Sorti le 3 décembre dernier sur PC, Wars of Napoleon n’est pas le premier coup d’essai du studio AGEod en matière de période napoléonienne, puisque nous avions déjà eu droit à un très bon Les campagnes de Napoléon en avril 2007. Plusieurs années s’étant écoulées, voyons quelles sont les principales caractéristiques de ce nouvel opus.

 

Une modélisation fidèle de l’Europe Napoléonienne

Pour ceux qui ne connaîtraient pas les productions du studio français AGEod, celles-ci se présentent sous la forme de titres fortement inspirés des jeux de plateau, jouables au tour par tour simultané. C’est-à-dire que les décisions prises se résolvent en même temps, lors du passage d’un tour à l’autre. Simples à prendre en main mais très fouillés, ces jeux sont, il faut bien le reconnaître, assez longs à pleinement maîtriser.

Là encore Wars of Napoleon ne déroge pas à la règle. Nous sommes en face d’une modélisation très poussée de l’Europe, de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient, qui offre plus de 4000 cases représentant autant de régions, de villes où vos armées pourront s’écharper. Au fil des jeux, les détails se font toujours plus grands et fins, reproduisant fidèlement les cours d’eau, les routes, le relief et un changement visible à l’écran selon les saisons.

L’échelle du jeu est stratégique et opérationnelle, c’est à dire la gestion globale de la guerre ainsi que le déplacement et le combat d’armées entières. Elle n’est donc et pas tactique et le joueur n’a que peu de prise sur les batailles elles-mêmes, sauf quelques décisions générales sur la manière dont les soldats doivent se comporter (choc frontal, préparer la retraite etc).

Les troupes sont représentées par des unités plus ou moins vastes (bataillons, brigades, divisions…) sous forme de pions avec le dessin qui leur correspond et leur nom, même chose pour les généraux qui les commandent. Donc pas de petites escouades, mais de quelques centaines d’hommes à des dizaines de milliers, et plus.

Or, je le disais, la prise en main est très simple : en quelques clics on navigue entre les menus pour prendre des décisions, recruter des troupes, les déplacer sur la carte, zoomable et dézoomable à l’envi. D’utiles raccourcis nous guident dans les onglets à notre disposition et le jeu est fluide, même si le chargement des tours peut être assez long pour les scénarios les plus importants.

Pour l’ambiance sonore, on retrouve des musiques d’époque, surtout françaises, qu’on peut couper et les options générales offertes au joueur sont nombreuses. Il n’y a qu’à comparer avec les autres productions d’AGEod d’il y a quelques années pour mesurer le chemin parcouru.

La guerre sous tous ses aspects

Je veux dire par là qu’il y a beaucoup à prendre en compte et de nombreuses choses à gérer. Si l’on dispose de troupes d’entrée de jeu, on doit recruter ses futures unités, veiller à ce qu’elles soient ravitaillées et bien commandées, il faut les déplacer, les faire combattre et retraiter si besoin est… Il est possible d’en prêter à ses alliés et j’en passe.

De plus le jeu gère une nouvelle fois les affrontements navals, les débarquements, les sièges, les promotions des généraux, les guérillas. Or celles-ci furent importantes à l’époque, notamment en Espagne ou dans le Tyrol, deux régions révoltées contre les Français et où des chefs comme Andreas Hofer leur menèrent la vie dure.

Wars of Napoleon révèle tout le travail de recherche entrepris par son équipe : nous avons droit à plus de 400 portraits de généraux avec leurs noms, les unités sont fidèlement représentées et modélisées. Ainsi leur uniforme n’est pas fantaisiste, il change durant la partie si cela a été le cas historiquement, par exemple les Français adoptèrent une nouvelle tenue dite « Bardin » à partir de 1812-1813, plus économique.

Bien sûr, il faudra un certain temps avant de saisir les nuances entre les différentes unités de cavalerie, d’infanterie ou d’artillerie disponibles, qui sont très nombreuses. Les puristes seront enchantés de retrouver des canons côtiers, la garde impériale française, des cuirassiers ou les vaisseaux de ligne britanniques.

Les troupes sont organisées en divisions, corps d’armée et armées, avec leurs chefs respectifs. Ces nouveautés de l’époque révolutionnaire et impériale, grandement françaises, permirent une souplesse d’utilisation encore jamais atteinte auparavant… Et expliquent que les ennemis de la France vont avoir du mal à la contrer durant les premières années de jeu, ces raffinements n’arrivant que peu à peu chez eux.

C’est par exemple la terrible défaite subie par la Prusse en 1806 qui l’amena à réorganiser son armée, avec les apports français. Or, elle fut bien plus efficace en 1813-1815 et porta l’estocade finale, le 18 juin 1815… On peut donc, par le biais de décisions, réformer ses structures vieillissantes et augmenter son efficacité.

De plus le joueur devra veiller à avoir ses coffres et magasins remplis, surveiller les lignes de ravitaillement et ses dépôts, de manière à pouvoir recruter et entretenir ses vastes armées. S’il n’y a pas de chemin de fer à gérer comme dans d’autres jeux de la série, avoir suffisamment de chevaux va se révéler là important, notamment car les cavaliers sont les yeux et les oreilles de vos armées. Gare également à être surpris loin de toute ville ou lieu de ravitaillement en plein hiver, surtout en montagne ou dans l’est de l’Europe ! Souvenez-vous de la retraite de Russie.

 

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Le scénario uchronique. Trafalgar n’a pas eu lieu et Napoléon a pu débarquer sur les plages du Sussex !
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L’armée prussienne en 1806. Un peu étonnant de voir la reine Louise ici… Elle fut certes va-t-en-guerre mais de là à commander une armée.
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Ney s’apprête à embarquer et Napoléon bouscule les faibles défenses britanniques.
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Illustration de l’embarquement d’une troupe. Vous noterez que j’ai capturé des batteries côtières ennemies.

 

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Scénario de 1806. Je joue la Russie. En attendant l’arrivée de mon armée, j’assiste, impuissant, à la chute de la Prusse.
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Le Corps de L’Estocq (ou Lestocq), qui se battit bravement à Eylau en 1807. Là il est bloqué en Prusse-Orientale.

Notons aussi que le joueur peut prendre de nombreuses décisions ayant une portée locale ou nationale, moyennant finances bien souvent. Par exemple on peut espionner ou bâtir des fortifications ou encore la France peut annexer tel ou tel territoire allié, ce qu’elle fit avec le Royaume de Hollande en 1810, qui devint des départements français. J’en profite pour dire que les options diplomatiques entre les pays sont plus variées qu’avant, ce qui est une bonne chose car c’est souvent un point un peu faible des jeux de stratégie en général.

Un contenu très vaste

C’est une certitude. Si vous vous investissez un tant soi peu dans le jeu, il va vous occuper de très longues heures. Je pense notamment au scénario « grande campagne », qui court de janvier (ou août, c’est au choix) 1805 à décembre 1815. Sachant qu’un tour représente sept jours dans la réalité, vous pouvez faire le calcul, ou plutôt je vous l’épargne : 527 tours seront nécessaires pour en venir à bout… D’autant plus que vous pouvez le refaire avec une stratégie différente et plusieurs nations, sept au total.

Les inévitables France, Autriche, Russie, Royaume-Uni et Prusse sont de la partie, mais aussi l’Espagne et l’Empire Ottoman, ce que je salue et qui permet de s’intéresser notamment au front turco-russe, actif pendant la grande conflagration que sont les guerres napoléoniennes mais très peu représenté sur nos écrans. Quel stratège en herbe n’a également jamais rêvé de s’emparer de Gibraltar avec l’Espagne ? C’est là chose possible.

A côté de cela on trouve des scénarios bienvenue, d’une vingtaine de tours environ, consacrés à la guerre de 1806-1807 en Prusse et en Pologne, ou à la funeste campagne de 1815 en Belgique, qui s’achève par Waterloo. Ce dernier est moins convaincant, le jeu se prêtant assez mal à l’échelle envisagée. Plus uchronique, et déjà présent dans le précédent volet, un autre scénario commence, lui aussi, en 1805, mais avec un débarquement français réussi en Angleterre ! Voilà de quoi assouvir le vieux fantasme de voir Napoléon prendre Londres…

Si cela est en effet très conséquent, je regrette tout de même qu’il n’y ait pas de scénarios intermédiaires, permettant de débuter la grande campagne en 1807, 1812 ou même des années bien plus difficiles pour la France comme 1813 et 1814. Le défi aurait été intéressant et les configurations différentes pour commencer sa partie, que ce soit avec Napoléon ou ses adversaires.

On aurait aimé aussi des parties centrées sur la terrible guerre d’Espagne, comme Napoleon Total War l’avait fait dans un autre registre, ou pourquoi pas sur la campagne de 1809 qui se termina par Wagram… Peut-être l’objet de futures extensions ? On se prend même à espérer la possibilité de rejouer la guerre de Finlande de 1808-1809, qui la vit passer sous le contrôle du tsar. Amis développeurs, si vous me lisez…

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Le jeu offre beaucoup d’informations à celui qui en désire.
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Wars of Napoleon rappelle que l’armée française a l’ascendant en début de partie.
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L’armée de Bennigsen entre dans la danse.
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Les possibilités diplomatiques, assez nombreuses.
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En vingt longs jours, j’arriverai aux abords de Varsovie. La Pologne n’existe plus depuis 1795.
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En quelques clics, je créé une unité de cavalerie en Pologne prussienne.
Notes
Multimédia
75 %
Interface
80 %
Gameplay
85 %
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wars-of-napoleon-le-retour-de-laigleGraphismes : comme toujours chez Ageod, la carte, les portraits et les pions sont très soignés.<br /> Interface : soignée elle aussi, et assez efficace, elle permet dans l'ensemble une prise en main rapide.<br /> Intérêt du jeu : Wars of Napoleon offre une simulation très complète à l'échelle stratégique des guerres napoléoniennes, une très bonne référence pour les amateurs de cette période riche et complexe.<br /><br /> Pourtant ne boudons pas notre plaisir. Au final nous nous retrouvons avec un jeu une fois de plus très complet, qui a fait l’objet de vraies recherches historiques. Certes, on peut le trouver parfois d’apparence austère et il est long d’en connaître toutes les ficelles. De plus, les vétérans de son « grand frère » de 2007 peuvent trouver certains changements mineurs. Néanmoins pour peu qu’on persévère, on se retrouve avec un « jeu total » sur l’époque napoléonienne, jouable qui plus est par PBEM et en français, malgré quelques maladresses de traduction et retours sous Windows intempestifs dans mon cas. J’ajoute que, comme pour ses autres jeux, le studio met à jour son titre et communique facilement dessus sur les forums dédiés. A vos claviers et souris !

3 Commentaires

  1. bonsoir,
    Vu l’impossibilite reelle de jouer une campagne sans crash ou sans soucis divers et variés, on se demande si le testeur
    a fait plus que juste mettre en route ??
    le fait que des patchs sortent juste pour empecher le jeu de planter severement avec la version de base (1.00) demontre clairement
    que ce jeux est sorti bien trop prematuremment et on se deùande si les beta testeurs ont vraiment joué plus de dix tours de campagne !??
    Certes ageod tente de desamorcer le probleme en collant quelques patchs mais l’ambition de l’editeur n’est pas à la hauteur de la realisation.
    sorti beaucoup trop tot pour des raisons commerciales sans vraiment pesner aux joueurs qui se retrouvent à etre des beta testeurs de fait pour
    un jeu qui aurait ou etre genial mais se trouver buggé (meme si c’est moins qu’auparavant) d’une part et avec des erreurs de scripts aboutissant a des
    soucis dans la maniere de faire la paix.
    Si j’achete une voiture, ce n’set pas pour la ramener au garage deux heures apres car les portes se detachent ou le moteur ne demarre pas (en gros, c’est WoN)
    Sinon, il va falloir attendre que, peut-etre, le jeu s’ameliore et je vous garanti que si j’etais americain, j’envoyais ageod au tribunal pour avoir deliberemment
    vendu un jeu injouable.
    bref, cela me fait penser au jeu napoleonien tres tres tres tres vieux wargame napoleon 1813 : c’etait GENIAL mais bien buggé et au final, mort.
    Là, certes, ageod veut faire du patch mais coller le joueur en beta-testeur, c’est une veritable honte.
    Reste a esperer que ageod fera une amelioration de son jeu sinon, ce sera encore un jeu avec de fortes possibilites mais baclé (je parle de la sortie. 2 mois au moins de vrai beta testing aurait ete un minimum).

    Pour finir positivement, certes, les wargames sont bien superieurs a ceux de matrix mais IA est toujours aussi d’uine debilie grave.
    DONC EN RESUME ;
    attendez un peu que les bugs disparaissent ET SURTOUT ne jouez qu’en PBEM (GB/FR-SP/AU-PR/RU au minimum) et là, le jeu devrait commencer a etre bien
    si vous connaissez empires in arms (et surtout la variante de michael treasure empires in Harms) alors ne jouez vraiment qu’en PBEM.

    Reste a attendre que ageod fasse son boulot ; celui qu’il aurait du etre fait AVANT de publier le jeu

    dommage (pour l’instant). wait and see aurait pu dire wellington

  2. Bonsoir,

    D’une part j’ai mentionné avoir moi aussi rencontré des problèmes (fin de l’article). D’autre part je réaffirme qu’ils ne m’ont pas empêché de jouer et qu’ils n’étaient pas si courants que cela. Cela dit j’ai joué à la version patchée.

    Aussi, relativisons quelque peu. Testez les jeux Beteshda et d’autres le jour de leur sortie… Les problèmes dont vous parlez ne sont rien à côté de ce que j’ai pu vivre dans les Elder Scrolls par exemple.

  3. En ce qui me concerne je passerais mon tour.

    J’ai été assez « déçu » par Civil War 2 et son extension dans le sens où j’ai l’impression de ne me retrouver qu’avec trop peu d’évolutions par rapport à AACW pour le prix que ça ma coûté. D’autant que même avec une balle de guerre comme PC, ce nouveau moteur graphique rame sans pareil chez moi contrairement à l’ancien.

    To End All Wars était par contre fort bienvenu, et j’y passe de nombreuses heures avec son thème passionnant !

    Si je me suis rué sur Civil War 2 et son extension (je ne regrette pas pour autant), je suis aujourd’hui un peu mitigé sur ces versions 2.0 d’anciens titres Ageod vu leurs tarifs. Me rendant compte que ce qui me fait revenir sans cesse vers un de leurs nouveau titre reste l’originalité et la nouveauté des conflits et périodes traitées. Et ces derniers temps entre la Rome antique, la guerre d’Espagne, la révolution de 17 et la première guerre mondiale …. on a été gâtés.

    Mais honnêtement j’ai de plus en plus en de mal à rester sur ce nouveau moteur développé qui se permet de constantes petites saccades même sur des monstres de puissance.

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