Si comme moi les jeux Ageod vous interpellaient sans que vous ayez jusqu’à présent eu le courage de vous y mettre, cet article va par le biais d’une vision débutante du jeu illustrer mon franchissement du Rubicon.
Après une installation facile, le passage en français (directement dans les options), je décide de lire les 164 pages du manuel de règles, en anglais (rappel : Ageod est un studio français…) !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est indigeste. On comprend qu’il y a des piles d’unités, qui doivent être commandées par des chefs de différents niveaux. Il y a aussi des problèmes de ravitaillement, il faut construire des dépôts toutes les 3-4 régions, les unités perdent en cohésion si elles marchent trop. Tous ces facteurs sont calculés automatiquement et définissent une puissance de combat des unités.
Bon, passons au didacticiel vidéo. Il se trouve par ici sur YouTube, mais est en anglais et le narrateur est bien trop rapide, malheureusement. La mode actuelle de privilégier les vidéos à des scénarios de prise en main n’est pas à mon goût.
C’est à ce moment que je passe à un autre jeu en ayant l’impression d’avoir raté quelque chose. Je m’accroche et attaque le 1er scénario sur Waterloo, logique de commencer par la fin… C’est court, facile, sans marine, sans ravitaillement (ou presque) et sur une petite carte. Aurais-je trouvé mon tutoriel ?
La carte représente le Nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas. Elle est divisée en zones. Les commandants les plus élevés apparaissent, mais il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg.
Pour remporter le scénario, il faut gagner des batailles, prendre des objectifs pour hisser notre moral national au plus haut, tout en faisant baisser celui de l’adversaire.
Plan et premier tour
Mon plan de bataille va être le suivant : Les corps de Ney vont s’emparer de la bouche de l’Escaut et remonter vers le Nord en longeant la côte pour menacer aussi bien Bruxelles qu’Anvers.
Pour ne pas laisser le pauvre Grouchy face aux prussiens une partie de la Grande Armée va se diriger vers l’Est tandis que l’autre se positionnera sur la route de Bruxelles (Charleroi). Le but est de détruire les Prussiens et ensuite sur retourner contre les Alliés.
Si la « blitzkrieg » de Ney n’est pas historique, et peut-être insensée, le reste ressemble beaucoup à la réalité. D’ailleurs, pourquoi s’éloigner du plan du plus grand stratège de l’époque ?
Toujours est-il que si je décidais d’attaquer directement Wellington, je crains que les Prussiens ne descendent vers Sedan et son dépôt de ravitaillement en éradiquant Grouchy au passage.
Parlons un peu du gameplay. Différencier les troupes dans les zones n’est pas facile : si vous cliquez sur un chef, les unités dans la zone s’affichent en bas de l’écran. Cette barre permet de réorganiser les unités, mais son fonctionnement n’est pas aisé surtout si la province est surpeuplée.
Le premier tour ne se passe pas comme prévu. En effet, le facteur temps est très important. Chaque tour dure une semaine. Le jeu calcule les mouvements au jour le jour, ainsi si vous désirez emmener plusieurs unités dans la même région s’est facile, mais suivant leur point de départ, les embouteillages, elles n’arriveront pas le même jour. Cela peut-être d’autant plus grave si une force ennemie arrive dans la même zone et qu’un combat soit initialisé. Votre armée peut être défaite par petits morceaux.
Tout cela m’avait échappé ! Je comptais diviser la grande Armée, mais le terrain difficile à l’Est a fait que j’ai envoyé toutes les unités inaptes au combat (chef non activé) avec l’Empereur sur Charleroi et le reste sur Wavre avec un ordre offensif. Pendant ce temps les corps de Grouchy pataugent dans les forêts. Contrairement à ce que je pensais, les Prussiens aussi ont avancé sur Wavre et les combats qui ont eu lieu ont été à mon avantage.
Lors de ces batailles, le joueur n’est pas complètement passif. Il peut décider de son plan de bataille général (donne la priorité à une arme plutôt qu’à une autre), qui peut être orienté par celui de votre adversaire (si votre général est meilleur que l’autre). Ensuite, il existe encore un choix pour peaufiner et c’est parti ! Ne vous occupez de rien, suivant la durée des combats de nouvelles troupes arrivent (marches au canon), enfin l’informatique est là, elle calcule tout !
C’est d’ailleurs la grande force de ces jeux : ils sont très précis, très pointus, mais on ne le voit pas !
Tour 2 : Grouchy va marcher sur Liège, Napoléon va renforcer Bruxelles, tandis que Ney garde l’embouchure de l’Escaut.
Je ne sais pas combien de temps va durer le siège de Bruxelles. Je pense que les Prussiens et les Anglais qui doivent être ensemble vont me tomber dessus.
Tour 3 : Le brouillard de guerre avec la portée de détection réserve bien des surprises. Le gros de l’armée prussienne s’est regroupée avec Wellington et a percé l’aile gauche pour prendre Lille.
Wellington après avoir rendu visite à Ney, qui se retrouve bien seul, se dirige vers le corps de Reille que je vais replier sur Bruxelles. Liège est assiégé, peut-être faut-il finir le corps de Pirch et essayer de reprendre Lille, qui donne des points de victoire à l’adversaire.
De plus, comment se fait-il que la ville soit tombée sans siège ? Question que je ne me suis pas posé à ce moment. Toujours est-il que pour reprendre la cité, il faut détacher beaucoup de monde avec Ney bien isolé.
Je décide d’envoyé Ney sur Brugge pour qu’il s’y enferme et dès que Bruxelles aura capitulé, j’enverrais la Grande Armée. J’envoie quelques Corps de cavalerie vers Lille, ils ne peuvent mener d’action offensive ce tour alors autant qu’ils visitent la région.
Tour 4 : Le scénario est court, il faut peut-être prendre Bruxelles et Liège par un assaut, et pourquoi ne pas avancer sur Anvers ? Ce qui veut dire que j’ai trouvé l’ordre d’assaut et que si j’avais su, je serais déjà en train d’en découdre avec Wellington !
Tour 5 : Comment reprendre Lille, sauver Ney et battre Wellington ? La situation est aussi compliquée que passionnante.
Grouchy va essayer d’éliminer Blücher, qui a remplacé Pirch, Napoléon vient à la rescousse de Ney, ce qui permettra de malmener Wellington. Quant à Lille, c’est trop loin pour y envoyer suffisamment de troupes.
Tour 6 : Grouchy ne pouvait attaquer Blücher, ses généraux n’étaient pas activés, ce n’est que partie remise. Enfin, direction Lille, et regroupement et planification d’une attaque sur Bruges.
Avec 143 de morale national, la partie semble en bonne voie, mais en fait ce ne sera qu’une victoire aux points, rien ne se passant au dernier tour.
Derniers mots
Pour conclure ce rapide récit, on retiendra que pour un débutant le jeu n’est pas évident à manœuvrer. J’ai mis beaucoup de temps à trouver la commande d’assaut. Il est aussi difficile de différencier les troupes dans une province. Ce scénario relativement simple n’abordait pas non plus le ravitaillement, la guerre maritime, le recrutement, les traités et d’autres mécanismes auxquels je ne pense pas.
Bien entendu, tout cela doit être évident pour les habitués, ce qui n’était pas mon cas pour cet essai qui avait justement pour objectif de se placer sous l’angle du néophyte. Comme on le devine, si on arrive à briser la glace, Wars of Napoleon vaut l’effort d’apprentissage de ses mécanismes, sinon on peut se rabattre sur des jeux plus simples, par exemple Victory & Glory que nous vous avions présenté l’année dernière.
Pour plus d’informations sur Wars of Napoleon, voyez cette fiche chez Ageod ou celle-ci sur Steam. A lire également les articles suivants : Wars of Napoleon : le retour de l’aigle et Wars of Napoleon : présentation de Sea Lion.
SDi vous aimez la période, Essayer « Eagles over europe » et « Eagles of battle » sur le site Bellisoft c’est mieux, plus historique, solo ou multijoueur, simple et assez rapide mais très stratégique ou tactique, sans installation puisque sur interface web, et développer de manière pro par des passionnés au sein d’une association Française.
Ah oui Bellisoft avait fait un très bon travail sur ce jeu. J’avais fait quelques parties pendant la beta, et je l’avais trouvé vraiment agréable à manipuler avec des mécaniques vraiment bien trouvées!
Je regrette un peu le modèle économique choisi, sous la forme d’abonnement (certes peu coûteux). Je l’aurais acheté les yeux fermés, mais je ne suis pas sur de trouver suffisamment d’ami pour y jouer régulièrement et justifier même le modique abonnement.
Petite question aussi: sur les captures d’écrans, il ya quand même un peu une impression d’embouteillage des armées et des corps. Est ce que le jeu permet de bien gérer cette concentrations d’unités dans un si petit espace? Par ailleurs (et c’est Eagles over Europe qui m’y fait penser) il y a t il une règle simulant l’encombrement des routes?
La gestion des troupes n’est pas évidente quand il y en a beaucoup dans un petit espace. Pour essayer d’y voir clair, il m’est arrivé de les déplacer dans la zone voisine sans m’en rendre compte. Mais si vous lisez l’article paru dessus sur la gazette, il est signalé que le système de jeu n’est pas adapté à ce scénario.
L’encombrement des routes est pris en compte, mais je ne sais plus comment. De toute façon, c’est géré automatiquement.