Nous avons pu essayer le futur 4X de Slitherine prenant pour cadre Warhammer 40000, et les passionnés de ce fameux univers peuvent se rassurer. Si bêta oblige le jeu comporte encore certains défauts flagrants, ce Gladius – Relics of War semble en très bonne voie d’offrir une base solide sur laquelle bâtir. De quoi permettre aux joueurs de conquérir librement, pour l’Empereur de préférence, des planètes perdues aux confins de l’espace connu. Et de plus d’y guerroyer quasi à l’échelle planétaire.
Tout d’abord précisons que les développeurs de Proxy Studio n’en sont pas à leur coup d’essai. En effet c’est à eux que l’on doit le 4X Pandora (voir cet article), qui si il n’avait pas forcément marqué tous les esprits n’en posait pas moins de bons mécanismes de jeu, y compris au niveau des batailles. Un point qui dans un 4X n’est pas forcément essentiel, mais qui dans Warhammer 40000 n’est pas un détail !
En ce qui concerne l’échelle du jeu, en résumé celle-ci est à peu près de l’ordre du continent. Les cartes générées aléatoirement peuvent être, comme dans Civilization, modulées par de nombreux paramètres. Une très bonne chose pour qui veut justement affiner sa partie.
Concernant la taille, vous aurez donc cinq tailles, deux relativement petites, pour des parties à l’évidence plus rapides, une relativement moyenne, pour des parties plus conventionnelles, et deux plutôt grandes, pour des parties plutôt épiques. Cela dit, c’est un petit défaut quand même, ou disons plutôt un regret, le jeu ne modélisera pas une planète entière. C’est à dire que chaque carte représentera plutôt une grande masse terrestre (avec plus ou moins de zones maritimes) équivalent à un continent. Cela ne gène en rien le bon fonctionnement du système, mais on aurait quand même apprécié un théâtre d’opération à l’échelle planétaire (comme dans le futur Phoenix Point). Passons.
Le premier défaut qu’on remarquera rapidement est l’impossibilité de choisir des factions spécifiques, un chapitre de Space Marines précis, les Ultramarines par exemple. Selon les développeurs, des extensions pourraient évidemment explorer cette possibilité, mais de nouvelles factions / races sont d’abord la priorité. Si il sera certainement vite indispensable d’avoir plus de races à jouer, l’absence de variété au sein des factions est regrettable.
Chaque race a donc un gameplay très orienté par sa description générale dans l’univers de Warhammer 40000. Une bonne idée qui se traduit en jeu par exemple par le fait que les Space Marines ne puissent construire qu’une seule “ville”, une forteresse, mais disposent de fortifications pour exploiter les ressources en dehors du rayon de la ville. Inversement la Garde impériale est elle plus orientée vers la création d’un réseau de villes.
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Un second défaut plutôt agaçant, mais qui quand le système sera bien équilibré devrait être un des avantages du jeu, est que la faune et la flore locale posent un réel problème aux conquérants. C’est à dire que tant que vous n’avez pas rassemblé une armée sérieuse et de plus expérimentée, vous êtes susceptible de rencontrer des monstruosités très dangereuses. Cela a pour immédiate conséquence d’inviter à la plus grande prudence pendant la phase d’exploration, et donc de créer une tension amusante et cohérente pour le joueur. Dans cette bêta je suis tombée en début de partie sur des rencontres bien trop dangereuses pour mes unités initiales, mais hormis ce défaut facile à corriger, et qui devra impérativement l’être au risque sinon de gâcher potentiellement les débuts de partie, le principe d’une faune active et plutôt agressive s’insère très bien dans l’univers brutal de Warhammer 40000.
Graphiquement le rendu est très correct. On déplorera peut-être, question de goûts, un aspect trop sombre, avec beaucoup de noirceur un peu partout. C’est probablement un choix pour évoquer une ambiance, vu qu’en fait la planète Gladius a été quasi détruite. Ce ne sont pas les quelques terrains aux couleurs vives, un peu trop fluo même, qui changent cette impression. Et l’ensemble laissera d’ailleurs un sentiment mitigé, mais à nouveau cela ne nuit en rien au bon déroulement du jeu.
La modélisation du terrain implique aussi de fréquentes contraintes en terme de mouvement, tout comme d’ailleurs en terme de lignes de vue. D’où l’intérêt alors de certaines unités plus rapides, ou pouvant voler. Quant aux différents types de terrain, il y en a six a priori, par dessus lesquels se rajoute une dimension climatique (zone tempérée, jungle, arctique, désertique, volcanique).
Concernant les villes et les unités, a priori le rendu est satisfaisant. Pour les unités on retrouvera tous les classiques du jeu, que je ne vais donc pas vous énumérer ici. Pour les villes, celles-ci ont un coeur autour duquel on s’étend peu à peu. Chaque case offre des ressources variables, et il faut donc privilégier par exemple une case donnant un bonus en énergie pour installer un bâtiment produisant de l’énergie. Il n’y a rien de compliqué, ont lit facilement à l’écran les informations nécessaires pour optimiser le développement d’une ville. Un point qui devrait s’avérer très positif, d’autant plus avec les variations de chaque race et la diversité des bâtiments, la plupart de ceux-ci servant soit à produire des unités, soit à produire des ressources.
Concernant les ressources, et donc l’aspect économique du jeu, le principe reste simple. Les quatre ressources principales sont Réquisitions, Énergie, Recherche et Influence. Les réquisitions représentent vos possibilités de recrutement, l’énergie est elle nécessaire pour alimenter certains bâtiments, la recherche permet de progresser dans l’arbre technologique et l’influence est utilisée tant pour étendre son territoire que pour acheter des héros, des reliques / équipements spéciaux (dans certains cas) et utiliser des tactiques bonus.
Typiquement une ancienne ruine donnera un bonus en recherche, des canalisations intactes de Promethium donneront un bonus en énergie, etc. une fois que vous aurez pris le contrôle de ces cases.
L’exploration de la carte permet aussi de trouver pas mal de bonus spéciaux, soit certains sites actifs, soit d’anciens vestiges, le tout étant à la fois très utile et donnant plus vie à chaque partie.
La Loyauté est aussi un facteur intervenant comme bonus pour la production générale. Et la population limite elle l’expansion du territoire d’une ville. Pour les Space Marines la nourriture n’est pas un facteur pris en compte, mais par contre c’en est un pour la Garde impériale. Chaque faction aura donc des ressources plus ou moins privilégiées pour assurer un développement optimal.
La recherche est comme souvent très importante. L’arbre de recherche se découpe en dix niveaux avec chacun six choix, niveaux au fur et à mesure desquels vous débloquerez des unités, bâtiments, doctrines tactiques et équipements variés. Autrement dit vos marines ne pourront pas utiliser de grenades avant que vous ayez découvert la technologie adéquate. Ce type de contrainte artificielle est toujours un peu ennuyante, mais à l’usage on franchit assez rapidement les premiers paliers, et de toutes manières, bonne idée, les unités bénéficient automatiquement des améliorations technologiques. Ainsi en début de partie il suffit de patienter un peu le temps d’obtenir un peu plus que le minimum de départ.
Comme de toute façons il vous faudra aussi du temps pour construire vos premiers bâtiments, et produire vos premiers renforts, au début on se focalisera sur une reconnaissance très prudente, j’insiste sur ce point la faune gladienne pouvant être nombreuse et très dangereuse.
Au sujet des batailles, le principe est simple. Chaque unité occupe une case, certaines unités ont des portées de tirs plus ou moins longues et comme toujours il vaut mieux avoir une armée équilibrée. Gladius – Relics of War met l’accent sur les héros, qui peuvent d’une part bénéficier de compétences spéciales souvent assez utiles, et d’autre part utiliser des reliques et autres équipements hors du commun. C’est un aspect très amusant du jeu, surtout que ces héros ne sont pas immortels. Or comme toutes les unités gagnent automatiquement en expérience, et donc en puissance de combat mais aussi, pour les héros, en puissance des compétences spéciales, les héros s’avèrent vite à la fois le fer de lance, soit en attaque, soit aussi en soutien majeur, mais ils sont aussi une faiblesse si on parvient à les éliminer. Il faut donc bien prévoir leur positionnement et ne pas hésiter à les faire se replier si nécessaire, mieux valant sacrifier une unité secondaire plutôt qu’un héros expérimenté.
La résolution des combats est assez simple, une unité peut attaquer avant ou après avoir bougé (avec dans ce cas pour certaines un malus). L’unité ciblée peut contre-attaquer immédiatement, amenant le joueur à devoir considérer les pertes sur l’instant et les pertes potentielles que l’ennemi pourra infliger au tour suivant. Le mouvement est un peu plus ennuyant, car on ne peut se déplacer qu’une fois. Par exemple, si une unité peut avancer dans un rayon de trois cases, si vous la bougez de deux, elle perd le point de mouvement restant. C’est probablement une limite pour éviter que le joueur dévoile trop facilement le brouillard de guerre, dans lequel bien sûr des dangers peuvent se tapir.
Pour le reste il faut prendre en compte les caractéristique de l’ennemi, comme par exemple son armure, etc. Avant chaque combat le jeu offre une estimation des résultats, ce qui permettra aux débutants de mieux jauger leurs chances. Et quand une unité est blessée, il suffit de lui ordonner de se soigner, et de patienter le temps nécessaire.
Autre aspect intéressant, le jeu propose un système de quêtes à accomplir avec les héros, système a priori inspiré d’Endless Legend qui permet d’ajouter un peu de narration pour en apprendre un peu plus sur l’histoire du monde de Gladius, ainsi que de fournir des objectifs à accomplir en parallèle de son expansion. Les quêtes étant en outre récompensées par une relique, ce qui est toujours utile pour renforcer un héros.
Sans surprise la diplomatie ne sera pas la raison pour laquelle vous jouerez à Gladius – Relics of War. Le jeu permettra toutefois un système d’alliances de départ pour constituer en quelque sorte des équipes, mais cette dimension est volontairement laissée de coté par le studio et l’éditeur.
Idem pour le commerce, mis à part une option pour acheter parfois de l’équipement, les différentes factions ne commercent pas entre elle. Et idem pour la culture qui n’intervient pas dans le jeu (sauf la culture physique dans la Garde impériale et chez les Orks, bien sûr). Nous sommes dans l’univers de Warhammer 40000, ne l’oubliez pas.
Si l’absence de tels mécanismes peut sembler dommageable pour un 4X, même si de manière générale la diplomatie n’a jamais été le point fort des IA dans les 4X, le jeu compensera avec une idée intéressante pour dynamiser les parties, à savoir des mini-quêtes. Mais aussi le fait de pouvoir combiner les factions comme bon vous semble. Par exemple n’affronter que des Orcs avec une équipe mêlant Space Marines et Garde impériale. Précisons pour ceux qui se demanderaient, à juste titre, pourquoi des Marines se retrouveraient à devoir éliminer des gardes impériaux qu’il y a eu dans l’histoire de l’Imperium des cas, rares certes, heureusement, où la Garde impériale dût être purgée afin d’éviter toute contagion hérétique. De même qu’il est très rare qu’un chapitre de Space Marines soit corrompu, et donc se retourne contre ses frères, il n’est pas inconcevable que sur des mondes isolées exposées à l’impensable, la zizanie se répande dans les esprits moins aguerris.
Quoiqu’il en soit de ces considérations, il est certain qu’au début le jeu va un peu manquer de contenu. Il y aura bien de quoi s’amuser pendant un moment, mais on le devine vite, la diversité et la richesse de l’univers de Warhammer 40000 devront intégrer Gladius – Relics of War sous peine sinon d’enfermer le gameplay dans une inévitable répétitivité. Sur ce point, il est heureux que les développeurs soit impatients de pouvoir ajouter par exemple les Tau, les Tyranides, des Titans et, espérons, le Chaos, les Eldars, plus de chapitres précis de Space Marines, ou que sais-je encore, ce ne sont pas les possibilités qui manquent pour avoir plus de quatre factions.
Voilà pour conclure ce survol du jeu. Bêta oblige on ne peut pas encore affirmer que tout sera réussi, particulièrement l’équilibrage, mais néanmoins le jeu devrait tenir ses promesses, et avec un peu de chance rapidement s’étoffer une fois passé le lancement. J’ajouterai aussi que si l’on peut naturellement chercher à comparer le gameplay avec la référence qu’est Civilization, en excluant certains aspects évident en fait le gameplay est ici plus proche de celui de Warhammer 40 000 – Armageddon. Mais avec la logique d’un 4X en plus, et des graphismes plus modernes.
Pour plus d’informations sur Warhammer 40 000 : Gladius – Relics of War, dont la date de sortie n’est pas encore connue, voyez cette page chez l’éditeur ou cette page sur Steam.
En parcourant cet aperçu je constate à quel point le jeu est calqué sur Pandora. En soi ce n’est pas une critique négative, Pandora n’est pas un mauvais titre mais c’est assez déstabilisant de retrouver tellement d’éléments communs. En espérant ne pas également y retrouver tout ce qui perso m’avait assez rapidement déçu dans Pandora et que tu mentionnes ici, je veux parler des débuts de partie dramatiques où nos pauvres unités faiblardes se font anéantir après qu’une escouade ait malencontreusement détruit un nid de vermines pensant en être débarrassé définitivement. Certaines de ces bestioles sont comme les frelons asiatiques, faut pas venir les emmerder si on a pas la grosse artillerie prête à les dégommer sinon… :o)