveurs sont anecdotiques par rapport au reste). Par contre, j’ai rejoué à cities XL qui du coup, sort largement grandi de la comparaison, et à SimCity4 qui reste indétronable (avec les bons mods qui vont bien).
Jeu à fuir pour ne pas les encourager à nous vendre de la pareille m…..