L’un des aspects réconfortant du wargaming PC tient au fait que la plupart des studios qui tentent d’occuper le haut du pavé ont bien compris qu’il s’agit d’un secteur dont les locataires sont aussi exigeants qu’ils sont fidèles. De ce point commun partagé avec le meilleur ami de l’homme vient peut-être cette dénomination de « marché de niche » ? Plus sérieusement, cette caractéristique s’accompagne d’une détermination intégrée par lesdits studios, qui veut que ce marché se construisant sur le long terme, la qualité des produits offerts doit également s’accompagner d’un suivi de qualité, tout au long de la vie du jeu.
Des développeurs comme Gary Grigsby, Panther Games ou Norm Koger l’ont compris, n’ayant de cesse d’accompagner amoureusement leurs bébés au fil des ans, contribuant ainsi à fidéliser une clientèle déjà acquise par le biais de productions intransigeantes, en termes de qualité intrinsèque. Autant de valeurs basiques semble-t-il parfaitement assimilées par Phobetor, développeurs de GaW qui, près de vingt-huit mois après la publication de l’un des meilleurs wargames sur ce thème et plusieurs patches nous offre aujourd’hui une version 1.07 majeure de ce titre encore trop confidentiel, en dépit des efforts de votre serviteur, ici même, pour le promouvoir.

Si l’on se réfère au listing des modifications (voir cet article), corrections de bugs et autres ajouts énumérés par le fichier accompagnant ce nouveau patch, on serait assez tenté de le requalifier par le mot Extension. Témoin, l’apport d’une petite vingtaine de nouvelles unités dont certaines -loin d’être purement cosmétiques- s’accompagnent de modifications significatives du gameplay ; ainsi les Combat engineers, dont l’une des nouvelles aptitudes leur permet de miner et déminer le terrain. L’un des ajouts majeurs de cette extension qui ne dit pas son nom réside bel et bien dans l’apparition de ces mines qui -comme je le remarquais dans le test initial- faisaient cruellement défaut dans un jeu dont le réalisme ne pouvait s’accommoder d’une telle lacune. Chose rare, méritant d’être largement mentionnée, les développeurs ont donc pris en compte les remarques sur ce sujet, pour y remédier brillamment. L’attente fut longue mais profitable.

Concernant l’apparence générale de la carte, force est de reconnaître que les évolutions, bien que présentes, se montrent pour le moins discrètes. Soyons clair, l’œil peu exercé du joueur découvrant Germany at War peinera à discerner ces changements subtils ! Le remarquable se situe essentiellement au niveau des unités d’infanterie, avec quelques postures nouvelles. Certaines -absentes de la version originelle- font une apparition clairement plus notable ; c’est le cas des Pionniers et chars lance-flammes, dont les animations s’accompagnent d’effets pyrotechniques flamboyants (peut-être un peu trop d’ailleurs ?). Nombre d’unités blindées, surtout hongroises, rejoignent les ordres de bataille ; Toldi et Turan principalement mais également des Nimrod et leur redoutable canon Bofor L60 de 40mm, pendant hongrois -certes plus modeste- du 88 allemand !

Côté soviétique, on note la venue inopinée de l’IS-3, monstre -très- tardif mais cependant parfaitement historique et surtout, la version Lend-Lease (ou Prêt-Bail, en français) du char américain M3 Lee, le fameux Honey (surnom affectueux donné à ce blindé par les troupes britanniques de Montgomery opposées à l’Afrika korps de Rommel). Les plus pointilleux auront toutefois noté que le Change log du patch indique -à tort- l’appellation M3 Lee pour la version britannique, alors que cette dernière était plutôt désignée M3 Grant par les Tommies.

Les forces du Reich ne sont pas négligées dans cette mise à jour puisqu’elle touchent quelques nouveaux éléments, comme les troupes de la Panzergrenadiere, aussi présentées en version « élite ». On découvre également -avec intérêt- le Focke-Wulf Fw 190 A-2 ; version mieux adaptée à un rôle de chasseur-bombardier et surtout celle de nombre de lance-roquettes de gros calibre, comme les Wurfrahmen 40, Nebelwerfer 42 de 30cm ou encore, les Raketenwerfer 56. Ces ajouts s’agrémentent de nouveaux effets explosifs variant avec la distance de bombardement (une « fantaisie » bien sympathique, également appliquée aux autres unités d’artillerie traditionnelles).

D’autres unités font une apparition plus discrète mais ce qui importe réellement, au-delà de l’aspect cosmétique et purement ludique de ces additions concerne tout ce qui vient avec elles. En effet, Phobetor aura eu le bon goût d’en profiter pour raffiner encore un peu plus certains aspects du gameplay en rapport avec les troupes et leur recrutement. Il est ainsi désormais possible (voire souhaitable) dans bien des cas, de modifier et choisir la nature des formations que l’on va déployer et ce, dès l’écran de recrutement. Une option permet ainsi d’opter pour un régiment, un bataillon, une brigade ou une division avec, cela va de soi, une indication claire des coûts afférents (+ ou – x crédits indiqués en vert ou rouge, c’est selon).

Cela va encore plus loin puisque de la nature de votre choix dépendra, en toute logique, le coût des remises à niveau en cas de dommages. On retrouve cette évolution des règles dans la façon dont les terrains influent désormais sur lesdites unités, en termes de déplacements. Cela donne un intérêt renouvelé à la nouvelle campagne longue remaniée (Arkhangelsk – Astrakhan). Les plus attentifs remarquerons pour l’occasion l’effort consenti à relooker l’interface, notamment par l’ajout de nombreux pop-up souvent très informatifs. Ce souci de rendre le jeu plus convivial se retrouve un peu partout et, force est d’admettre qu’il apporte un ressenti indéniablement agréable en dépit de certaines lacunes encore déplorables, comme nous allons le voir.

En dépit des nombreux efforts pour valoriser le jeu, on se heurte à des écueils certes peu pénalisants mais néanmoins irritants, surtout après plus d’une année écoulée (depuis notre précédent test).

En termes de retour d’information, Germany at War pêche encore parfois. D’autres désagréments parsèment toujours le jeu. La touche Tab permettant de passer en revue les unités disposant encore de points d’action, était jusqu’alors vraiment pénible à utiliser car ne discriminant nullement certaines formations ; par exemple, inutile de lister une unité dans l’impossibilité de se déplacer et ne disposant d’aucune cible à portée. Cette négligence est désormais éliminée et c’est tant mieux ! Il n’en demeure pas moins que cette fonction cyclique n’offre toujours pas au joueur l’option d’en écarter certaines temporairement ; fonctionnalité impérative sur les batailles importantes !

Il arrive encore qu’une unité aérienne se rende, à la suite d’un combat perdu. Si on peut imaginer effectivement la reddition de pilotes après un saut en parachute, il n’en demeure pas moins qu’en règle générale l’appareil adverse devrait avoir été détruit dans l’opération hors, ces matériels indubitablement éradiqués n’apparaissent pas dans le décompte des points de victoire. Ce comportement problématique avait pourtant été signalé l’année dernière !

À l’instar du jeu proprement dit, l’éditeur de scénario bénéficie également d’un léger lifting. Rien de très spectaculaire en soi, à l’exception notable de l’affichage des éléments et unités pendant leur sélection. Néanmoins ces retouches, souvent nécessaires donnent un regain d’intérêt à la création, même s’il est clair que le peu de visibilité accordé au jeu ne laisse guère présager l’affluence de scénaristes en herbe. Les options accessibles ici ouvrent pourtant l’accès à des réalisations intéressantes, surtout pour les débutants.

Flamethrower attack
Flamethrower attack
New Units 1-07
New Units 1-07
German Units Remastered
German Units Remastered
Tooltips - PzGren
Tooltips – PzGren
Improved GUI - Tooltips
Improved GUI – Tooltips
Editor-Unit
Editor-Unit

Derniers mots

  • Multimédia : quasi aucun changements au niveau des graphismes, mis à part bien sûr l’ajout de nouvelles unités.
  • Interface : avec cette mise à jour l’interface n’est pas parfaite mais devient nettement plus pratique à utiliser.
  • Gameplay : quelques améliorations notables grâce aux unités supplémentaires et à des variations dans les scénarios.

Qui aime bien châtie bien, cela va de soi et l’on peut s’agacer de retrouver, en dépit d’un travail de corrections et améliorations non négligeable, certaines anomalies persistantes. En l’état et c’était déjà le cas avant la sortie de ce patch 1.07, Germany at War demeure cependant un excellent wargame, à mi-chemin des ténors du genre parus récemment et des jeux moins ambitieux mais nettement plus accessibles au commun des joueurs. Ce patch introduit nombre de petites touches, souvent peu discernables (c’est regrettable !) mais qui valorisent encore un produit déjà fort recommandable. En constatant la bonne volonté et l’implication évidente manifestée par le studio Phobetor, on ne peut qu’être confiant en attendant de probables futurs additions et, qui sait, un second volet, à ce qui pourrait devenir une série à succès ?

Infos pratiques

Date de sortie : juillet 2013 – N.B. : la version 1.07 testée ici date de novembre 2015.

Éditeur / Studio : Matrix Games / Slitherine – Phobetor

Site officiel ; fiche chez Phobetor ; fiche chez Matrix

Prix : 19,99 € (téléchargement) ; 29,99 € (boîte + téléchargement).

En complément de cet article concernant donc surtout la nouvelle version du jeu, lisez aussi notre précédent test de Germany at War – Barbarossa 1941.

Échelle unités : Division ; bataillon ; régiment ; brigade. Jeu en anglais uniquement. Version française prévue ? Aucune.

Version testée : v1.07 sur Windows 10 Pro – AMD 8350 FX @ 4,2GHz – RAM 16 Go – eVGA GTX760 SOC 2 Go.