Sorti en septembre dernier, Thirty Years’ War est la dernière incursion du prolifique Ageod dans l’histoire militaire. Cette fois ci, le studio se penche sur un conflit original et méconnu, celui de la Guerre de Trente Ans qui ravagea le Saint Empire au XVIIème siècle à l’âge des tercios et des mousquetaires. Pour quels résultats ?

Quelques mots, tout d’abord, pour présenter Ageod et son (épais) catalogue à ceux qui ne les connaîtraient pas encore (voir aussi cet interview). Studio français ayant rejoint ces dernières années le groupe Matrix – Slitherine, Ageod est un développeur expérimenté ayant déjà réalisé de nombreux wargames à succès tels Birth in America, American Civil War, Civil War 2, To End All Wars … la liste est longue ! La recette du succès ? Un moteur adaptable, des jeux faciles à prendre en main mais complexes à maîtriser.

Thirty years’ War s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Que les habitués ne s’attendent à aucune surprise : il n’y en a pas. Sous le capot, que du familier. Toujours un jeu en tour par tour à résolution simultanée avec des tours d’une échelle d’un mois (pour ce titre). Pas de franches nouveautés non plus dans le gameplay. On ne change pas une recette qui gagne.

Entrons un peu plus dans les détails. Graphiquement, le jeu est une réussite, comme quasiment toujours chez Ageod. L’interface utilisée est celle en vigueur depuis Civil War 2, laquelle m’avait paru terne et sans âme. Elle en garde les qualités et les défauts, mais un effort certain a été fait pour l’enjoliver. Tons ocre / bois, imitation parchemin et autres petits détails contribuent plus à l’immersion que ce qui fut commis pour Civil War 2.

La carte est honorable, lisible et de bonne facture. Elle couvre la majeure partie de l’Europe, bien qu’en grande campagne seul l’Empire sera vraisemblablement jouable. Les illustrations des unités sont très élégantes, tout comme les portraits et les illustrations diverses présentes dans le jeu. Vieille tradition du studio, l’ambiance visuelle et le plaisir des yeux du joueur sont au rendez-vous. L’ambiance sonore est correcte, la musique étant une fois de plus dispensable.

En plus des trois tutoriels habituels (assortis d’un conséquent manuel de 180 pages), le jeu propose cinq scénarios représentant les grandes phases de la Guerre de Trente Ans ainsi que, bien sûr, une grande campagne proposant de revivre l’ensemble du conflit. Le thème est, surtout pour les vétérans des jeux Ageod, l’intérêt principal de ce jeu. Ce long conflit était une demande récurrente dans la communauté internationale d’Ageod, en témoignent les suggestions répétées sur le forum du développeur.

En France, le conflit est moins connu, éclipsé par les Guerres de Religion du siècle précédent et les guerres de la fin du règne de Louis XIII et celles de Louis XIV. Opposant princes Catholiques et Protestants de l’Empire, entraînant les interventions de plusieurs grandes puissances extérieures à l’Empire, la guerre ravagea l’Empire de 1616 à 1648 et fut fatale à presque un tiers de la population allemande. La paix de Westphalie en 1648 créa l’ordre juridique international qui est encore le nôtre et consacra aussi la toute nouvelle prépondérance de la France Bourbonienne, tard venue dans la mêlée.

Sur le plan tactique et opérationnel, nous sommes à l’époque des tercios, de la pique, des arquebusiers et des premiers mousquetaires, des mercenaires et des sièges. Le moteur a bien évidement été adapté. Le changement le plus visible est bien sûr la grande diversité des unités, entre piquiers, mousquetaires, arquebusiers… De même, le planificateur de combats a lui aussi été légèrement modifié avec des plans de batailles plus pertinents pour cette époque.

Les opérations, comme à l’époque, seront assez lentes : les joueurs seront contraints par les difficultés en ravitaillement, les sièges à mener et l’alternance des saisons. Le tempo sera donc plus modéré que dans d’autres titres (Civil War 2 et To End All Wars, par exemple) : les unités sont moins nombreuses et les contraintes logistiques nombreuses. Que ce soit dans les options stratégiques ou les décisions « régionales », le contexte est bien représenté et l’ensemble des choix semble bien ancré dans la période. La grande campagne offre de même des possibilités avec la variable d’intervention étrangère et les cartes diplomatiques à jouer, afin de simuler les interventions hongroise, suédoise, danoise ou encore française.

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La carte utilisée couvre toute l’Europe. Cependant, seul le Saint Empire sera jouable.
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Les cartes d’unités sont soignées, nombreuses…
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… et variées. De la cavalerie aux mousquetaires, …
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… en passant par les piquiers !
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Les grands chefs de l’époque sont bien sûr présents.

En dehors de cette adaptation des unités et des décisions, quelques détails nouveaux parsèment le jeu. Tout d’abord, les « boites diplomatiques » ou le joueur placera ses « décisions diplomatiques », ce qui ressemble tout de même à ce qui s’est fait pour To End All Wars. La plupart des possibilités diplomatiques sont maintenant des décisions qu’il appartiendra de payer en points d’action. Hélas, ce ne sera pas un problème, ces ressources là ne manquant pas. Autre nouveauté, la possibilité de faire prisonnier des chefs adverses et de pratiquer des échanges éventuels.

Le jeu est en lui-même assez fluide. Malgré un nombre de tours assez important, la grande campagne se joue rapidement (et selon les performances de l’intelligence artificielle, elle peut s’achever prématurément…) tout comme les tours. Le joueur n’est pas submergé d’unités, le tempo des opérations est assez lent et la rareté des ressources rend la gestion des renforts et des constructions assez légère.

Le passage des tours est ainsi très rapide, y compris sur une machine de plusieurs années. Malgré quelques bugs et crashs de jeunesse (et des coquilles en version française!), l’ensemble est donc d’une réalisation solide et d’un gameplay abordable. Ce n’est clairement pas un monster game, malgré ce que la durée du conflit et le nombre de tours de la grande campagne pourraient faire craindre.

A l’usage, la réalisation est donc de qualité et le jeu tient globalement ses promesses. Quelques bémols existent, cependant. Tout d’abord, un certain soucis d’équilibrage : les joueurs nagent dans les points d’action (qui permettent notamment les actions diplomatiques et les décisions régionales) au point de ne pas avoir à choisir et de pouvoir lancer des options tous azimuts. Au contraire, l’argent fait cruellement défaut. D’autres titres avaient déjà ce type de défaut. Espérons que les patches à venir corrigeront ces éléments. L’intelligence artificielle, quant à elle, tient la route pourvu qu’elle soit correctement réglée, mais elle ne pourra pas rivaliser face à un joueur expérimenté qui achèvera la guerre de Trente Ans en bien moins longtemps.

Pour les joueurs expérimentés et habitués au système Ageod, le bilan du titre pourrait être plus mitigé, avec l’impression d’une faible évolution et qu’il s’agit du même jeu avec un habillage « XVIIème siècle ». Il est vrai que les nouveautés sont des détails de gameplay et que certains défauts agaçants de la franchise restent présent (batailles aux résultats parfois saugrenus). Le jeu, pour ceux-là, est donc à réserver à ceux qui veulent s’essayer à cette époque ou aux amateurs invétérés d’Ageod. Cependant, l’absence de nouveautés radicales et sa relative simplicité fait de ce titre un bon premier Ageod pour ceux qui hésiteraient à franchir le pas.

Notons tout de même que même chez un joueur habitué à la gamme d’Ageod depuis des années, du fait de la légèreté du titre et de la rapidité de jeu, il y a un effet « encore un tour » qui est bien présent.

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Le planificateur de bataille, légèrement adapté dans les plans tactiques proposés à l’époque. Je reste dubitatif…
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Les protestants surprennent l’armée Impériale en plein assaut contre Prague et la défont ! Toujours le même écran de résultat de bataille et son lot d’informations !
Notes
Multimédia
80 %
Interface
75 %
Gameplay
70 %
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test-de-thirty-years-warGraphismes : toujours la patte Ageod : de jolies cartes et de jolis portraits pour les chefs et les unités.<br /> Interface : l'interface remplit sa fonction et fournit de nombreuses informations (infobulles). Le manuel est conséquent. Des efforts d'esthétisme ont été fait. Des défauts subsistent cependant... notamment à certaines résolutions d'écran !<br /> Gameplay : un pur produit Ageod. Une simulation solide, une I.A. correcte mais pas grand chose de neuf. Tout dépend donc de ce que cherche le joueur. L'intérêt historique et l'originalité du thème sont les points forts de ce jeu.<br /><br /> Pour conclure, c'est bien évidement le thème de la Guerre de Trente Ans qui est l'intérêt principal de ce titre et Thirty Years War retranscrit assez fidèlement ce terrible conflit. Il faut saluer l'habitude qu'on espère bien enracinée d'Ageod de nous sortir des sentiers battus et rabâchés de la Seconde Guerre mondiale.

3 Commentaires

  1. Bonjour,

    D’après le test il semblerait que le jeu soit « relativement facile », peut-on le considérer comme idéal pour aborder les jeux Ageod ?
    Je cherche le jeu Ageod le plus accessible peut importe le contexte historique.

    • Espana 1936 ne m’avait pas semblé trop compliqué, entre autre car le conflit est d’ampleur assez limitée, cela pourrait peut-être vous convenir. Voyez cet article https://www.wargamer.fr/%c2%adespana-1936-no-pasaran/ . Sinon je pense que Birth of America 2 est un bon choix pour découvrir les jeux d’Ageod, c’était leur premier jeu, le contexte change des thèmes habituels et cette seconde version ajoute entre autres de nouveaux scénarios. Voir cette fiche dans leur boutique http://www.ageod.com/products/360/details/Birth.of.America.2:.Wars.in.America. L’idéal est probablement de faire de petits scénarios pour s’habituer au système. Tout dépend de votre habitude des wargames.

  2. Merci pour toutes ces informations, je pense m’orienter vers l’option américaine.
    Bonne continuation à ce super site :)

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