Bienvenue dans Twilight Struggle, un jeu de stratégie qui vous plonge dans la guerre froide, secouée de retournements imprévus, toujours prête à sombrer dans ce que les stratèges appellent la destruction mutuelle assurée, et ce que le commun des mortels craint sous le nom de guerre nucléaire.
Il s’agit ici de l’adaptation sur PC du fameux jeu de plateau édité par GMT depuis maintenant 11 ans. Ne vous y trompez pas, le jeu n’a pas pris une ride. Les joueurs américains et soviétiques s’affrontent sur un planisphère, tâchant de gagner de l’influence dans les différentes régions de ce monde. Les actions s’effectuent avec des cartes, qui ont une valeur absolue permettant de jouer un nombre équivalent de points d’opérations, mais qui peuvent également être utilisées pour activer un évènement.
Le hic, c’est que si l’on joue une carte contenant un évènement adverse, celui-ci s’active automatiquement. Êtes-vous sûr de vouloir tenter un coup d’état pro-américain en Iran, s’il vous faut pour cela déclencher la formation du pacte de Varsovie, qui mettra l’Europe de l’Est à la merci du joueur soviétique ?
Les surprises sont nombreuses dans Twilight Struggle, on est rarement assuré d’avoir atteint quelque chose. Connaître les cartes est bien sur essentiel, aucun joueur américain sain d’esprit ne tentera de prendre pied à Cuba alors qu’il sait que la carte « Fidel » va lui balayer son influence dès qu’elle sera activée. Et pourtant, le joueur parfaitement instruit sur les cartes ne pourra jamais qu’estimer approximativement la main de son adversaire. Les coups bas sont de mise pour garder une avance en points de victoire. Les bons joueurs tentent de se débarrasser à peu de frais des évènements ennemis les plus inquiétants, et encourent pour cela des risques qui peuvent tout aussi bien retourner la partie.
Il y a plusieurs possibilités de victoire : gagner aux points en cours de partie ou au décompte en fin de partie, forcer son adversaire à déclencher une guerre nucléaire, ou contrôler l’intégralité des pays « battleground » (champs de bataille) en Europe lors d’un décompte. En effet, chaque région du monde est divisée en pays normaux et en battlegrounds, des pays d’importance stratégique. La plupart des points de victoire s’amassent en contrôlant plus de battlegrounds et de pays en général que son adversaire dans une région particulière. Une carte déclenche un décompte, et c’est là que le rapport de force est important.
Plus la domination est claire, plus de points de victoire sont attribués à un joueur. Les détails sont importants, et un évènement puissant comme « gouvernements socialistes », qui réduit l’influence américaine en Europe de l’Ouest, peut avoir un effet dévastateur si un décompte a lieu rapidement – ou tout simplement embêter un peu l’autre joueur, s’il a le temps de regagner le terrain perdu avant un décompte.
Le portage PC ne présente pas de défauts majeurs. Les cartes optionnelles sont présentes, il est aussi possible de jouer des scénarios alternatifs (grande campagne avec option guerre civile chinoise, campagne de fin de guerre). L’automatisation des phases de jeu est pratique car rapide et impitoyable sur l’application des règles. L’interface pèche un peu par son manque de clarté lorsque des cartes sont jouées, les animations sont trop rapides et l’on est forcé d’aller voir un clic plus loin le résumé du tour adverse pour bien se rendre compte de ses actions.
Avantage majeur de la version PC, les joueurs se trouvent facilement. L’IA est correcte et permet d’assimiler les règles, le vrai défi réside cependant dans l’affrontement en multijoueur. Une fois l’interface un peu bancale du multijoueur comprise, la recherche d’adversaires s’opère avec une grande facilité. On voit clairement la partie proposée (camp aléatoire ou défini, options activées ou non, durée maximale du jeu) et l’on rejoint rapidement la partie que l’on veut.
La communauté est très active, des parties se trouvent également en semaine et à des heures improbables, même si bien sur l’offre est plus grande le week-end. Si l’on considère l’énorme popularité du jeu de plateau depuis une décennie, on peut espérer que l’enthousiasme ne sera pas de courte durée et offrira également à terme une bonne palette d’adversaires.
Pour plus d’informations sur l’adaptation PC de Twilight Struggle voir cette fiche sur Steam (et cette fiche sur Kickstarter).
Points positifs
- Bonne rejouabilité.
- Facilité de trouver des adversaires en multijoueur.
Points négatifs
- Interface parfois peu pratique.
- Une IA offrant tôt ou tard un défi limité.
- Pas de version française.
Après une dizaine de parties jouées, je suis entièrement d’accord avec tout ce qui est dit dans le test.
Quand on débute, l’IA nous mène quand même la vie dure et ne laisse passer aucune erreur. En tant que soviétique, jouez la carte CIA alors qu’on est en DEFCON 2 et vous verrez aussitôt l’IA vous rendre responsable du déclenchement de la guerre nucléaire avec ce tout petit point d’action que vous lui avez malheureusement autorisé.
Elle est aussi capable de feinter, faisant mine de dispuster l’influence sur un ou deux continents pour brouiller ses intentions, et de finalement dévoiler une carte de score portant sur une autre zone où elle a acquis l’avantage par de petites interventions discrètes. Ou bien de déclencher un décompte de score sur une zone dès le début du tour si elle estime ne pas avoir les moyens d’y améliorer sa situation.
Je tiens à souligner aussi, qu’en plus de la mécanique des cartes et évènements, c’est aussi un jeu de positionnement subtil. Bien choisir les régions où vous allez investir votre influence permettra non seulement de rendre un secteur plus résistant ou coûteux aux contres adverses, mais aussi de restreindre fortement les possibilités de celui-ci.
J’avoue avoir plutôt négativement noté le comportement de l’IA qui consiste à ne pas se concentrer sur une région, même quand elle a une carte scoring en main. Le jeu indique quelles cartes scoring pourraient encore tomber sans devoir remélanger les cartes, et en général, on sent un peu venir l’action d’un autre joueur, qui s’occupe tout d’un coup d’une région délaissée.
C’est subjectif bien sur, car les parties que j’ai jouées voient plutôt la tendance d’une « bataille pour une région différente à chaque tour » dans les grandes lignes, et où chaque OPS a une grande valeur, ce qui empêche de répartir ses efforts. Il y a sûrement aussi des adversaires qui forcent à une autre stratégie!
sympa en effet, je viens de me goinfrer une vingtaine de parties contre l’IA depuis une semaine… en l’occurence l’iA est convenable, et si elle pèche forcement dans les combo (elle fait rarement une séquence vicieuse de plusieurs cartes, comme un joueur), elle est vraiment pas mal sur l’optimisation des cartes au coup par coup, et se débrouille très bien sur les points d’action militaire (en 20 parties je ne l’ai pas vu prendre un seul point de victoire pour n’avoir pas fait assez de coups d’Etat… ce qui m’arrive souvent…
Le joueur soviétique est assez avantagé pour les points d’action militaires, du moins quand on bourrine comme et se retrouve toujours très vite en Defcon 2 …
Merci pour cet article…
Ben à défaut de voir un jour une version plateau en vf, je crois bien que je vais craquer sur cette vo sur PC….
Vu les difficultés qu’il y a eu avant de sortir cette version, je pense qu’une version digitale ou physique en français est en effet loin de voir le jour.
il y a déjà eu une VF (ratée) du jeu de plateau, et il y en aura une (réussie) dans le futur (j’ai participé à la traduction)
Pourquoi ratée la VF du jeu de plateau ?
maladroitement traduite, qui n’utilisait pas la version deluxe et avec des soucis de qualité de matériel. la nouvelle VF devrait arriver dans les prochains jours.