Appartenant à une catégorie bien précise des jeux de stratégie, le god game, Skyward Collapse, est une production indépendante qui ne manque pas d’intérêt, mais qui mériterait d’être approfondie et retravaillée. Jouant « le créateur », il vous faudra maintenir en équilibre les factions du monde agité de Luminith jusqu’à ce qu’une entité supérieure vous rappelle… Voyons comment les choses se présentent.

Un concept original …

Le plus important à retenir est que, dans Skyward Collapse, vous ne contrôlez pas une faction mais bel et bien les deux ! Chacune occupe un bord de la carte (la nature du terrain, son étendue, etc. sont paramétrables) et va peu à peu s’étendre vers l’autre. L’équilibre entre les deux camps sera le maître mot à suivre. On ne peut que saluer ce point : pour une fois, il ne faut pas détruire l’autre camp mais au contraire, empêcher chaque camp d’éliminer son adversaire. Les civilisations sont actuellement au nombre de deux : les Nordiques et les Grecs, disposant évidemment chacune de leurs caractéristiques et unités propres. De plus, une extension nommée Nihon no Mura est prévue ce mois-ci, et permettra de jouer les Japonais, en plus d’ajouter de nouvelles cartes et mécanismes de jeu.

Ainsi le joueur veillera à développer chacun des deux camps, en s’arrangeant donc par différents moyens pour qu’aucun ne prenne une trop grande avancée par rapport à l’autre, au risque de perdre. C’est assez déroutant, comme si l’on jouait une partie de dames ou d’échecs contre soi-même. Le terrain est divisé en cases aux caractéristiques différentes : ruines, plaines, bois, montagnes… Du très classique de ce côté-là. Chacune de ces cases peut abriter, si elle est suffisamment près d’un centre-ville (entendez par là, une sorte de forum, d’agora) un bâtiment.

Les bâtiments sont nombreux et permettent d’exploiter des ressources brutes assez variées comme le bois, la pierre ou divers types de nourriture. D’autres permettent ensuite de raffiner ces produits (le bois en planches, la roche en pierre de construction…) et d’autres enfin créent des unités militaires là encore nombreuses (fantassins, unités de siège, tireurs, cavaliers…) et dépendant de la faction. Les ressources permettent aussi d’améliorer les troupes, ou d’invoquer des créatures mythologiques, voire des dieux qui diffèrent selon le camp. Toutes proportions gardées, cela rappelle un peu Age of Mythology. Or, comme dans un Majesty, le joueur ne contrôle pas non plus directement ses unités : elles se déplacent et combattent toutes seules, allant vers l’ennemi et l’engageant.

Des ordres de ralliement peuvent tout de même être donnés et, je l’ai, dit, le joueur peut améliorer ses unités en les faisant « monter de niveau » ou en posant des bonus qu’elles peuvent collecter sur la carte (ou par l’autre faction si vous les placez mal). Des évènements se déclenchent également, comme l’apparition de bandits, la faction jaune. Ils en veulent à tout le monde et peuvent faire du dégât. C’est aussi, voire surtout, une manière d’obliger le joueur à créer des troupes, sinon la paix serait trop simple à maintenir. En effet, les bâtiments sont destructibles mais réparables avant un certain seuil de dégats, et perdre ses centre-villes signifie perdre la partie. Enfin, le joueur a un nombre d’actions limitées par tour, représentées par des points. Certaines actions étant plus coûteuses en points que d’autres, il faudra donc bien réfléchir à ses choix. Sur le papier cela promet des « prises de tête » assez intéressantes, d’autant plus que le jeu est jouable en multijoueur (les deux joueurs jouant alors les deux camps chacun son tour), ce qui peut être moins dérangeant que d’œuvrer contre soi-même.

… desservi par sa réalisation

Toutefois le jeu d’Arcen Games n’est pas exempt de défauts (que les plus récents patchs ont pu réduire, certes). Tout d’abord il n’est pas traduit en Français, ce qui peut en gêner plus d’un. Surtout, et c’est plus gênant, le peu de factions jouables (deux à la base) et l’absence de modes de jeu plus variés rend Skyward Collapse plutôt répétitif et lassant si on s’y attarde trop. Quant aux graphismes, ils ne sont pas laids mais s’avèrent finalement peu lisibles. C’est par exemple au début un calvaire pour distinguer les bâtiments entre eux, d’autant plus qu’ils sont nombreux. Enfin, il y a quelques problèmes d’équilibrage dans le gameplay entre les unités qui achèvent de rendre la chose bancale.

Au final Skyward Collapse n’est pas un mauvais jeu, il est peu coûteux, dispose d’atouts intéressants et offre un gameplay peu commun dans les jeux de stratégie. J’avais adoré ne pas contrôler directement mes troupes dans les Majesty et je suis heureux de retrouver cela à une autre échelle pour ne citer que cet exemple. Reste à espérer que les correctifs et extensions à venir vont corriger les problèmes et petit à petit étoffer le contenu. Comme c’est le cas pour l’instant depuis que le jeu est sorti.

Les deux camps se font face. Après une dizaine de tours. Deux autres centres-ville ont été créés au sud.
Une première vague de bandits (troisième camp non jouable au placement aléatoire) est en passe d’être éliminée, il leur reste un bâtiment (ici au centre).
Un exemple de terrain plus accidenté. Vous pouvez avec certaines actions changer radicalement la les cases du terrain, bloquant ainsi des mouvements, ou des lignes de vues.
  • Un gameplay et des idées originales
  • Contrôle indirect de chaque camp intéressant
  • Réalisation encore un peu brouillon
  • Peu de contenu au final (mais le jeu est à petit prix)
Infos pratiques

Sortie : 23 mai 2013.

Studio : Arcen games

Site officiel : https://www.arcengames.com/

Disponible en téléchargement (site du développeur, Steam) à 5 euros.

2 Commentaires

  1. J’adore le principe du contrôle indirect. Dommage que le mécanisme d’équilibrage rende impossible le multijoueur. Je vais me le prendre.

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