Suite et fin de ce récit de partie multijoueur sur Strategic Command WWII: War in the Pacific où je me trouve confronté à Scramble et ses infâmes nippons qui ont osé attaquer par surprise le havre de paix qu’était jusqu’alors Pearl Harbor. Nous jouons sur la grande campagne « Day of Infamy » et j’assume la responsabilité du camp des Alliés.
1944
L’année 1944 commence sous de bons auspices (c’est l’année du singe de bois dans le calendrier chinois pour ceux qui suivent), le rouleau compresseur américain s’est mis en marche et va se saisir de Truk, un point d’appui qui permettra de ravitailler les navires et les hommes (image 19).
En Chine la situation est désastreuse, les Japonais progressent partout, tout l’enjeu pour moi va être de résister sur Chongqing, ma nouvelle capitale, en attendant l’arrivée des Russes ou pourquoi pas… des Américains (image 20).
Dès février 1944 , la task force américaine attaque Saipan, la marine japonaise a été mise en déroute, mais l’aviation présente sur cette île est une menace, je bascule la moitié de mes escadrilles embarquées en mode couverture aérienne, l’autre moitié en mode bombardement, pour préparer l’assaut des marines (image 21).
Au même moment le Russe masse des troupes à la frontière mandchoue, dans la perspective d’une intervention (image 22), je continue mon influence diplomatique.
Après Saipan, viendra la prise d’Iwo Jima et, en Inde, l’arrivée de troupes japonaises au abords de Delhi, l’Inde est en mauvaise posture (image 23).
En juin 1944, j’envisage de revenir à Manille, plus ou moins deux ans après sa perte (image 24), en août le Japon achève la conquête de l’Inde et du curry, seul Colombo résiste encore (rien à voir avec le célèbre détective, image 25).
C’est au mois d’août 1944 que les forces américaines approchent de Manille, cette zone va me permettre à terme de couper les routes maritimes qui alimentent le Japon et de préparer l’attaque d’Okinawa, je suis à un tournant de la partie, c’est heureux que Manille et le golfe de Leyte n’aient pas été trop défendus, car cela verrouille Okinawa, Formose et… les ports de Chine (image 26).
En Chine continentale, les combats font rage, les forces chinoises réduites, tiennent bon dans leurs montagnes, les Chinois communistes sont très mal en point, espérons que Staline vienne à leur secours…
Cette situation a un intérêt, les forces terrestres japonaises sont très loin du littoral et des ports, enfoncés dans les terres de Chine, la prise du littoral pourrait fort bien rendre possible une intervention américaine terrestre d’ampleur d’ici quelques mois (image 27).
Je mets cette idée de coté pour plus tard et prends facilement Taipei, avant d’attaquer Okinawa qui est défendue par une puissante artillerie anti-aérienne, je dois donc y prendre pied avec des forces terrestres sans avoir ramolli ses défenses, ça passe mais moins facilement, d’autant plus que ma flotte est à portée des kamikazes envoyés depuis le Japon (image 28).
Mais les Australiens dans tout ça ?
Et bien avec l’appui de quelques corps de marines et d’un porte-avion, ils font la java, enfin… ils libèrent Bali et avancent en Indonésie sans trop de difficulté, tous les Japonais sont en Inde ou en Chine ! (image 29)
Quand aux Russes me direz-vous !
Staline, certainement choqué par le traitement réservé par les nippons à ses camarades communistes chinois, donne l’ordre à ses troupes de franchir la frontière mandchoue et de lancer une attaque débridée (en un mot).
La boulette japonaise a rendu possible ce petit miracle, la masse constituant le corps de bataille russe est considérable et bien préparée (image 30).
Il était temps, la situation devenait critique pour les forces chinoises assiégées dans leur capitale, l’hiver tombe à point nommé et va leur donner un peu de répit, de nombreuses forces sont en production pour remplacer les pertes, je compte sur l’avancée russe rapide pour prendre des villes marqués « Moral national » afin de regonfler celui des Chinois et de dégonfler celui des Japonais (image 31).
L’année 1944 arrive à son terme, la task force américaine ceinture le sud du Japon, j’y sacrifie deux corps pour tester les défenses. Le Japon est une forteresse, dont l’espace aérien est protégé par de nombreuses escadrilles et des unités AA, dont les montagnes sont garnies de forces terrestres retranchées, et qui m’envoient des kamikazes attaquer mes portes-avions.
Stratégiquement la prise du Japon est impossible, même avec mes ressources encore assez élevées.
Je m’oriente donc vers le littoral chinois pour accélérer la libération de l’empire du Milieu, avant peut être d’envisager une campagne en Inde… et d’être en capacité d’atomiser les nippons (image 32).
Ce nouvel AAR est la suite de l’article Strategic Command – WWII War in the Pacific : Tora ! Tora ! ou Tora pas ! mais qui vous récapitule ici la partie jouée du coté des Alliés.
1945
Je suis certain que vous vous demandez en quelle année nous sommes dans le calendrier chinois !
Et bien c’est l’année du Coq de bois ! Fier et orgueilleux, comme les derniers défenseurs chinois dans leurs montagnes qui tiennent encore sous les obus japonais.
Je ne fais pas le fier avec les Américains, j’ai voulu clarifier la situation stratégique du Japon pour évaluer le rapport de force en cas d’invasion du sol japonais.
Les images parlent d’elles mêmes, ça ne passera vraiment pas sans l’atome. (image 33)
Je débarque en Corée et à Shanghai pour accueillir mes nouveaux alliés communistes en tenant compte du vieil adage, « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » (images 34 et 35, 37).
Les Australiens continuent également à progresser en libérant Singapour (image 36), il n’y a pas vraiment de résistance Japonaise, je présume que les forces terrestres nipponnes sont pour la plupart en Inde ou à occupées à creuser des tranchées au Japon. Bangkok suivra sans coup férir (image 38).
La task force américaine s’oriente vers l’Inde pour préparer un débarquement, (image 39), je m’attends à l’utilisation de la bombe atomique dans les tours qui viennent, cela viendra probablement écourter cette dernière phase de reconquête.
Le 18 août 1945 est une date à marquer d’une pierre blanche dans tout les calendriers, surtout le chinois, les forces japonaises encore présentes sur les terres de l’empire du Milieu sont pour la plupart encerclées et coupées de leurs bases, pour certaines mal ou plus ravitaillées (image 40).
La bombe atomique est lâchée par les États-Unis sur Nagasaki et Hiroshima, j’aurai pu choisir de ne pas le faire et de rester en conventionnel encore une année, la prise de l’Inde aurait suivi, mais le Japon n’aurait été saisi qu’au prix de très lourdes pertes et d’une campagne fastidieuse.
Les effets de la Bombe sont immédiats, le moral national du Japon tombe à zéro (images 41, 42), sa volonté de combattre est atomisée et l’Inde est immédiatement libérée.
Le bilan de la guerre du Pacifique est lourd sur cette partie, le Japon lutte seul face à 6 nations dont 3 majeures, Scramble a très bien joué en réussissant à vaincre l’Empire britannique en Inde et en limitant au maximum ses pertes navales, 5 portes-avions japonais perdus pour 5 portes-avions américains, je ne regrette pas d’avoir fait un focus technologique sur la lutte anti-sous-marine, 8 sous-marins japonais envoyés par le fond, je ne pense pas qu’il en reste en état de naviguer.
Les Américains ont perdu 13 destroyers, c’est beaucoup, mais cet écran naval m’a permis de localiser et de détruire la plus grande partie de la flotte de surface nipponne, quelques porte-avions m’ont échappé pour venir se réfugier dans les ports du Japon et contribuer à la défense de son espace aérien (image 43).
THE END
La carte stratégique au 18 août 1945 (image 44) permet de voir que la présence américaine est hégémonique sur l’ensemble du Pacifique, les renforts n’ont cessé d’affluer depuis la côte ouest des États-Unis sans être inquiétés par d’éventuels corsaires nippons, ma hantise étant que cette longue ligne de communication soit attaquée par des unités navales isolées, cela m’aurait obligé à consacrer une part importante de ma flotte de surface à l’escorte et la protection des transports navals qui ont permis d’acheminer les troupes terrestres américaines, compromettant ma stratégie de reconquête méthodique des îles et atolls.
Je tiens à remercier Scramble pour sa pugnacité et pour cette partie au long cours.
Concernant le jeu en lui même, quelques remarques, c’est un Strategic Command, très réussi pour ce qui concerne les mécanismes, cependant l’équilibrage de cette grande campagne « Day of Infamy » m’amène à quelques réflexions.
La puissance de la flotte américaine en 1941 / 1942 me semble surévaluée ou celle de la flotte japonaise quelque peu sous-évaluée.
Le rythme de jeu est intense pendant les années 1941 et 1942, puis tend à ralentir à partir de 1943.
Les options stratégiques majeures sont limitées, le nippon a l’initiative, gagne un peu partout en terrestre, puis se voit reprendre ses gains territoriaux, méthodiquement par les Alliés, il fortifie donc le Japon pendant 1 ou 2 ans, rendant l’usage de la bombe quasi obligatoire.
L’utilisation de la bombe atomique et ses effets sont peu mis en valeur, une fenêtre (pop-up) vient acter de son utilisation, suivi de la reddition du Japon.
L’accès à la bombe est gratuit et sans condition pour l’Américain, j’aurai trouvé approprié d’avoir à y consacrer des ressources pour mettre à disposition cette technologie, ou pas, plutôt que de me voir offrir gratuitement l’usage de la bombe.
Cela ne donne que peu d’espoir au joueur Japonais d’arracher une victoire, mettant en lumière un souci d’équilibrage des paramètres du scénario.
La partie n’est pas finie pour autant car si le Japon a été mis hors d’état de combattre par l’atome, les nations mineures restent en jeu… l’intérêt de poursuivre est nul, elles ne représentent rien et vont se faire balayer par les forces alliées, considérables.
Cette « fin de jeu » peut laisser un sentiment déceptif aux deux joueurs, ainsi qu’un sentiment de linéarité stratégique, à mon sens seuls les engagements navals peuvent venir briser la routine de deux lignes stratégiques qui ne s’opposent que très peu, les confrontations terrestres directes et majeures entre le Japon et les États-Unis sont quasi inexistantes.
Pour plus d’informations sur Strategic Command WWII: War in the Pacific, voyez cette fiche sur Steam ou cette fiche chez Matrix Games.
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